15 novembre 2025
Dévotion, science et prière
En ce jour où nous célébrons saint Albert le Grand, patron des étudiants et des chercheurs, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous invite à le prendre en exemple dans sa curiosité pour les sciences et la vérité ainsi que dans son dialogue incessant avec le Créateur par la prière.
LIVRE DE LA SAGESSE (18, 14-16 ; 19, 6-9)
Un silence paisible enveloppait toute chose, et la nuit de la Pâque était au milieu de son cours rapide ; alors, du haut du ciel, venant de ton trône royal, Seigneur, ta Parole toute-puissante fondit en plein milieu de ce pays de détresse, comme un guerrier impitoyable, portant l’épée tranchante de ton décret inflexible. Elle s’arrêta, et sema partout la mort ; elle touchait au ciel et marchait aussi sur la terre.
La création entière, dans sa propre nature, était remodelée au service de tes décrets, pour que tes enfants soient gardés sains et saufs. On vit la nuée recouvrir le camp de son ombre, on vit la terre sèche émerger là où il n’y avait eu que de l’eau ; de la mer Rouge surgit un chemin sans obstacles et, des flots impétueux, une plaine verdoyante. C’est là que le peuple entier, protégé par ta main, traversa en contemplant des prodiges merveilleux. Ils étaient comme des chevaux dans un pré, ils bondissaient comme des agneaux et chantaient ta louange, Seigneur : tu les avais délivrés.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (18, 1-8)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Prédication
Chers amis, chères amies,
Loué soit Jésus-Christ !
Aujourd’hui, l’Évangile nous présente une veuve tenace, face à un juge injuste. Elle ne lâche rien. Elle insiste. Elle dérange. Et elle obtient justice. Et Jésus nous dit que si même un juge dépourvu de justice finit par céder, combien plus Dieu, qui est juste, écoutera-t-il ceux qui crient vers lui jour et nuit !
Mais attention : cette parabole ne parle pas d’un Dieu qu’il faut fatiguer pour qu’il agisse. Elle parle d’un Dieu qui attend notre prière comme on attend un message d’un ami. Elle parle d’un dialogue. D’un lien. D’une foi qui ne lâche pas.
Et c’est là que saint Albert le Grand entre en scène. Lui, le savant, le philosophe, le théologien, le maître de Thomas d’Aquin. Il a passé sa vie à chercher la vérité, à relier foi et raison, science et mystère. Il a prié avec intelligence, et pensé avec foi. Il a osé croire que Dieu se laisse approcher par la prière… et par l’étude.
Alors, nous qui sommes étudiants, chercheurs, curieux du monde et de Dieu : soyons comme la veuve. Soyons comme saint Albert le Grand. Ayons l’audace de prier, de questionner, de ne pas nous contenter de réponses faciles. Ayons le courage de croire que Dieu nous écoute, même dans le silence. Et que notre prière, comme notre travail, peut devenir un acte de foi. Car Dieu a déjà commencé la conversation. À nous de la poursuivre.
Et cette conversation ne se limite pas à nos mots : elle passe par nos engagements, nos choix, nos combats pour la justice, notre fidélité dans les petites choses. Elle passe par nos lectures, nos chants, nos silences. Elle passe par notre capacité à dire à Dieu : « Je suis là, je continue à croire, même si je ne comprends pas tout. »
La veuve ne demande pas un miracle. Elle demande que le jugement soit mis en œuvre. De même, nous ne demandons pas à Dieu de recommencer ce qu’il a déjà accompli en Jésus-Christ. Nous lui demandons d’en faire sentir les fruits dans nos vies : la paix, la force, la lumière, la joie.
Et si parfois nous doutons, si parfois nous avons l’impression que Dieu se tait, souvenons-nous que la prière persévérante est déjà une réponse. Elle est déjà une victoire. Elle est déjà un signe que la foi est vivante.
Alors en ce jour, fête de saint Albert le Grand, patron des étudiants et des chercheurs, demandons-lui d’intercéder pour nous. Qu’il nous aide à unir intelligence et foi, rigueur et espérance, prière et audace.
Amen.
Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.
PRIÈRE
Dieu de puissance et de miséricorde,
éloigne de nous, dans ta bonté, tout ce qui nous arrête
afin que sans aucune entrave, ni d’esprit ni de corps,
nous accomplissions d’un cœur libre ce qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
