Prédication, 30ème mardi du temps ordinaire

Les villes et municipalités du Québec sont à l’heure des choix. Dans les grandes villes, plusieurs listes s’affrontent. Les candidats et candidates à la mairie ont choisi leurs équipes et sollicitent l’appui de l’électorat. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, l’évangéliste Luc nous présente l’équipe de Jésus, ceux qui, avec lui, sont appelés à collaborer au dessein de salut Dieu, à annoncer la Bonne Nouvelle.

Le choix des Douze est présenté par l’évangéliste Luc comme le fruit de la prière de Jésus.

C’est après avoir prié toute la nuit dans la montagne que Jésus choisit les Douze. Parmi eux, les Apôtres du jour, Simon et surtout pour nous, notre saint Jude, notre apôtre d’élection. Ici, le « notre », vous l’avez bien compris, marque l’affection et non la possession puisque, c’est bien connu, saint Jude se montre ouvert et accueillant à toute personne qui se confie à son intercession.

Saint Jude lui-même n’a rien d’exclusif, puisque c’est lui qui, de tous les apôtres, a interpellé Jésus, l’interrogeant : « Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous, et non pas au monde ? ». Jude manifestait ainsi son souci du monde. Sa question nous a valu la magnifique réponse de Jésus, une promesse qui a sans doute fait la joie du saint de l’Espoir : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; alors mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure ». Saint Jude aura été le premier récipiendaire de cette grâce offerte à qui s’ouvre à l’amour de Dieu.

« Nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » : c’est peut-être là la raison pour laquelle saint Jude est représenté avec l’image du Christ sur sa poitrine. S’il était de notre époque, on dirait qu’il avait le Christ « tatoué » sur le cœur. Cette proximité, loin d’être épidermique comme le serait un tatouage, nous assure de sa puissance d’intercession.

Jude s’inquiétait de la diffusion du don de Dieu. La Pentecôte l’aura confirmé dans son désir que l’amour de Dieu soit manifesté à tous, par tout l’univers.

Et Jude lui-même s’y est employé. On lui attribue l’évangélisation de la Judée, de la Samarie et de la Mésopotamie. Il aurait subi le martyr en Perse en compagnie de saint Simon avec qui il est associé aujourd’hui. Chez Jude comme chez tous les Apôtres, la grâce et la mission sont indissociables. Les Douze sont par définition des messagers, des communicateurs. Plus encore, la Parole les brûle, les consomme, les soulève. Elle s’est emparée d’eux pour se diffuser, se transmettre par l’action de l’Esprit en Parole de vie chez qui accepte de l’accueillir. La Parole vit en eux, il n’y a plus de distance et ils feront tout pour combler celle qui existerait encore dans le cœur de ceux et celles à qui elle est destinée.

Saint Jude que nous honorons aujourd’hui travaille inlassablement pour enlever tout ce qui ferait obstacle à ce projet de Dieu. C’est pourquoi il s’est fait une spécialité de l’espérance. S’il est un secteur, un domaine de la vie croyante qui a besoin d’être soutenu, c’est bien celui-là. Une foule innombrable compte sur sa prière et lui voue une confiance inébranlable.

La neuvaine à saint Jude qui culmine aujourd’hui avec la fête du saint de l’Espoir, vient nous redire comme il est bon pour les pèlerins d’espérance que nous sommes, de marcher en compagnie de cet Apôtre qui a lui-même mis ses pas dans ceux du Christ.

Les personnes qui le fréquentent ont trouvé en lui le meilleur compagnon de route, une manière d’être disciple en portant Jésus sur son cœur, comme notre saint. Il porte Jésus et la Bonne Nouvelle, et c’est Jésus Christ ressuscité et son Évangile qui le portent. Nous le voyons marcher avec pleine assurance et nos pas en sont raffermis. Nous le célébrons comme « le plus humble des Apôtres », lui dont le nom arrive à la fin de la liste des Douze et nous apprenons de lui à ne pas rechercher les premières places, à marcher humblement avec Dieu, comme le recommandait déjà le prophète Michée. Il va de l’avant, nous incitant à continuer quel que soit la dureté du chemin. Il manifeste cette ferme assurance de qui espère contre toute espérance. Nous pouvons nous tourner vers lui quand l’horizon paraît bloqué, saint Jude nous indiquera ce passage qui mène à la vie.

Notre saint Jude ne pourrait être le saint de l’espérance s’il n’était pas d’un profond réalisme. C’est pourquoi nous lui confions nos soucis et nos inquiétudes les plus quotidiennes, toutes ces faiblesses et vulnérabilités qui nous font recourir à l’aide de Dieu et à son intercession. Avant que nos prières ne soient exaucées, nos cœurs sont déjà apaisés d’avoir trouvé une oreille compatissante, un regard d’humanité qui rassure, encourage, soutient.

En saint Jude, nous avons trouvé un bon ami. Il figure sur la liste des Douze, alors n’hésitons pas à lui présenter nos listes de demandes. Oui, élisons saint Jude comme notre ami. Il ne nous décevra pas !

Fr. Raymond Latour, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu nous as conduits à la connaissance de ton nom
par la prédication des bienheureux Apôtres ;
fais qu’à l’intercession des saints Simon et Jude,
ton Église ne cesse de grandir en accueillant toujours
de nouveaux peuples de croyants.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.