Prédication, 27ème vendredi du temps ordinaire

10 octobre 2025

Une demeure bien gardée

Aujourd’hui, le frère Daniel Cadrin, O.P., décortique la rhétorique de Jésus en réponse aux accusations des pharisiens de guérir au nom de Satan ainsi que les pistes de réflexions qu’il leur laisse à méditer.

Prédication

Ce récit de Luc met ensemble plusieurs éléments : action, réactions, réflexions. Jésus a chassé un démon muet. L’homme libéré s’est mis à parler et les foules s’émerveillent (11,14). Mais certains réagissent autrement : ils accusent Jésus d’agir au nom du chef des démons ou ils le mettent au défi de faire un signe clair, démontrant qu’il agit au nom de Dieu; cette demande de signe reviendra juste après (11, 29-32). Puis, Jésus répond à ces réactions de façon élaborée, avec plusieurs pistes de réflexion.

D’abord (v.17-20), il utilise l’argument de la division, en lien avec le Royaume. Un royaume divisé court à sa perte, dit-il au début; il termine en évoquant le Règne de Dieu qui advient parmi eux. Si Jésus agit par le doigt de Dieu, il est alors le nouveau Moïse, car cette expression est associée à l’action de Moïse (Ex 8,15). De plus, Jésus répond à ses adversaires en les confrontant à leurs propres actions : leurs disciples chassent aussi les démons, alors en quel nom le font-ils? C’est ici un argument ad hominem.

Une autre réflexion suit (v.21-22), portant sur l’homme fort. On change d’image. Il s’agit d’un gardien bien armé protégeant son palais. Mais un plus fort arrive et il perd tout! Ce plus-fort qui le dépouille, c’est le Christ lui-même, combattant les forces maléfiques, qui aliènent l’être humain.

Puis un propos différent et bref (v.23) s’immisce dans le débat. Il met en contraste ceux qui suivent Jésus et ceux qui s’y opposent, le rassemblement et la dispersion. Ce propos peut étonner, car ailleurs (Mc 9, 40; Lc 9, 50) Jésus a dit plutôt le contraire : qui n’est pas contre nous est pour nous. Ici, cette position de Jésus, dans un contexte plus polémique, invite à faire un choix. On ne peut rester neutre face à l’action de Jésus.

En finale (v.24-26), on revient sur l’expulsion du démon. Celui-ci, une fois chassé, peut revenir, et même avec sept autres! Après une errance au désert (lieux arides), qui est, avec la mer, l’habitat naturel des esprits impurs dans la Bible, il retourne en ce logis propre mais vide. Cela dit la fragilité de nos transformations. Rien n’est acquis et il serait risqué de nous vanter de nos victoires. Pour que cette victoire dure, la maison a besoin d’être habitée par l’Esprit. Il ne suffit pas de faire le ménage.

Ces réflexions diverses de Jésus offrent plusieurs portes pour entrer en conversion : bien comprendre les actions de Jésus qui inaugurent le Règne de Dieu, apprendre à les lire; faire des choix, ne pas demeurer indifférent; ne pas s’imaginer que tout est vite réglé; faire confiance en la puissance libératrice de Jésus, plus forte que les forces de mort et de division. Et simplement, oser nous émerveiller devant des gestes de bonté qui s’accomplissent dans nos milieux.

Fr. Daniel Cadrin, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, source de tout bien,
réponds sans te lasser à notre appel :
inspire-nous de discerner ce qui est juste
et dirige-nous pour que nous puissions l’accomplir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.