Prédication, 28ème mardi du temps ordinaire

14 octobre 2025

La puissance de l'Évangile

En cet anniversaire du Prix Nobel de la Paix remis à Martin Lutherking Jr. en 1964, Dominique Laperle, laïque dominicain, nous invite à le prendre en exemple, lui ainsi que saint Paul et la Vierge Marie, dans leur confiance en Dieu, en la justice et en la puissance de l’Évangile.

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Prédication

Le 14 octobre 1964, le monde entier apprenait que Martin Luther King Jr. recevait le Prix Nobel de la Paix pour son combat non violent en faveur des droits civiques et de la dignité humaine. Ce jour-là, l’Évangile prenait chair dans l’histoire contemporaine. Un homme, animé par sa foi chrétienne, osait croire que l’amour pouvait vaincre la haine, que la justice pouvait triompher de l’oppression et que la paix pouvait naître au cœur du conflit construit sur la différence de la couleur de peau.

Cette foi, Martin Luther King ne l’a pas gardée pour lui. Elle était, comme le dit saint Paul, « une force de Dieu pour le salut ». Il n’avait pas honte de l’Évangile, même quand cela lui valait l’humiliation, la prison, les menaces. Il croyait que l’Évangile n’est pas seulement une parole à méditer, mais une puissance à vivre, à incarner dans les choix concrets, dans les luttes pour la dignité, dans les gestes de réconciliation.

Dans l’Évangile de Luc, nous entendons l’ange dire à Marie : « Rien n’est impossible à Dieu. » Cette parole, Marie l’a accueillie dans l’humilité et la confiance. Elle a cru que Dieu pouvait faire naître la vie là où tout semblait stérile. Elle a cru que l’histoire humaine pouvait être transformée par l’intervention divine.

Martin Luther King, lui aussi, a cru que rien n’est impossible à Dieu. Il a cru que les murs de la ségrégation pouvaient tomber, que les cœurs endurcis pouvaient être touchés, que la justice pouvait jaillir comme un fleuve. Sa foi n’était pas naïve, mais radicalement espérante. Elle s’enracinait dans la certitude que Dieu agit dans l’histoire, à travers ceux qui se mettent à son service.

Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, nous met en garde contre le refus de reconnaître Dieu, contre l’idolâtrie qui détourne l’homme de sa vocation. Il parle de ceux qui ont préféré adorer des créatures plutôt que le Créateur. Cette parole résonne aujourd’hui : quelles sont nos idoles modernes ? Le pouvoir, l’argent, l’image, le confort ? Sommes-nous prêts à laisser l’Évangile déranger nos certitudes, nos habitudes, nos sécurités ? Encore ici, comme la lettre aux Romains le dit : « ils se sont laissé aller à des raisonnements sans valeur, et les ténèbres ont rempli leurs cœurs privés d’intelligence ». On peut lier ce passage à celui de Luc qui disait : « vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté »… Quatre ans plus tard, le pasteur Luther King tombait sous les balles d’un assassin qui justement, s’était laissé aveuglé par le mal.

Frères et sœurs, en ce 14 octobre, nous sommes invités à une foi active, une foi qui transforme. Comme Marie, croyons que rien n’est impossible à Dieu. Comme Paul, n’ayons pas honte de l’Évangile. Et comme le disait Martin Luther King en 1963, mettons notre foi au service de la justice, de la paix, et de la dignité humaine. Comme lui, nous rêvons « qu’un jour toute vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair ». Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique. Rêvons de la paix entre les nations de ce monde qui sont en guerre, rêvons de dignité pour les Premières Nations et les personnes qui font face aux indignités de l’itinérance, des dépendances et du rejet. Que l’Eucharistie ravive en nous le courage de croire, d’agir, et d’aimer. Car l’Évangile n’est pas une idée : c’est une force. Une force qui peut changer le monde. Amen.

Dominique Laperle, L.O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de puissance et de miséricorde,
éloigne de nous, dans ta bonté,
tout ce qui nous arrête,
afin que sans aucune entrave,
ni d’esprit ni de corps,
nous accomplissions d’un cœur libre ce qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.