Homélie, lundi, 4ème semaine du Temps Pascal

12 mai 2025

Celui qui passe par la porte...

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à lire l’évangile du jour à la lumière des circonstances actuelles, entre-autre le fait que l’Église a maintenant un nouveau berger qui cherche à la guider, malgré les temps incertains, vers le Christ.

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Homélie

Pour décrire son rôle et sa mission, Jésus a régulièrement utilisé des images empruntées au monde rural de son époque. Celle de berger de brebis est l’une de celles-là. Mais dans l’épisode évangélique du jour, Jésus renvoie à l’enclos, entouré de clôtures plus ou moins élevées, dans lequel on regroupait les brebis pendant la nuit afin de les protéger contre les bêtes sauvages et les voleurs. Ce type d’enclos comprenait une porte que le gardien de nuit n’ouvrait qu’au pasteur des brebis. Le matin, le pasteur passait par cette porte pour mener ses brebis dans les pâturages et, en fin de journée, il passait de nouveau par cette porte pour les ramener au bercail. Cette façon de faire était connue par tout le monde en Israël, au temps de Jésus, et pas seulement par les paysans, mais aussi par les habitants des petites villes et même de Jérusalem.

Or, Jésus a retenu cette image pastorale pour faire voir à quel point les pharisiens étaient de réels opposants à son projet de faire entrer les croyants, tout particulièrement les gens en recherche spirituelle, dans la vraie famille de Dieu. Ces pharisiens étaient, à ses yeux, des faux-guides et des aveugles. D’ailleurs cette tension entre l’attitude miséricordieuse de Jésus à l’endroit des gens du peuple et le légalisme religieux étroit et étouffant des pharisiens n’a fait qu’augmenter tout au long du ministère de Jésus. Ces pharisiens ne menaient pas le peuple dans les pâturages nourriciers capables de le faire vivre. Bref, ils ne le menaient pas au Dieu de la Vie, au Dieu qui pardonne et accueille généreusement les pécheurs. C’est en regard de cette évaluation que Jésus va tenir à clarifier son rôle : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. (…). Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. (…). Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10, 9-10)

En lisant aujourd’hui ce texte, il peut être intéressant de prendre en considération les journées d’échange et de réflexion que les cardinaux du monde entier ont tenues, à Rome, après la mort du pape François. De toute évidence, les cardinaux n’ont pas alors fait que dépouiller les « curriculum vitae » des candidats qui, parmi eux, avaient les convictions et les compétences pour assumer la lourde responsabilité de prendre les rênes de l’Église catholique. Ils se sont sans doute donné la peine d’identifier les défis que l’Église aura à relever au cours des années à venir. Chose certaine, ils ont sûrement posé leur regard sur les différentes régions du monde où les catholiques sont, soit présents, soit qualifiés d’indésirables, ou encore carrément persécutés. Les rapports avec les autres Églises chrétiennes ont sans doute été examinés de même que les positions diverses des membres des religions non-chrétiennes à l’endroit du catholicisme. Ils se sont ainsi donné un portrait de la dynamique spirituelle et religieuse de notre monde. Car c’est en fonction du monde actuel qu’ils ont eu à choisir un confrère cardinal à qui confier la succession de Pierre. Comme Jésus l’a fait en Israël, ils ont dû identifier non seulement les réalisations évangéliques de l’Église, mais les adversaires — institutionnels surtout — qui vont s’opposer, par divers moyens, à toute entreprise d’évangélisation. Une telle analyse était importante pour que l’Église catholique fasse des choix éclairés et judicieux dans le but de continuer à proposer le Christ Jésus partout dans le monde. Car c’est lui, le Christ Jésus, qui est venu « pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance ».

Au cœur de ce contexte marqué par l’incertitude, sachons reprendre les paroles des disciples immédiats de Jésus : « À qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». (Jn 6, 68) Faisons-le en nous appuyant sur le fait que des femmes et des hommes de différents pays du monde reprennent actuellement ces mêmes paroles : « À qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
parfaite lumière des bienheureux,
tu nous as donné de célébrer sur la terre les mystères de Pâques ;
nous t’en prions,
accorde-nous la joie de ta grâce en plénitude
dans les siècles éternels.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.