Prédication, 26ème dimanche du temps ordinaire

28 septembre 2025

Il faut voir !

En ce dimanche, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous invite à faire attention à ne pas fermer nos cœurs, mais au contraire, à ne pas rester aveugles devant tous les Lazares autour de nous.

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Prédication

Comme nous venons de l’entendre, l’Évangile nous présente un contraste saisissant : celui d’un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, festoyant chaque jour, et celui de Lazare, pauvre, malade, affamé, gisant à sa porte. Deux vies côte à côte, mais séparées par un abîme de regard, d’attention, de compassion.

Était-il nécessaire pour ce riche de faire la fête tous les jours ? Un jour de fête en moins aurait suffi pour sortir Lazare de la misère. Il ne demandait pas grand-chose : juste les miettes tombées de la table. Mais le riche ne le voit pas. Il ne le regarde pas. Il vit dans une bulle d’abondance, imperméable à la souffrance.

La charité commence toujours par le regard. Avant de donner, il faut voir. Avant de tendre la main, il faut ouvrir les yeux. Le gaspillage, lui, est souvent le fruit de notre aveuglement. On jette parce qu’on ne voit pas. On gaspille parce qu’on ne pense pas à ceux qui manquent.

Et Lazare, lui, endure un double drame : celui de sa pauvreté, et celui de devoir contempler l’opulence qui le nargue. Ce n’est pas seulement le manque qui fait souffrir, c’est le contraste. C’est de voir que l’abondance existe, mais qu’elle ne lui est pas accessible. C’est de vivre dans l’ombre de la fête, sans jamais y être invité.

Et vous, chers étudiants, vous qui vivez dans une société où l’on parle de performance, de réussite, de consommation… vous êtes souvent témoins de ces injustices. Vous voyez les inégalités, les exclusions, les solitudes. Peut-être même les vivez-vous. Le message de l’Évangile vous interpelle : quel regard portez-vous sur ceux qui sont aux marges ? Sur ceux qui n’ont pas les mêmes chances, les mêmes ressources, les mêmes soutiens ? Est-ce que je donne ? Est-ce que je partage ? Est-ce que je vois les Lazare de mon campus, de mon quartier, de ma ville ?

Nos poubelles débordent pendant que des frigos restent vides. Nos placards sont pleins pendant que des mains restent tendues. Et parfois, sans le vouloir, nous devenons comme ce riche : absorbés par nos propres fêtes, nos propres projets, nos propres réussites.

Mais attention : l’Évangile ne condamne pas la richesse. Il condamne l’indifférence. Ce qui mène le riche en enfer, ce n’est pas son argent, c’est son cœur fermé. Ce n’est pas ce qu’il possède, c’est ce qu’il refuse de voir.

Finalement, on est riche de notre générosité, et pauvre de notre égoïsme. Dans ce sens, le riche était finalement pauvre. Alors, chers amis, posons-nous cette question : qui est le Lazare à ma porte ? Est-ce un camarade isolé ? Un voisin en détresse ? Un proche que j’ai négligé ? Et surtout : que vais-je faire pour lui ? Amen.

Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
quand tu pardonnes et prends pitié,
tu manifestes au plus haut point ta toute-puissance ;
multiplie pour nous les dons de ta grâce :
alors, en nous hâtant vers les biens que tu promets
nous aurons part au bonheur du ciel.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.