1er mai 2025
Une spiritualité de justice et d'écologie
En cette Journée internationale des travailleurs, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous rappelle que la doctrine sociale de l’Église nous invite, en tant que croyants, à prendre soin de notre Terre et de nos frères et sœurs en humanité, eux qui sont à la fois création et don de Dieu.

LIVRE DE LA GENÈSE (1, 11-12)
Au commencement, Dieu dit : « Que la terre produise l’herbe, la plante qui porte sa semence, et que, sur la terre, l’arbre à fruit donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. »
Et ce fut ainsi. La terre produisit l’herbe, la plante qui porte sa semence, selon son espèce, et l’arbre qui donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. Et Dieu vit que cela était bon.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (4, 26-29)
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Homélie
Dans les sociétés occidentales, nous célébrons depuis la deuxième moitié du XIXe siècle la fête des travailleurs. Cette fête — d’abord civile — est devenue, pour les catholiques, à la suite des interventions des papes Pie X (1913) et Pie XII (1955), celle de Saint Joseph, travailleur. Cette fête était largement liée aux luttes contre l’exploitation des travailleurs. C’est d’ailleurs dans ce cadre historique que le pape Léon XIII, en 1891, avait publié son encyclique Rerum Novarum. Il y appuyait une bonne partie des revendications des ouvriers et ouvrières alors engagés dans les usines et les mines. L’exigence d’une plus grande justice y était rappelée avec force.
Depuis cette époque, le monde du travail a profondément changé. La technologie a radicalement transformé l’univers de la production matérielle. Dans bien des secteurs, des machines et des robots ont remplacé les employés manuels. De plus, les lois imposées par les États ont amélioré sensiblement les conditions de travail et les salaires des travailleuses et travailleurs.
Il faut noter ici que le discours de l’Église catholique sur le monde du travail a connu, au cours des dernières décennies, un élargissement des perspectives. Cela s’est manifesté par exemple dans la manière d’interpréter les paroles du Livre de la Genèse : « Remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux ». On y voyait, traditionnellement, une invitation faite aux sociétés humaines d’utiliser pleinement, grâce à leur travail, les ressources naturelles. Une telle vision, comme on le sait, a conduit à des excès notables : surexploitation des ressources, pollution, détérioration des milieux de vie. Face à ce constat, l’approche de l’Église a changé. L’encyclique Laudato si du pape François, parue en 2015, constitue un bel exemple de cette nouvelle approche. L’exploitation abusive des ressources naturelles y a été dénoncée, une spiritualité écologique a été proposée visant la promotion de la justice et du bien commun. Je cite ici le pape François : « J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. (…). Beaucoup d’efforts pour chercher des solutions concrètes à la crise environnementale échouent souvent non seulement à cause de l’opposition des puissants, mais aussi par manque d’intérêt de la part des autres. (…). Il nous faut une nouvelle solidarité universelle. » (no 14)
Dans leur Message pour la fête des travailleuses et travailleurs du 1er mai 2021 (3 p.), les évêques du Québec assument cet héritage de la tradition ecclésiale en portant d’abord leur attention sur les catégories de travailleurs qui ont été durement touchés par la pandémie. Entre autres, ils pointent du doigt les personnes qui ont perdu leur emploi, puis celles qui ont eu à porter un poids souvent excessif depuis le printemps 2020, en particulier les employés de la santé et ceux de l’enseignement. En regard de la relance économique qui est ardemment souhaitée, ils attirent l’attention sur l’exigence de « la justice environnementale » à respecter. Pour ce qui est de la relance de la vie collective, ils souhaitent « le développement d’un solide filet social qui permettra à nos communautés de faire face aux crises à venir ». Et en lien avec ces pistes, ils souhaitent que l’attention à la dignité des personnes soit toujours présente.
En ce jour, les chrétiens sont invités à continuer de s’engager en faveur de la solidarité et de la justice dans le monde actuel. Seul un profond attachement au Christ Sauveur pourra permettre de prendre à bras le corps une telle mission. Il sera cependant possible de le faire à la condition de savoir compter sur sa présence fidèle dans le quotidien de nos vies.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
avec ton aide nous confions à la terre des semences,
que multiplie ta puissance créatrice ;
accorde largement ce que notre labeur ne suffit pas à réaliser,
puisque toi seul donnes la croissance.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.