Prédication, 26ème lundi du temps ordinaire

29 septembre 2025

Le ciel ouvert

En ce jour où nous célébrons les Archanges Michael, Gabriel et Raphaël, Pierrot Lambert, laïque dominicain, nous invite à une réflexion sur la pertinence des textes sur les Anges pour notre foi moderne.

Prédication

« … vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme ».

Pour voir le « ciel ouvert » dont parle Jésus, nous devons sortir du « cadre d’immanence fermé », l’horizon confiné aux réalités terrestres, analysé par Charles Taylor dans L’Âge séculier. Ce cadre d’immanence, il est dans l’air du temps. Nous l’avons intériorisé ; il détermine notre quotidien, notre culture, nos repères critiques.

Les anges se sont absentés de nos campagnes, même si la toponymie de nos contrées les rappelle toujours à notre mémoire. Le temps s’est sécularisé.

Comment accueillir dans ce contexte les passages de la Bible que présente la liturgie d’aujourd’hui? Que peuvent nous apporter ces textes?

En fait, ces histoires d’anges nous concernent profondément. Ces messagers de Dieu qui montent et descendent dans le plan vertical (l’échelle) entre le ciel et la terre élargissent notre vision du monde. Comme un tableau de Chagall, je dirais.

Le monde visible et tangible épuise-t-il la réalité? (Charles Taylor évoque une chanson de Peggy Lee, Is That All There Is?). Peut-être devrions-nous revenir aux « Dialogues du ciel et de la vie » d’Hubert Reeves : les astrophysiciens, déjà, savent nous tourner vers l’infini.

L’univers biblique nous entraîne avec son imagerie dans une grande méditation transcendante. Le ciel s’est ouvert au moment du baptême de Jésus (Lc 3, 21). Les anges qui montent et descendent rappellent le songe de Jacob (Gn 28, 12) qui, en se réveillant, déclare que le lieu où il se trouve n’est « rien de moins qu’une maison de Dieu et la porte du ciel » (Gn 28, 17). La foi est un regard qui transfigure la réalité terrestre.

La vision de Daniel décline l’espérance en une paix universelle qui préfigure Jésus (« Fils d’homme »). Cette espérance est associée dans l’Apocalypse à la victoire de l’archange Michel sur le Dragon, au terme d’un combat entre le Bien et le Mal, un thème qui a inspiré parfois une dérive manichéenne (une séparation du monde entre le royaume de la lumière et le royaume des ténèbres). Mais ici la victoire sur le mal est attribuée au « sang de l’Agneau » : l’agneau, Jésus-Christ, transforme toute existence par un don de soi exemplaire (« si tu savais le don de Dieu », dit-il à la Samaritaine).

Le psaume du jour exprime la gratitude et la reconnaissance du Royaume de Dieu : « Je te chante, Seigneur, en présence des anges ».

Pierrot Lambert, L.O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
avec une sagesse admirable,
tu assignes leurs fonctions aux Anges et aux hommes ;
nous t’en prions :
fais que notre vie soit protégée sur la terre par ceux qui,
dans le ciel,
servent toujours en ta présence.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.