8 octobre 2025
La prière de Jésus et la nôtre
Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous fait une brève analyse du Notre Père tel que trouvé dans l’évangile de Luc.
LIVRE DU PROPHÈTE JONAS (4, 1-11)
Quand il vit que Dieu pardonnait aux habitants de Ninive, Jonas trouva la chose très mauvaise et se mit en colère. Il fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Eh bien, Seigneur, prends ma vie ; mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Le Seigneur lui dit : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? »
Jonas sortit de Ninive et s’assit à l’est de la ville. Là, il fit une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui allait arriver dans la ville. Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin.
Mais le lendemain, à l’aube, Dieu donna l’ordre à un ver de piquer le ricin, et celui-ci se dessécha. Au lever du soleil, Dieu donna l’ordre au vent d’est de brûler ; Jonas fut frappé d’insolation. Se sentant défaillir, il demanda la mort et ajouta : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. » Le Seigneur répliqua : « Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (11, 1-4)
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Prédication
Saint Luc commence le passage évangélique par une affirmation générale sur la prière de Jésus. On n’y trouve aucune précision de lieu et de temps. « Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière ». Cette formule générale suggère que la prière faisait partie de la vie quotidienne de Jésus, elle était une composante de son être même. Un des disciples de Jésus qui n’est pas nommé – ça pourrait être n’importe lequel d’entre eux, tout comme cela pourrait être l’un d’entre nous – demanda à Jésus « Seigneur, apprends-nous à prier ». Pour souligner la relation entre disciples et maître, une référence est faite à Jean le Baptiste qui a appris à ses disciples à prier. La version de la prière de Jésus que nous donne ce matin l’évangéliste Luc est différente et beaucoup plus brève que celle de Matthieu, qui a été retenue par la suite dans l’Église. Ce matin, dans un souci de brièveté, je ne ferai que trois commentaires.
Le premier, c’est l’utilisation du pluriel « nous » et non pas du singulier « tu ». Cela est déjà présent dans la demande du disciple : « Seigneur, apprends-nous à prier ». Les intentions de la prière se formulent ainsi : « donne-nous le pain », « pardonne-nous nos péchés », « ne nous laisse pas entrer en tentation ». La prière en église a toujours une dimension communautaire.
Deuxième commentaire. La prière s’adresse à Dieu le Père, ce qui suppose une certaine familiarité avec Dieu que l’on ne retrouve pas dans la tradition juive. Jésus s’adresse à Dieu comme un enfant à son papa et il nous invite à faire de même. Cette dimension filiale nous fait entrer dans le dessein d’amour de Dieu. L’amour de Dieu et du prochain est au cœur du Royaume de Dieu. C’est la Bonne Nouvelle du salut que Jésus nous invite à accueillir et à proclamer.
Troisième commentaire. La prière de Jésus se développe en deux temps. Nous commençons par une prière qui nous tourne vers Dieu dans la louange de son Nom et de son Règne. « Que ton nom soit sanctifié, que ton Règne vienne ». Ensuite, ce sont nos besoins qui sont évoqués, à savoir le pain de chaque jour, le pardon de nos péchés et la force de ne pas céder au Mal.
Prier le Notre Père, c’est collaborer au dessein d’amour de Dieu pour sa gloire et notre bonheur.
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant,
dans ta tendresse inépuisable,
tu combles ceux qui t’implorent,
bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ;
répands sur nous ta miséricorde en délivrant notre conscience
de ce qui l’inquiète
et en donnant plus que nous n’osons demander.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
