Homélie, mercredi, Semaine sainte C

16 avril 2025

La trahison de Judas

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., situe la trahison de Judas dans le contexte de l’évangile de Matthieu et nous révèle un Jésus conscient de ce qui l’entoure et consentant aux évènements.

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Homélie

Au cours des dernières années, il m’a été donné de prêcher sur la trahison de Judas. Je me souviens d’avoir brossé un triple portrait de Judas : Judas l’ami de Jésus, le traitre de Jésus et le complice de Jésus. Je ne voudrais pas me répéter encore moins me plagier ce matin. J’essaierai plutôt de situer ce récit de la trahison de Judas dans le cadre littéraire de l’évangile de Matthieu, plus précisément dans l’ensemble du chapitre 26 qui comporte 75 versets.

La Bible de Jérusalem divise ce chapitre avec une douzaine de titres. Les voici dans l’ordre : Complot contre Jésus – L’onction de Béthanie – La trahison de Judas – Préparatifs du repas pascal – Annonce de la trahison de Judas – Institution de l’eucharistie – Prédiction du reniement de Pierre – À Gethsémani – L’arrestation de Jésus – Jésus devant le Sanhédrin – Reniements de Pierre.

On remarque que l’onction de Béthanie se situe entre le complot contre Jésus et la trahison de Judas. Les deux événements impliquent des proches de Jésus, une femme (Marie, comme le précise l’évangile de Jean) et Judas, l’un des disciples de Jésus. C’est dans le cercle même de Jésus que les bonnes œuvres et les gestes de trahison se manifestent. La trahison de Judas n’est pas une action isolée : le reniement de Pierre est aussi une forme de trahison. Dans nos cercles chrétiens et dans nos propres vies, l’amour et la trahison sont présents.

Dans le même chapitre de Matthieu, il y a une alternance entre ces récits d’onction, de trahison et le repas pascal. Chaque événement suppose une préparation, une annonce et une réalisation. Chaque événement est aussi porteur d’un message, d’un sens profond en lien avec le mystère de la mort-résurrection de Jésus. « Les pauvres, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours ». « Le Fils de l’homme s’en va selon qu’il est écrit de lui, mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ». « Vous tous, vous allez succomber à cause de moi, cette nuit même ».

Tous les gestes d’onction et de trahison se réalisent à la demande ou du moins avec l’agrément de Jésus lui-même. À l’indignation des disciples devant le geste de la femme, Jésus réplique que c’est vraiment une « bonne œuvre » qu’elle a accomplie. Pour les préparatifs du repas pascal, c’est Jésus qui demande d’aller chez un tel, et « les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné ». À la table avec les douze, Jésus dit : « En vérité je vous le dis, l’un de vous me livrera ». Au mont des oliviers, Jésus dit à ses disciples : « Vous tous, vous allez succomber » et il réplique à Pierre : « En vérité, je te le dis, cette nuit même avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois ».

Encore aujourd’hui, le Seigneur n’est pas étranger à ce qui nous arrive. C’est dans notre monde qu’il vit encore sa passion avec toutes les trahisons qui y sont liées. C’est aussi à notre monde qu’il ouvre les portes de l’espérance pascale.

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as voulu que ton Fils soit soumis pour nous
au supplice de la croix
afin de nous arracher au pouvoir de l’Ennemi ;
donne à ceux qui te servent
de recevoir la grâce de la résurrection.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.