1er novembre 2025
Transformer le monde de l'intérieur
En cette fête de Tous les saints, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous rappelle que le chemin vers la sainteté commence notre identité d’enfants de Dieu et se construit par un attachement aux Béatitudes ou, autrement dit : la réussite du cœur.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN (7, 2-4.9-14)
Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël.
Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! »
Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »
L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT JEAN (3, 1-3)
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (5, 1-12a)
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! ».
Prédication
Frères et sœurs, aujourd’hui en cette fête de Tous les Saints, nous sommes invités à lever les yeux vers le ciel, non pas pour fuir la terre mais pour mieux l’habiter.
Les saints que nous célébrons aujourd’hui ne sont pas des super-héros inaccessibles, ce sont des hommes et des femmes comme vous et moi qui ont pris au sérieux l’appel de Dieu à vivre autrement. Et cet appel, Jésus le formule avec puissance dans l’Évangile d’aujourd’hui, les Béatitudes.
Mais avant de plonger dans ces paroles que nous connaissons par cœur déjà, faisons un détour par la deuxième lecture. Elle commence par une phrase qui pourrait nourrir toute une vie spirituelle : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes ! » Voilà notre identité profonde. Avant d’être étudiants, avant d’être brillants ou fatigués, avant nos réussites ou nos échecs, nous sommes enfants de Dieu. Et c’est à partir de là que tout commence.
Mais cette identité ne suit pas la logique du monde, elle suit la logique de Dieu, une logique qui choisit ce qui est faible pour confondre ce qui est fort, ce qui est humble pour renverser ce qui est orgueilleux.
Dieu ne choisit pas les meilleurs CV, Il choisit des cœurs ouverts.
Il ne cherche pas des gens parfaits, mais des gens disponibles.
Et c’est exactement ce que les Béatitudes viennent révéler. « Heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent, heureux les doux. » Ces paroles, Jésus ne les adresse pas à une élite spirituelle, Il les adresse à une foule, à des gens ordinaires, à vous, à moi, à tous ceux et celle qui veulent vivre autrement. Mais attention, Jésus ne glorifie pas la souffrance, Jésus ne dit pas : « Soyez tristes, soyez pauvres, soyez persécutés » ! Il dit : heureux êtes-vous si, dans ces situations, vous gardez le cœur tourné vers Dieu. Heureux êtes-vous si, au milieu des larmes, vous cherchez encore la lumière. Heureux êtes-vous si, dans un monde qui valorise la performance, vous choisissez la douceur. Heureux êtes-vous si, au lieu de vous venger, vous pardonnez. Heureux êtes-vous si vous avez faim et soif de justice, même quand tout semble injuste autour de vous.
Vous êtes à l’université, vous apprenez, vous explorez, vous doutez parfois, c’est normal. Mais au milieu de vos études, de vos projets, de vos rêves, Jésus vous propose un autre type de réussite, celle du cœur. Pas celle qui brille sur un diplôme, mais celle qui transforme le monde de l’intérieur. Pas celle qui fait du bruit, mais celle qui construit la paix. Pas celle qui écrase, mais celle qui relève.
Les Béatitudes, c’est un appel à devenir des saints, pas dans le sens d’être parfaits, mais dans le sens d’être vrais, d’être alignés, d’être habités par Dieu. Alors en cette fête de Tous les Saints, demandons cette grâce : Seigneur, donne-nous la soif de Toi. Dans un monde qui nous pousse à courir après mille choses, donne-nous de courir vers l’essentiel. Fais de nous des chercheurs de justice, des bâtisseurs de paix, des cœurs purs, des étudiants habités par Ton Esprit. Et que, comme les saints, nous puissions rayonner de Ton amour là où nous sommes, dans nos amphis, nos bibliothèques, nos colocs, nos engagements. Car c’est là, dans le concret de nos vies, que ton royaume commence. Loué soit Jésus -Christ !
Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant,
tu nous donnes de célébrer dans une même fête
la gloire de tous les saints ;
puisqu’une telle multitude intercède pour nous,
accorde-nous ce que nous désirons :
l’abondance de ta miséricorde.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
