Homélie, mercredi, 2ème semaine du Temps Pascal

Le bonheur, être heureux, c’est ce que l’on veut et souhaite pour soi-même, pour les autres, et pour notre monde… ou au moins pour ses proches et amis. Des souhaits de bonheur soulignent les débuts de chaque nouvelle année et aussi nos anniversaires de naissance. Que recouvre ce bonheur souhaité et désiré ? La santé, la réussite et le bien-être sous toutes ses formes… et finalement avec la bénédiction traditionnelle du nouvel an, le paradis à la fin de nos jours.

Dans les évangiles, nous avons deux versions des Béatitudes, celles de Matthieu et de Luc. Le passage de l’évangile retenu aujourd’hui pour la fête de sainte Marie de l’Incarnation est emprunté à l’évangile de Matthieu. Matthieu ouvre le premier discours de Jésus, le sermon sur les montagnes, par les Béatitudes. « Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait ». Cette scène, qui réunit la montagne, la foule et les disciples nous renvoie à Moïse sur la montagne, entouré des anciens, transmettant la Loi à la foule assemblée au bas de la montagne. La position assise de Jésus est une référence au rabbin qui interprète les Écritures pour ses disciples. Pour Matthieu, Jésus est le nouveau Moïse qui proclame la nouvelle Loi de la Nouvelle Alliance, les Béatitudes du Royaume de Dieu. Il est lui-même la Bonne Nouvelle, le bonheur pour l’humanité.

Si nous portons notre attention sur les Béatitudes selon les deux évangélistes, nous voyons qu’elles sont concentrées sur les pauvres, les affamés, les affligés. La libération des pauvres, qui est au cœur de la prédication de Jésus, s’enracine dans l’annonce du Messie par le prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi, car le Seigneur m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance ». Jésus est conscient d’accomplir par son message et par ses actes ces promesses messianiques. Le message de Jésus dans les Béatitudes est une annonce, une déclaration de bonheur pour tous les pauvres de la terre.

Jésus donne une priorité aux pauvres dans son message de salut. Il est venu annoncer que le Royaume de Dieu appartient aux petits et à ceux qui leur ressemblent. Il va plus loin en s’identifiant lui-même au pauvre, au nécessiteux. À la fin de l’évangile de Matthieu, dans son discours sur le jugement dernier, Jésus dira « chaque fois que vous l’avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Les Béatitudes sont plus qu’un enseignement de Jésus : Jésus est lui-même les Béatitudes vivantes, comme l’écrit Michel Hubaut dans son commentaire de l’évangile de saint Matthieu.

Comme chrétiens, disciples de Jésus, nous sommes responsables d’actualiser les Béatitudes en luttant contre toutes les formes de misère de notre monde. Ainsi nous pourrons accueillir le bonheur de Jésus, le salut de Dieu. « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux ! »

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as conduit sainte Marie de l’Incarnation,
jusqu’à la contemplation du mystère de la Trinité,
et tu as fait d’elle un apôtre au cœur de feu;
accorde-nous, par son intercession et suivant son exemple,
de vivre en témoins de ton amour,
pour que soit toujours plus nombreux
ceux qui parviennent à te connaître, t’aimer et te servir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.