Homélie, samedi, 2ème semaine du Temps Pascal

3 mai 2025

Dévoiler le visage du Père

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous rappelle que le meilleur moyen d’inviter Dieu dans nos vies est de suivre et imiter Jésus, répandant son amour autour de nous.

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Homélie

Faire l’expérience de Dieu, éprouver sa présence au plus intime de sa vie, être capable de lire sa présence dans des événements marquants de l’histoire contemporaine : ce sont là des aspirations spirituelles qui habitent le cœur de bien des chrétiens et chrétiennes. Dans le contexte actuel, au moins une minorité de baptisés adultes qui s’investissent dans leur communauté chrétienne et dans leur milieu social expriment l’une ou l’autre de ces aspirations. Il n’est cependant pas sûr que beaucoup d’entre eux aient le sentiment d’être comblés, car la présence de Dieu dans nos vies est mystérieuse. Elle n’est pas toujours facile à discerner. Dans l’épisode évangélique du jour, nous entendons l’apôtre Philippe exprimer devant Jésus son insatisfaction. Ne dit-il pas à son maître : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » ? De toute évidence, il n’avait pas réussi à lire, à partir des paroles et des gestes de Jésus, le visage du Père. Et pourtant Jésus affirmait : « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». N’ajoutait-il pas : « Celui qui m’a vu a vu le Père » ?

La voie pour découvrir le visage du Père est pourtant bien tracée : il faut se tourner du côté de Jésus. Grâce à lui, nous pouvons accéder aux traits essentiels du visage de Dieu. Par exemple, quand Jésus nourrit le peuple qui a faim (cf. Jn 6, 24-50), quand il refuse de condamner la femme adultère (cf. Jn 8, 1-11), quand il renverse les tables des vendeurs au Temple (cf. Jn 2, 13-25), quand il guérit des lépreux, il manifeste le vrai visage du Père. En étant attentifs aux gestes et aux paroles de Jésus, nous assistons en quelque sorte au dévoilement de ce visage. C’est logique, car il existe une intimité sans limite entre Jésus et le Père. En effet, Jésus parle et agit au nom de son Père de sorte que ses paroles et ses œuvres ne sont pas les siennes, mais celles du Père. Retenons ces mots : « (…) Le Père qui m’a envoyé m’a ordonné lui-même ce que je devais dire et enseigner. » (Jn 12, 49)

Ce propos de Jésus nous fait saisir que tout être humain est assuré de la bienveillance miséricordieuse de Dieu. De fait, Dieu enveloppe chacune et chacun de nous dans sa tendresse. Les baptisés que nous sommes savent, dans la foi, qu’il se fait présent au plus intime de nos vies, qu’il cherche à établir une communion avec chacune et chacun d’entre nous. C’est dire que l’aspiration à éprouver sa présence, surtout celle de savoir lire cette présence dans la vie de l’Église et dans le monde présent est tout à fait normale et légitime. Bien sûr, il y a un écart prononcé entre, d’une part, les expériences mystiques tout à fait extraordinaires d’une Thérèse d’Avila, d’une Catherine de Sienne ou d’une Marie de l’Incarnation et, d’autre part, les cheminements dans la foi de la majorité des croyants et croyantes. Ces femmes mystiques ont été des privilégiées. À retenir cependant que c’est avant tout pour leur amour du prochain et les services rendus à l’Église et aux sociétés dans lesquelles elles ont vécu qu’elles ont été reconnues et admirées.

Présentement, au sein de nos communautés chrétiennes, nous rencontrons bien des baptisés qui souhaitent ardemment que l’Évangile éclaire de plus en plus leur vie et qui désirent, en conséquence, que Dieu les habite de manière à les rendre capables de témoigner de son amour pour notre humanité. Ils le pressentent, c’est sur ce chemin qu’ils découvriront le visage de Dieu…même si c’est avec la lenteur qu’a connue l’apôtre Philippe.

Sachons retenir que c’est en nous faisant les imitateurs de Jésus que le visage de Dieu deviendra accessible aux croyants et croyantes que nous sommes. Puisse l’Esprit Saint nous accompagner sur cette route qui mène à une communion grandissante avec Dieu !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu nous réjouis chaque année
par la fête des apôtres Philippe et Jacques;
à leur prière,
accorde-nous d’être associés à la passion
et à la résurrection de ton Fils unique,
afin de parvenir ainsi à te contempler pour l’éternité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.