Prédication, 32ème lundi du temps ordinaire

10 novembre 2025

Inévitables scandales

Aujourd’hui, le frère Maxime Allard, O.P., nous présente une piste de réflexion sur l’impact que l’offre et la demande de pardon ont sur le repentir.

Prédication

Triste monde dans lequel des scandales sont inévitables ! À la fin, tout le monde est malheureux, tant la personne scandalisée que celle qui scandalise… Triste monde dans lequel les scandales se multiplient. Mais heureux monde dans lequel les scandales sont dénoncés, dans lequel des hommes et des femmes s’emploient à défaire les occasions de faire chuter un frère, une sœur… Heureux monde dans lequel la personne qui scandalise peut être amenée au repentir sincère… Triste monde, cependant, où tout cela n’est encore qu’embryonnaire, intriqué dans des effets médiatiques ou des logiques de victimisations…

Dans l’histoire de l’Église, les discussions pullulent à propos du scandale, de ses types, de ses conséquences. Mais, toujours, on insiste sur le tissu communautaire mis en tension ou déchiré, sur les liens fraternels brisés. D’où la prise au sérieux à laquelle nous sommes invités devant les admonitions de Jésus : il insiste sur le pardon répété. Cependant, il faut aussi prendre en compte, afin de bien renouer la charité fraternelle, le besoin du repentir. Sans celui-ci, la déchirure continuera, le scandale aussi. En ce sens, Jésus est à la fois réaliste et exigeant. Il prend au sérieux la complexité des relations humaines, les difficultés qu’elles rencontrent et leurs impasses.

On connaît le dilemme de la poule et de l’œuf : qu’est-ce qui vient en premier ? On pourrait croire que la situation est la même entre pardon offert et repentir. Mais il est bon de résister à poser ainsi la question. D’une part, le repentir est un processus qui admet du plus et du moins, du déjà et du pas encore accompli. D’autre part, offrir le pardon, cela s’apprend. La coordination entre la courbe d’apprentissage du repentir et celle de l’offrande du pardon entraîne à envisager les choses autrement.

On pourrait dire : qui répète l’offre de pardon, augmente la possibilité d’une plongée plus intense dans le repentir ; qui plonge de plus en plus dans le repentir améliore l’offre du pardon. En effet, dans bien des cas, le repentir n’est pas encore là. La personne qui a scandalisé ou blessé peut se sentir coupable sans être encore entrée dans la perspective d’une conversion et du regret. Le pardon précédant le repentir peut faire basculer la situation et engager sur la trajectoire de la contrition. Dans d’autres cas, c’est le repentir senti ou espéré à divers signes avant-coureurs qui incitera à offrir le pardon.

L’offre et la demande de pardon se soutiennent. Cette dynamique est possible dans des rapports humains informés par la charité ou, à tout le moins, l’espérant comme un horizon. Le choix évangélique permet de renouer les liens entre les humains. Il déjoue l’enfermement dans les oppositions « ami-ennemis », « victime-bourreau ». Ce choix demeure difficile même avec la grâce miséricordieuse de Dieu. Mais il est possible d’espérer : Dieu a pris les devants en pardonnant, une fois pour toutes, à l’humanité entière en Jésus Christ.

Fr. Maxime Allard, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu ne laisses pas les puissances de la mort l’emporter sur ton Église,
fondée sur le roc inébranlable de l’apôtre Pierre ;
à l’intercession du bienheureux pape Léon,
donne-lui de rester ferme dans ta vérité,
et, sous ta protection, d’être toujours dans la paix.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.