28 septembre 2025
Il faut voir !
En ce dimanche, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous invite à faire attention à ne pas fermer nos cœurs, mais au contraire, à ne pas rester aveugles devant tous les Lazares autour de nous.
LIVRE DU PROPHÈTE AMOS (6, 1a.4-7)
Ainsi parle le Seigneur de l’univers : Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres de l’étable ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ; ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ! C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus.
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TIMOTHÉE (6, 11-16)
Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.
Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à tous les êtres, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une belle affirmation, voici ce que je t’ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ.
Celui qui le fera paraître aux temps fixés, c’est Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (16, 19-31)
En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
« Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
« Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
« Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »
Prédication
Comme nous venons de l’entendre, l’Évangile nous présente un contraste saisissant : celui d’un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, festoyant chaque jour, et celui de Lazare, pauvre, malade, affamé, gisant à sa porte. Deux vies côte à côte, mais séparées par un abîme de regard, d’attention, de compassion.
Était-il nécessaire pour ce riche de faire la fête tous les jours ? Un jour de fête en moins aurait suffi pour sortir Lazare de la misère. Il ne demandait pas grand-chose : juste les miettes tombées de la table. Mais le riche ne le voit pas. Il ne le regarde pas. Il vit dans une bulle d’abondance, imperméable à la souffrance.
La charité commence toujours par le regard. Avant de donner, il faut voir. Avant de tendre la main, il faut ouvrir les yeux. Le gaspillage, lui, est souvent le fruit de notre aveuglement. On jette parce qu’on ne voit pas. On gaspille parce qu’on ne pense pas à ceux qui manquent.
Et Lazare, lui, endure un double drame : celui de sa pauvreté, et celui de devoir contempler l’opulence qui le nargue. Ce n’est pas seulement le manque qui fait souffrir, c’est le contraste. C’est de voir que l’abondance existe, mais qu’elle ne lui est pas accessible. C’est de vivre dans l’ombre de la fête, sans jamais y être invité.
Et vous, chers étudiants, vous qui vivez dans une société où l’on parle de performance, de réussite, de consommation… vous êtes souvent témoins de ces injustices. Vous voyez les inégalités, les exclusions, les solitudes. Peut-être même les vivez-vous. Le message de l’Évangile vous interpelle : quel regard portez-vous sur ceux qui sont aux marges ? Sur ceux qui n’ont pas les mêmes chances, les mêmes ressources, les mêmes soutiens ? Est-ce que je donne ? Est-ce que je partage ? Est-ce que je vois les Lazare de mon campus, de mon quartier, de ma ville ?
Nos poubelles débordent pendant que des frigos restent vides. Nos placards sont pleins pendant que des mains restent tendues. Et parfois, sans le vouloir, nous devenons comme ce riche : absorbés par nos propres fêtes, nos propres projets, nos propres réussites.
Mais attention : l’Évangile ne condamne pas la richesse. Il condamne l’indifférence. Ce qui mène le riche en enfer, ce n’est pas son argent, c’est son cœur fermé. Ce n’est pas ce qu’il possède, c’est ce qu’il refuse de voir.
Finalement, on est riche de notre générosité, et pauvre de notre égoïsme. Dans ce sens, le riche était finalement pauvre. Alors, chers amis, posons-nous cette question : qui est le Lazare à ma porte ? Est-ce un camarade isolé ? Un voisin en détresse ? Un proche que j’ai négligé ? Et surtout : que vais-je faire pour lui ? Amen.
Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
quand tu pardonnes et prends pitié,
tu manifestes au plus haut point ta toute-puissance ;
multiplie pour nous les dons de ta grâce :
alors, en nous hâtant vers les biens que tu promets
nous aurons part au bonheur du ciel.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
