Prédication, 29ème mardi du temps ordinaire

21 octobre 2025

Patience, patience !

Aujourd’hui, le frère Hervé Tremblay, O.P., nous confronte à deux choses nécessaires du chemin de l’Évangile que nous n’aimons pas beaucoup en Occident : la patience et la servitude.

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Prédication

Je sais bien que la première lecture, de la lettre aux Romains, est théologiquement et spirituellement très riche… Mais il me semble que l’évangile de ce jour a quelque chose de spécial à nous dire à nous aujourd’hui.

Le Seigneur nous dit d’attendre patiemment pour servir le Maître, afin que lui aussi nous serve un jour. Ce n’est pas banal du tout, non ?

Mais nous, en 2025, nous n’aimons pas ça, attendre. En fait, quand est-ce que nous attendons ? Si notre ordinateur nous fait attendre plus de 4 ou 5 secondes, nous nous impatientons et avons envie de le garocher au mur. Si on attend une minute au feu de circulation, on se met à regarder son téléphone. Si l’autobus ou le métro sont un tant soit peu en retard, on se met à chialer et à se plaindre. Il n’y a guère que dans le système de santé que nous sommes des patients pas très patients (excusez le jeu de mots archiconnu).

Le Seigneur nous dit aujourd’hui qu’il y a des choses qui ne viennent qu’avec du temps, avec beaucoup de temps. Comme un fruit qui mûrit lentement. Il y a des choses qu’on ne presse pas, qu’on ne précipite pas, au risque de les bâcler ou de les manquer. Ce sont habituellement des choses importantes. La venue du Seigneur, ou plutôt les venues du Seigneur, nécessitent un cœur ouvert et patient, un cœur à l’affût. Ceux qui sont trop pressés ne voient généralement rien du tout. Si nous ne sommes pas patients, et peu d’entre nous le sont vraiment, il faut le devenir et y travailler… patiemment.

Attendre patiemment ce qu’on désire. Cela me fait penser à l’une de mes passions, l’observation des oiseaux. Quand on essaie depuis longtemps de voir une espèce rare ou difficile à voir, la patience est une nécessité. Quand un oiseau rare fréquente une mangeoire en hiver, il faut bien s’habiller, se préparer à geler et… attendre que l’oiseau veuille bien se présenter. Quand une espèce est difficile à voir parce qu’elle se tient toujours dans les buissons épais, il faut attendre ce court moment où elle va peut-être se laisser voir. Dans ce domaine, la plupart du temps (mais pas toujours), la patience est récompensée. Quelle joie alors de voir enfin l’oiseau qu’on a tellement attendu.

Il y a autre chose dans cet évangile que nous n’aimons pas toujours entendre. Non seulement nous, Occidentaux du 21e siècle, n’aimons pas attendre et patienter, mais nous n’aimons pas non plus nous faire dire que nous sommes des serviteurs. Nous sommes jaloux de notre autonomie, de nos libertés et de nos droits. Or, au fond, c’est bien ce que nous sommes : des serviteurs. Nous servons toujours quelqu’un ou quelque chose.

L’image de l’évangile ce sont des serviteurs du monde ancien, où il n’y avait pas de montre ou de téléphone cellulaire, et qui ne savaient donc pas toujours à quel moment précis leur maître allait rentrer à la maison. Le serviteur devait donc se tenir prêt. Le maître qui frappait à la porte vainement alors que le serviteur s’était endormi n’était pas content de ce serviteur et ne lui faisait plus confiance. Au contraire, le serviteur qui désirait le retour de son maître afin de bien faire son travail en retirait de la joie et de la satisfaction. Le résultat, c’est que son maître pouvait avoir confiance en lui.

C’est pour cette raison que le Seigneur nous fait cette étonnante promesse qu’il sera un jour, lui, le serviteur de ses serviteurs.

Être des serviteurs patients. Hum… peut-être que cela ne nous dit pas grand-chose, même après plusieurs années de vie chrétienne. Mais c’est le chemin de l’évangile. Oui, ça vaut la peine de l’attendre patiemment.

Fr. Hervé Tremblay, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de puissance et de miséricorde,
c’est ta grâce qui donne à tes fidèles
de pouvoir dignement de servir ;
nous t’en prions :
accorde-nous de courir sans que rien nous arrête
vers les biens que tu promets.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.