Henri

ouvrir-nos-portes

Homélie, dimanche, 2ème semaine de Pâques

Nous sommes habitués à nous protéger en utilisant des cadenas : nos portes de maison avec un ou des cadenas très résistants ; nos portes de voiture avec des cadenas électroniques ; nos portes avant ou de garage avec des lumières très éclairantes ; nos portes de gym ou de casier d’école et tant d’autres usages.
Le récit de l’Évangile est le cœur de notre foi chrétienne ; je nous invite à le redécouvrir. Le matin de Pâques, Marie de Magdala, Pierre et Jean ont vu un tombeau vide. Jean dit qu’il a vu et cru et que Marie a eu une apparition de Jésus Ressuscité au jardin. Ont-ils réussi à convaincre les autres disciples ? Il semblerait que non. De toute façon, les disciples semblent avoir une autre préoccupation, un souci plus pressant : assurer leur propre sécurité. Ils ont peur de leurs coreligionnaires : si on a tué Jésus, pourquoi ne tuerait-on pas aussi ses disciples ? Alors ils ne quittent plus la maison qu’ils occupent. Et non seulement ils ne la quittent plus, mais ils s’y enferment. Les disciples de Jésus ont verrouillé la porte du lieu où ils se trouvaient par peur des Juifs comme des citoyens le font aujourd’hui dans plusieurs pays en situation de conflit ou de guerre. Actuellement, que feriez-vous comme chrétiens au Nigéria ?
Dans ce lieu où on ne peut les rejoindre, Jésus Ressuscité apparaît une seconde fois à ceux qui avaient été là à sa première apparition et il leur montra ses mains et son côté, ce qui les remplit de joie, car le Ressuscité est le même que le crucifié. Thomas avait été absent peut-être parce qu’il était allé chercher de la nourriture pour le groupe ; Judas était mort et un autre devait s’en occuper. Lorsque ses compagnons lui annoncèrent que le Seigneur est venu, il n’a pas cru. Réaliste, il voulait toucher les plaies. C’est huit jours plus tard que Jésus vint à nouveau. À l’invitation de Jésus de toucher ses plaies, Thomas n’y touche pas. Il avait vu le Ressuscité et il a cru. Il est devenu un croyant.
Thomas le retardataire, ce n’est pas à lui qu’on fera croire ce qu’il n’a pas vu. Ce qu’il a vu, c’est Jésus crucifié et enfermé dans un tombeau. Pour répondre à sa demande, Jésus déverrouille les cœurs de ceux qui étaient tenaillés par la peur et Il invite Thomas à s’approcher et à toucher ses plaies. Mais ce dernier n’en a pas eu de besoin. Il va même plus loin que ses amis, car il a été le premier à reconnaître en Jésus « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est la parole de Jésus qui provoque la profession de foi de l’incrédule. Comme Thomas, personne parmi nous n’a vu le Ressuscité ; nous faisons partie de ceux qui ne recherchent pas de preuves de la résurrection, nous faisons partie de ceux qui n’ont pas vu mais qui ont cru.
Comme Jésus Christ a pu rejoindre les disciples dans leur maison verrouillée, il peut nous rejoindre dans tous nos enfermements. L’apparition de Jésus Ressuscité fait accéder les disciples à la liberté. En disant « La paix soit avec vous ! » à ses disciples, le Fils de Dieu affirme que sa vie, son message, sa mort et sa résurrection sont le signe de la paix et de l’amour réconciliés entre Dieu et nous, entre nous et Dieu.
Le danger est toujours actuel : comment affronter les moqueries d’un monde qui se croit intelligent, d’un monde qui attaque Dieu, l’Église, les chrétiens, les paroisses ? Nous voyons bien qu’il n’est pas facile de vivre sa foi dans le monde d’aujourd’hui, comme au Nigéria. La tentation est grande de se replier dans des ghettos et de rester entre nous. C’est ainsi qu’on essaie de tenir devant l’orage. Nous nous trouvons vite désemparés dans ce monde étranger au message de la foi. Nous pourrions penser que dans cet océan d’indifférence, il n’y a plus rien à faire.
À Pâques et aujourd’hui, le Christ nous rejoint pour nous libérer de cette peur. Par « la Paix soit avec vous », Il ne blâme pas les Apôtres de ce qu’ils ont fait, de leurs mouvements de « sauve-qui-peut ». Son pardon est contenu lorsque Jésus leur fait la grâce de leur apparaître. Cette paix du Christ, le chrétien en est porteur pour ses frères. Nous sommes appelés à devenir des porteurs d’amour. Tout chrétien est sujet de la miséricorde de Dieu, ce que nous nous rappelons en ce dimanche de la Divine Miséricorde. Comme le dit Dieu par le prophète Isaïe : (1 : 18) « Même si vos péchés sont rouges comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige. » Quelle confiance de Dieu en nous pour partager le pardon et l’eucharistie avec amour à nos frères et sœurs !

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