Homélie, mardi, 26ème semaine du Temps Ordinaire

Combien de fois nous sommes-nous étonnés des réponses du Christ dans les évangiles? C’est à nouveau le cas pour le passage évangélique d’aujourd’hui qui souligne la difficulté des disciples à comprendre l’approche de Jésus. C’est une façon nouvelle, radicale et profondément révolutionnaire d’agir et de penser, lorsque comparée à ce qui était d’usage à l’époque.

La réaction impulsive de Jacques et Jean qui veulent exterminer les Samaritains de ce village avec un feu du ciel nous démontre qu’ils réfléchissent encore selon la conception d’un besoin de purification, voire d’un « châtiment de conversion ». Mais Jésus n’est pas dans cette dynamique et c’est pour cela qu’il réprimande ses disciples. Dans le projet du Règne, la violence n’a pas sa place, point. Il y a toujours une alternative ! Il faut faire autrement : aller dans un autre village. Jésus nous invite à faire un détour et à ne pas rester coincés devant le blocage; nous avons intérêt à continuer notre route. Jésus, après tout, n’est pas venu condamner, il est venu donner sa vie pour sauver le monde.

Avec la réputation que Jésus a déjà réussi à se construire dans la société juive de l’époque, il peut aussi être choquant de lire qu’un village de Samaritains refuse de l’accueillir. Cependant, c’est normal. Les samaritains et les juifs ne sont pas en bons termes et le texte nous dit que le groupe se dirige vers Jérusalem. Or, les samaritains sont des juifs mêlés avec les païens qui ne reconnaissent pas Jérusalem et son Temple comme le noyau de leur religion. Malgré tout cela, Jésus a pris la décision de monter à Jérusalem par cette région considérée par les juifs orthodoxes comme impure.

À travers ce récit, l’évangéliste Luc nous montre que l’attitude de Jésus face aux Samaritains propose la réconciliation et la miséricorde, de la même manière que Jean le révèle dans l’épisode avec la Samaritaine (Jn 4, 4-42). Pour Jésus, le véritable Temple de Dieu se trouve dans le cœur des êtres humains. Son cheminement vers Jérusalem le mène vers le salut de l’humanité, analogie de notre propre parcours spirituel. C’est un chemin d’amour et de sacrifice, de refus et d’aveuglement, même de la part de ses propres disciples. D’ailleurs, deux mille ans après, beaucoup de chrétiens ne comprennent toujours pas totalement le projet du Règne et d’autres encore sont loin de le mettre en pratique.

Dans notre itinéraire quotidien comme croyants et croyantes, il est parfois compliqué de traverser les Samaries de nos vies : on n’aime pas faire des détours et on n’aime pas être confrontés au rejet. Cependant, nous devons éviter de tomber dans le piège de l’usage de la violence, quelle qu’en soit la forme, pour résoudre les impasses de la vie. La violence a un impact direct sur les personnes et les choses, mais ne change jamais les esprits en notre faveur ou pour le bien des autres. Seul l’amour est capable de toucher le cœur, d’aller à l’essentiel de la vie et de trouver d’autres possibilités. Il ne s’agit pas de détruire, mais bien de construire ce projet du royaume où le Temple de Dieu est le cœur de chaque personne.

N’oublions pas que dans notre démarche, l’Esprit Saint est le véritable GPS de nos cœurs : il nous indiquera si nous devons faire route autrement. Comme lors d’une conduite en voiture, nous sommes toujours libres de suivre ou pas les suggestions, mais pour bien discerner du choix à prendre, l’amour de Dieu reste notre point de référence : « heureux les miséricordieux, car ils recevront miséricorde! ».

Gustavo Adolfo Garay Ortega

PRIÈRE

Seigneur,
toi qui conduis et protèges ton Église,
nous t’en prions : répands en tes serviteurs
un esprit d’intelligence, de vérité et de paix;
qu’ils discernent de tout cœur ce qui t’est agréable
et l’ayant reconnu, s’y attachent de toute leur force.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.