Homélie, vendredi, 4ème semaine du Temps Pascal

16 mai 2025

Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie !

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., nous explique la confusion des disciples de Jésus et de tous ceux qui le côtoyaient alors que celui-ci tentait de révéler son identité, sa mission et sa réelle connexion au Père et au monde.

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Homélie

À quelques reprises, l’Évangéliste Jean nous sert, sorti de la bouche de Jésus, un « je suis » solennel dans lequel Jésus déclare son identité profonde, voire sa divinité. Un Jésus que d’aucuns ont du mal à recevoir, lui préférant celui qui est passé en faisant le bien, en tout semblable à nous, proche des pauvres, des pécheurs et des exclus.

Un des auditeurs du long discours de Jésus, Thomas, a jugé bon d’interrompre son Maître pour l’interroger sur le chemin qu’il entendait prendre. Quel chemin ? Et pour quelle destination ? se demandait légitimement ce disciple qui n’y voyait plus trop clair, tout habitué qu’il était à ce Jésus qu’il côtoyait familièrement. La réponse à sa question lui a valu une triade de « je suis », à l’effet encore plus déstabilisant que les propos mystérieux que Jésus tenait plus tôt. « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », affirme Jésus, en y mettant même une accentuation : « Moi, je suis… » Une telle prétention n’a sans doute été comprise qu’après l’Événement de la Résurrection qui a mis en lumière la personne de Jésus qui, de son vivant, avait été si méconnue de la part des « habitants de Jérusalem et de leurs chefs », comme le souligne Paul dans la première lecture que nous avons entendue. Ils ont condamné à mort celui qui était « le Chemin, la Vérité et la Vie ». En refusant le Chemin, ils ont choisi le mensonge et la mort.

Paul, en prêchant le Christ ressuscité, propose à ses auditeurs juifs de sortir de leur impasse. Il le fait de façon assez frontale, en terminant sa confession de foi par une citation du psaume qui revient à déclarer que Jésus est Fils de Dieu. Un chemin de conversion s’ouvre à eux.

Comment à notre époque, les gens en viendraient-ils à discerner en Jésus le Chemin, la Vérité et la Vie ? Il faut bien avouer que ces trois réalités sont plutôt malmenées de nos jours. La recherche de sens est tout empreinte de relativisme : chacun son chemin ! La Vérité, qui peut la détenir ? À chacun sa vérité ! La Vie même n’a plus ce caractère sacré. À chacun sa vie ! Comment Jésus peut-il être audible aujourd’hui quand il déclare « personne ne va vers le Père sans passer par moi » ? Il est en concurrence avec beaucoup d’autres incontournables de nos sociétés modernes, comme le signalait le Pape Léon : on lui préfère « d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir ». Pourtant, soutient-il, le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de Lui comme pont pour être rejoint par Dieu et par son amour ».

La question de Thomas portait sur le chemin. Jésus aurait pu se contenter de dire, « Moi, je suis le Chemin », laissant entendre que c’est par lui, par son mystère de Mort et de Résurrection, que s’accomplira la communion entre ses disciples et son Père, ultime but du chemin. C’est parce qu’il est le révélateur du Père, qu’il connaît le Père, qu’il s’autorise aussi à se proclamer la « Vérité », laquelle ouvre à la Vie véritable.

Selon le regard que l’on pose, chaque membre a une place prépondérante : le chemin donne l’accès au Père ; la Vérité pour sa part occupe le centre de l’énumération tandis que la Vie en figure comme l’aboutissement. Aucun des membres de cette triade ne peut en être retiré. Il n’y a pas de surenchère. Les trois éléments sont reliés, indissociables. Ils désignent à la fois Jésus comme voie de salut, Révélateur du Père et source de vie pour tous les croyants et croyantes. Jésus, l’Incontournable chemin, vérité et vie : voilà ce à quoi la foi pascale nous conduit. N’est-ce pas aussi ce que notre monde recherche ?

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
à toi nous devons le salut et la liberté ;
écoute la voix de ceux qui te supplient ;
tu les as rachetés par le sang de ton Fils :
qu’ils puissent vivre de toi
et se réjouir de trouver en toi un abri pour toujours.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.