14 avril 2025
Aimer comme elle
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à nous laisser interpeler par Marie de Béthanie et à prendre en exemple l’amour et l’attachement dont elle a fait preuve à l’égard de Jésus.

LIVRE DU PROPHÈTE DANIEL (42, 1-7)
Ainsi parle le Seigneur : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. »
Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent : « Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice ; je te saisis par la main, je te façonne, je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations : tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et, de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (12, 1-11)
Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus.
Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. »
Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.
Homélie
Le récit évangélique du jour nous situe à quelques jours de la fin tragique de la vie de Jésus. Les autorités religieuses ont déjà tout planifié pour que ce dernier ne soit plus une source régulière de contrariété pour eux. Pourtant, dans ce contexte sombre, un rassemblement heureux et sans doute joyeux s’est déroulé à Béthanie, village situé non loin de Jérusalem. Jésus, avec ses disciples, est invité à un repas par Marthe, Marie et Lazare. Ces derniers ont les ressources financières pour se permettre de recevoir en grand. Le vase de parfum utilisé par Marie sera une preuve de leur aisance financière. Ce qui leur importe avant tout, c’est d’exprimer leur reconnaissance à Jésus. On le comprend : Jésus avait réveillé Lazare d’entre les morts quelque temps auparavant.
Au cœur de ce récit, nous rencontrons une figure particulièrement importante et expressive : celle de Marie. Les gestes qu’elle pose alors nous interpellent aujourd’hui encore dans notre propre démarche de croyant et croyante. Elle manifeste avec force, et même avec une certaine excentricité, son attachement à Jésus. Selon les règles sociales de l’époque, elle se permet de traiter Jésus comme un dignitaire ou un personnage de haut rang. Elle verse sur ses pieds un parfum très précieux, puis les essuie avec ses cheveux. Ce geste de verser un parfum de grand prix sur les pieds d’une personne dans le but de l’honorer ne devait se rencontrer, dans le Moyen-Orient de ce temps-là, qu’au sein des cours royales ou cœur des familles princières. Ce geste d’hospitalité et d’estime devait, normalement, être uniquement accordé à des personnes appartenant à la haute noblesse ou à des chefs militaires réputés. Or, Marie se permet un tel geste à l’endroit de Jésus. Pourquoi ? Avant tout pour exprimer la profondeur de sa foi en lui. Pour elle, il est vraiment l’envoyé de Dieu, le Messie, il est le porteur de la vie de Dieu. Ne l’avait-il pas révélé en arrachant son frère Lazare des liens de la mort ? Ne l’avait-il pas révélé aussi en lui pardonnant ses péchés ?
Certains auteurs spirituels affirment que Marie, pas son geste d’éclat, n’a pas seulement reconnu la dignité unique du corps de Jésus, mais qu’elle a anticipé, en quelque sorte, les gestes que des femmes qui avaient accompagné Jésus en Galilée devaient accomplir au tombeau, le premier jour de la semaine, en apportant les huiles parfumées qu’elles avaient préparées (cf. Lc 23, 53 – 24, 1).
Reconnaissons que la figure de Marie de Béthanie et son geste viennent nous interpeller. Cette dernière vivait d’un attachement si profond à Jésus qu’elle devait être capable d’aimer à sa manière. Son amour pouvait donc, par exemple, guérir certaines blessures liées aux relations interpersonnelles. C’est pour cette raison que nous pouvons la considérer comme un modèle à imiter. Comme nous vivons dans un monde qui a besoin de guérison, dans un monde qui a besoin d’amour et de générosité, sachons qu’en nous attachant à Jésus comme Marie l’a fait, nous collaborerons activement à l’émergence du Règne de Dieu, et ce, grâce au soutien de l’Esprit-Saint.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Dieu tout-puissant,
nous t’en supplions ;
dans notre faiblesse, nous ne pouvons tenir ;
donne-nous de reprendre souffle,
grâce à la passion de ton Fils unique.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.