21 novembre 2025
Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?
En cette journée de la Présentation de la Vierge Marie, le frère Daniel Cadrin, nous explique que Jésus fait le choix de que chaque chrétien.ne est appelé.e à faire lorsque vient le temps de choisir entre deux grandes priorités : la famille de sang ou la famille de Dieu.
LIVRE DU PROPHÈTE ZACHARIE (2, 14-17)
Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi – oracle du Seigneur. Ce jour-là, des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur ; elles seront pour moi un peuple, et j’habiterai au milieu de toi. Alors tu sauras que le Seigneur de l’univers m’a envoyé vers toi. Le Seigneur prendra possession de Juda, son domaine sur la terre sainte ; il choisira de nouveau Jérusalem. Que tout être de chair fasse silence devant le Seigneur, car il se réveille et sort de sa Demeure sainte.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (12, 46-50)
En ce temps-là, comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler. » Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Prédication
Devant les foules, Jésus s’interroge : Qui est ma mère et qui sont mes frères ? (Mt 12, 48). Pourtant Jésus a une famille : elle est même là et elle veut lui parler ! Mais il garde sa distance et il opère un déplacement : il appartient à une nouvelle famille.
À l’époque de Jésus, dans son milieu, l’appartenance à la famille est fondamentale ; c’est l’unité sociale de base. Cela a un avantage : tu n’es pas seul, mais entouré ; tu vis une solidarité première. Dans les sociétés traditionnelles et rurales, c’est essentiel. Mais il y a un inconvénient : la pression pour te conformer est très forte et la place pour la liberté personnelle est réduite.
Jésus est en train de bâtir un nouveau réseau, formé de ceux et celles qui attendent le Règne de Dieu. Pour marcher à sa suite, l’appartenance à cette communauté, en développement, devient prioritaire. Elle n’efface pas les autres appartenances, mais elle les situe par rapport à une option première. En cas de conflit, il importe qu’un choix personnel soit fait, un déplacement, pouvant inclure la rupture avec sa famille.
Pour faire partie de la communauté des disciples, le critère n’est pas une position sociale, telle identité familiale, culturelle, ethnique, nationale,… C’est une famille universelle. Ce qui compte, ce qui est commun à tous, quelle que soit son origine, comme Jésus le dit aussi en Luc (8, 21), c’est d’écouter la Parole de Dieu et de la mettre en pratique. Cette nouvelle famille, fraternelle et spirituelle, c’est celle de l’ecclesia, l’assemblée ecclésiale. Sans ce déplacement, le christianisme ne serait jamais devenu une religion universelle. Il aurait été étouffé par les liens familiaux, claniques et autres. Mais la mère et les frères de Jésus, sa famille, ne sont pas exclus de cette communauté. Ils peuvent en faire partie.
La famille a été un lieu majeur pour la transmission de l’Évangile ; on le voit avec les premiers disciples qui ont des liens familiaux, Pierre et André, Jacques et Jean, et la place de ces réseaux dans les premières communautés. Et encore aujourd’hui, ce rôle de transmission demeure. Mais la famille peut aussi devenir un obstacle à la suite de Jésus. Alors il faut oser prendre ses distances, quitter la foule et la famille.
Dans cette position de Jésus, il y a une grande lucidité sur l’être humain, sa nature sociale et grégaire, mais aussi sa capacité de dépasser les frontières, de se donner avec générosité, pour aimer Dieu et le prochain.
Et Marie dans tout cela ? C’est aujourd’hui une de ses fêtes, celle de sa Présentation. Dans les Évangiles, de mère naturelle de Jésus, elle devient peu à peu, comme on la voit cheminer, disciple de Jésus et modèle de l’engagement à sa suite. Ainsi, ce que dit Jésus ne lui est pas étranger, mais lui va comme un gant : Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère.
Fr. Daniel Cadrin, O.P.
PRIÈRE
Puisque nous célébrons la glorieuse mémoire
de la très sainte Vierge Marie,
nous t’en prions, Seigneur,
accorde-nous, à son intercession,
d’avoir part, nous aussi,
à la plénitude de ta grâce.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
