20 septembre 2025
Ils ont su entendre
En ce jour où nous commémorons les martyrs coréens, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., explore avec nous la parabole du semeur à la lumière de leur foi et de leur sacrifice.

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TIMOTHÉE (6, 13-16)
Bien-aimé, en présence de Dieu qui donne vie à tous les êtres, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une belle affirmation, voici ce que je t’ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui le fera paraître aux temps fixés, c’est Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs ; lui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (8, 4-15)
En ce temps-là, comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole : « Le semeur sortit pour semer la semence, et comme il semait, il en tomba au bord du chemin. Les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout. Il en tomba aussi dans les pierres, elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité. Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent. Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » Disant cela, il éleva la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Il leur déclara : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre.
Voici ce que signifie la parabole. La semence, c’est la parole de Dieu. Il y a ceux qui sont au bord du chemin : ceux-là ont entendu ; puis le diable survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés. Il y a ceux qui sont dans les pierres : lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment et, au moment de l’épreuve, ils abandonnent. Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité. Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance. »
Prédication
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui l’Église fait mémoire des martyrs coréens et elle nous invite à contempler leur fidélité à la lumière de l’Évangile selon saint Luc. Dans la parabole du semeur, Jésus décrit quatre terrains, quatre façons d’accueillir la parole de Dieu. Ces terres ne sont pas lointaines : elles sont en nous. Elles reflètent nos dispositions intérieures, nos combats, nos choix.
La première image est celle du bord du chemin. On peut comprendre que parfois nos cœurs sont comme un sentier battu : la Parole y tombe, mais elle reste en surface. Elle est vite emportée, sans racine, sans effet. Cela nous parle de l’oubli spirituel, de l’inattention, de cette vie où Dieu est relégué à la marge. Dans notre quotidien saturé d’informations et de distractions, ne sommes-nous pas parfois ce sol dur, imperméable à la grâce?
La deuxième image, c’est la pierre : il arrive que l’on accueille la parole de Dieu avec enthousiasme, mais notre foi ne résiste pas aux vents contraires. Dès que surgissent les épreuves, elle se dessèche. C’est la foi sans profondeur, celle qui ne s’est pas laissé transformer. Les martyrs coréens, eux, ont affronté la souffrance avec une foi enracinée. Leur exemple nous interroge : notre foi tient-elle bon quand elle est mise à l’épreuve?
Ensuite, l’image des ronces : il arrive parfois que le cœur qui accueille la parole de Dieu semée a nous est fertile, mais encombré. Les soucis, les ambitions, les plaisirs exagérés étouffent la parole. Elle ne peut croître. Ce terrain nous ressemble souvent : nous voulons Dieu, mais nous voulons aussi tout le reste. Les martyrs ont choisi Dieu avant tout. Leur vie nous invite à faire le tri, à désherber notre cœur pour que la parole y respire.
Enfin, la bonne terre : la bonne terre c’est quand nous accueillons la parole avec sincérité, avec une volonté de nous laisser transformer par cette parole. La bonne terre ce sont les cœurs ouverts, disponibles, fidèles. Les martyrs coréens ont été cette terre féconde. Leur témoignage, gravé dans l’histoire, continue de porter du fruit dans l’Église.
Alors, frères et sœurs, quel sol sommes-nous aujourd’hui? La Parole est semée, sans cesse. Elle attend notre oui, notre disponibilité, notre engagement. Devenons cette terre qui écoute, qui prie, qui agit. Demandons à l’Esprit-Saint de labourer notre cœur, de l’ouvrir à la lumière, de le purifier des ronces.
En célébrant les martyrs coréens, nous ne célébrons pas seulement leur passé : nous accueillons leur héritage. Que celui-ci nous pousse à vivre notre foi avec courage, à semer l’amour là où règne l’indifférence, à porter du fruit là où tout semble stérile.
Que le Seigneur nous donne la grâce d’être une terre vivante, féconde, fidèle. Saint André Kim Tae-Gon et ses compagnons, priez pour nous. Amen.
Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as voulu que, par toute la terre,
se multiplient tes enfants d’adoption,
et tu as fait que le sang des saints martyrs André
et ses compagnons
devienne une magnifique semence de chrétiens ;
accorde-nous d’être fortifiés par leur secours
et de progresser toujours à leur exemple.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.