14 novembre 2025
L'inéluctable retour
Aujourd’hui, devant les réponses énigmatiques de Jésus concernant le retour du Fils de l’Homme, le frère Daniel Cadrin, O.P., nous invite à contempler l’aspect dramatique de la vie humaine, même dans son quotidien, et à rester vigilant.
LIVRE DE LA SAGESSE (13, 1-9)
De nature, ils sont inconsistants, tous ces gens qui restent dans l’ignorance de Dieu : à partir de ce qu’ils voient de bon, ils n’ont pas été capables de connaître Celui qui est ; en examinant ses œuvres, ils n’ont pas reconnu l’Artisan.
Mais c’est le feu, le vent, la brise légère, la ronde des étoiles, la violence des flots, les luminaires du ciel gouvernant le cours du monde, qu’ils ont regardés comme des dieux. S’ils les ont pris pour des dieux, sous le charme de leur beauté, ils doivent savoir combien le Maître de ces choses leur est supérieur, car l’Auteur même de la beauté est leur créateur. Et si c’est leur puissance et leur efficacité qui les ont frappés, ils doivent comprendre, à partir de ces choses, combien est plus puissant Celui qui les a faites. Car à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur.
Et pourtant, ces hommes ne méritent qu’un blâme léger ; car c’est peut-être en cherchant Dieu et voulant le trouver, qu’ils se sont égarés : plongés au milieu de ses œuvres, ils poursuivent leur recherche et se laissent prendre aux apparences : ce qui s’offre à leurs yeux est si beau ! Encore une fois, ils n’ont pas d’excuse. S’ils ont poussé la science à un degré tel qu’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert plus vite Celui qui en est le Maître ?
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (17, 26-37)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme cela s’est passé dans les jours de Noé, ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme. On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et où survint le déluge qui les fit tous périr. Il en était de même dans les jours de Loth : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais le jour où Loth sortit de Sodome, du ciel tomba une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr ; cela se passera de la même manière le jour où le Fils de l’homme se révélera.
« En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. »
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »
Prédication
Voici des paroles de Jésus qui sont étonnantes. Elles portent sur les derniers temps, sur le Jour du Fils de l’Homme. Deux questions les encadrent. La première, posée par les Pharisiens avant ce discours (Lc 17,20), porte sur le quand : Quand donc le Règne de Dieu va-t-il venir ? Jésus ne répond pas avec une date. Il ouvre les perspectives. Ce Règne est déjà parmi vous (17,21), mais il est encore à venir. Ce ne sera pas immédiat et on ne sait pas quand ce Jour ultime viendra. Mais c’est certain qu’il va venir.
La deuxième question, posée par les disciples après le discours (17,37), porte sur le où : Où donc cela va-t-il arriver ? Là aussi, Jésus ne répond pas avec un lieu. Il offre plutôt un proverbe (aussi en Mt 24,28), avec une image forte et énigmatique, mais qui affirme le caractère inéluctable de cet événement, de cet avènement. S’il y a un cadavre, il est sûr que les oiseaux de proie vont s’approcher.
Alors, sans répondre clairement aux questions spontanées des gens, autant disciples que Pharisiens, qu’est-ce que Jésus présente dans ce discours, entre le « quand » et le « où » qui demeurent ouverts ?
Ce jour du Fils de l’Homme sera soudain et prendra tout le monde par surprise. Jésus procède ici avec un contraste saisissant entre le quotidien et cet avènement. Il intègre plusieurs éléments de la vie : manger et boire, prendre femme et prendre mari, acheter et vendre, planter et bâtir, être dans sa maison et être dans son champ, deux personnes dans un lit et deux femmes en train de moudre,…
Il y a là, en condensé, toute une description des préoccupations habituelles des gens, et de nous encore aujourd’hui. Cela manifeste le sens de l’observation de Jésus. Et c’est dans cette vie même que va advenir, soudainement, le Jour de la grande finale.
Pour enraciner ses appels dans les Écritures, Jésus réfère à des récits et personnages de la Genèse : Noé, l’arche et le déluge ; Lot, Sodome et la pluie de feu. Dans les deux cas, il y a péril mortel en la demeure, sous deux formes contrastées, l’eau et le feu. Et Jésus parle de ce Jour comme d’une apocalypse au sens premier : une révélation (17, 30) du Fils de l’Homme.
De ce discours troublant, il ressort que notre condition humaine n’est pas banale, qu’elle porte des enjeux de vie et de mort, par-delà les apparences. L’existence n’est pas qu’une suite d’actions et d’événements sans significations et sans valeurs. Elle comporte une dimension dramatique. Jésus le rappelle. On retrouve ici (cf. Lc 9,24) le paradoxe sur perdre et conserver sa vie : qui perd sa vie la sauve et l’inverse. En ces derniers temps, où le Règne de Dieu se fait proche, mais tarde à venir pleinement, il importe de nous préparer, de nous réveiller et de veiller, de demeurer vigilants.
Qu’est-ce qui peut nous y aider ? Écouter la Parole.
Fr. Daniel Cadrin, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu montres aux égarés la lumière de ta vérité
pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin ;
donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens
de rejeter ce qui est contraire à ce nom
et de rechercher ce qui lui fait honneur.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
