Homélie, vendredi, 2ème semaine du Temps Pascal

2 mai 2025

Que de signes à interpréter !

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à rester attentifs aux signes de Dieu à travers Jésus et le monde et, dans un contexte d’évangélisation, à savoir répondre aux divers questionnements qui peuvent se présenter à nous.

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Homélie

L’évangéliste Jean nous rappelle régulièrement que Jésus a proposé beaucoup de « signes » pour illustrer la nature du salut qu’il tenait à apporter au peuple. Le miracle de la multiplication des pains est l’un de ces signes. Malheureusement, une majorité des personnes présentes à cet événement n’ont pas vraiment saisi la véritable portée du geste que Jésus avait posé. Ces personnes l’ont avant tout interprété, ce geste, dans une perspective étroitement politique. Elles se sont laissé guider par leur aspiration à voir le peuple juif accéder à une libération de l’emprise économique et politique de l’Empire romain. Elles ont compris que Jésus avait le prestige, la puissance et la crédibilité pour entraîner les gens à sa suite et mener le peuple à une victoire. Mais c’était là une lecture très restrictive de ce que Jésus voulait apporter. La dimension spirituelle était absente ou étouffée. Face à une telle attitude, Jésus s’est éloigné. Il ne voulait pas que sa mission soit réduite à un salut d’ordre politique. Comme le dit l’évangéliste : « Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul ». Il ne s’est pas laissé enfermer par les aspirations spontanées du peuple.

Nous le constatons, Jésus s’est régulièrement buté à l’aveuglement spirituel des personnes qui l’ont fréquenté. N’est-ce pas ce qu’il a rencontré chez les pharisiens, les scribes et même chez ses propres apôtres ? En effet, ces derniers réussissaient peu ou fort difficilement à interpréter les signes que Jésus leur donnait à travers ses guérisons et son enseignement. Finalement, nous avons le sentiment que c’est à la lumière de sa résurrection qu’ils ont finalement saisi l’ampleur du salut qu’il apportait. Pourtant, ce signe de la résurrection, bien des baptisés qui se sont éloignés de l’Église au cours des dernières décennies ne le prennent plus en compte. Leur insouciance spirituelle fait qu’ils ne se laissent plus interpeller par les signes de Jésus ou les signes que les communautés chrétiennes essaient de donner de la fécondité de l’Évangile.

Si tel est le cas, comment les chrétiens et chrétiennes peuvent-ils aider les gens à sortir de leur torpeur spirituelle ? À ce sujet, je lisais dernièrement la réflexion d’un scientifique chrétien qui affirmait que les gens qui se disent sans religion rencontrent pourtant, dans leur vie, bien des signes qui devraient les surprendre et les secouer. Parmi ces signes, il relevait des découvertes scientifiques récentes qui pourraient, normalement, mener à une démarche spirituelle. Entre autres, il rappelait que le télescope James Webb a remis en question une portion de notre représentation commune de l’univers. Ce dernier serait beaucoup plus ancien que nous le pensions, bien plus que les 13 milliards 800 millions d’années qu’on lui attribuait. Il aurait même été précédé par un autre univers. Face à ce nouvel éclairage, pour ce scientifique, pas seulement des recherches d’ordre théorique s’imposent, mais en plus des questions d’ordre spirituel. En effet, pourquoi donc un univers aussi gigantesque, avec ses milliards de galaxies, et toujours en expansion, existe-t-il ? Quelle force inimaginable est-elle à l’origine d’un tel univers… ou d’un autre qui l’aurait précédé ? De telles questions obligent à dépasser une approche purement matérialiste de la réalité et à s’aventurer dans la recherche du sens à donner à notre monde.

Dans un contexte d’évangélisation comme le nôtre, nous devons être attentifs à tout le questionnement qu’ont fait naître les découvertes scientifiques des dernières décennies. Car bien des membres de la génération des 20-35 ans se sentent interpellés par les questions fondamentales qui émergent de cet horizon présentement. Pour cette raison, les chrétiens et chrétiennes qui ont le désir de partager leur foi doivent savoir accompagner les « questionnements de base » qu’ils rencontrent dans leurs relations avec les gens qui les entourent. Ils ont à soutenir les cheminements spirituels qui se manifestent de manière parfois inattendue.

Puisse notre eucharistie nourrir cette responsabilité que le Christ nous a confiée ! Puissions-nous donc apprendre à interpréter les signes que notre monde et notre Église continuent de donner !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
tu as appelé le bienheureux évêque Athanase
à devenir un défenseur remarquable
de la divinité de ton Fils ;
alors que nous nous réjouissons de son enseignement
et de sa protection,
accorde-nous, dans ta bienveillance,
de te connaître toujours mieux et de t’aimer davantage.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.