Prédication, 2e samedi du temps de l’Avent

Quand on lit les textes d’aujourd’hui, on a l’impression d’entrer dans un univers de feu. Ben Sira décrit le prophète Élie comme une sorte de flamme vivante : « Sa parole brûlait comme une torche. »

Et dans l’Évangile, les disciples demandent à Jésus : « Pourquoi dit-on qu’Élie doit revenir d’abord ? » Jésus leur répond qu’Élie est déjà venu… et qu’on ne l’a pas reconnu. Les disciples comprennent alors qu’il parlait de Jean le Baptiste.

Deux personnages, deux époques, mais un même style : des paroles qui dérangent, des messages qui secouent, des voix qui refusent la tiédeur.

Élie et Jean : des prophètes qui ne laissent personne dormir. Élie, dans la Bible, c’est le prophète qui fait tomber le feu du ciel.

Jean le Baptiste, lui, c’est celui qui crie dans le désert : « Changez de vie ! Réveillez-vous ! Quelqu’un arrive, et vous ne le voyez pas ! »

Leur langage est rude, intense, presque brutal. Pas pour faire peur, mais pour réveiller. Parce que parfois, pour sortir quelqu’un de son sommeil, il faut plus qu’un petit coup sur l’épaule.

Dans la vie de chaque jour, ou à l’université, nous sommes constamment bombardés d’informations, de notifications, de deadlines et de projets. On court, on gère, on s’adapte, souvent sans même s’en rendre compte. Pourtant, au milieu de ce tourbillon, une question finit toujours par nous rattraper : qu’est-ce qui me réveille intérieurement ? Qu’est-ce qui met du feu dans ma vie et me fait sortir du mode “pilote automatique” ?

C’est précisément là que la figure d’Élie et celle de Jean le Baptiste deviennent éclairantes. Ils ne sont pas là pour faire peur ou pour culpabiliser. Au contraire, ils nous rappellent que Dieu ne parle pas pour remplir l’air, mais pour allumer quelque chose en nous, pour réveiller ce qui s’endort, pour raviver ce qui s’éteint.

Jésus affirme que Jean était l’Élie attendu, mais que beaucoup ne l’ont pas reconnu. Et c’est peut-être là le cœur du message pour nous aujourd’hui : Dieu passe dans nos vies, mais nous ne le reconnaissons pas toujours, parce que nous sommes distraits, fatigués, absorbés ailleurs. Pourtant, Jean et Élie nous montrent que Dieu n’est pas une idée abstraite ou un concept lointain. Il est quelqu’un qui cherche à nous rejoindre, à travers des rencontres, des événements, des appels intérieurs, et parfois même à travers des crises qui nous bousculent.

Dès lors, une question s’impose : quel feu Dieu veut-il allumer en toi ? Pas un feu qui détruit, mais un feu qui éclaire, qui purifie ce qui t’empêche d’avancer, qui te rend plus vrai, plus libre, plus vivant. Peut-être que ce feu, c’est le désir de bâtir une vie qui a du sens, le courage de changer une habitude qui te tire vers le bas, l’appel à t’engager pour quelque chose de plus grand que toi, ou encore la soif d’une relation plus profonde avec Dieu.

Finalement, Élie et Jean ne sont pas seulement des personnages du passé. Ils sont des miroirs qui nous révèlent que Dieu continue de parler aujourd’hui, et que sa parole cherche encore des cœurs prêts à brûler, à s’ouvrir, à se laisser transformer.

Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.

PRIÈRE

Nous t’en prions, Seigneur,
que sainte Lucie, vierge et martyre,
intercède pour nous dans la gloire
et qu’elle ranime notre ferveur,
pour que nous chantions aujourd’hui sa naissance au ciel
et puissions contempler les réalités éternelles.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.