Homélie, Dimanche des Rameaux – C

13 avril 2025

Jésus, le juste

En ce Dimanche des Rameaux, le frère André Descôteaux, O.P., nous explique que la Passion de l’évangile de Luc vise d’abord et avant tout à montrer la véritable nature de Jésus qu’il partage avec son Père : son innocence, sa patience et sa miséricorde envers tous ceux qui l’entourent et le blessent, ainsi qu’envers le monde qu’il sauve de par son amour.

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Homélie

« Celui-ci était réellement un homme juste » ! ainsi s’exclame le centurion témoin de la mort de Jésus. Selon l’évangéliste Marc, il aurait plutôt dit : « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! » Évidemment, chaque évangéliste a sa perspective. Saint Luc, tout au long du récit de la passion, insiste sur l’innocence de Jésus. Rappelez-vous Pilate qui en vient à la conclusion, comme Hérode, de n’avoir trouvé en lui aucun motif de condamnation. Et comment le bon larron rabroue l’autre criminel « Pour nous, c’est juste, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal ».

Comment réagit Jésus, l’innocent condamné ? Aucune agressivité. Aucune récrimination. Jamais nous ne le voyons se révolter alors qu’il est la victime d’une terrible machination. Au contraire, beaucoup de patience. D’ailleurs, l’évangéliste est très indulgent avec certains acteurs de la passion. Alors que, dans son agonie, la sueur de Jésus devient comme des gouttes de sang, Luc affirme que ses disciples s’étaient endormis, accablés de tristesse. Quand Jésus annonce à Pierre qu’il le reniera, il est loin de le condamner puisqu’il lui demande de raffermir ses frères quand il reviendra. Ainsi, les larmes de Pierre après qu’il ait renié Jésus et que le regard de Jésus se soit posé sur lui ne sont pas des larmes de désespoir, mais des larmes de repentir. L’avenir est encore ouvert pour lui. Même Judas. Quand il conclut son entente avec les chefs des prêtres, Luc nous dit que Satan était entré en lui, comme s’il voulait réduire sa culpabilité.

Dans ce contexte, Jésus sera, dans sa souffrance, pardon et miséricorde. Ce n’est plus la parabole de l’enfant prodigue qu’il raconte, ce n’est plus la pauvre femme adultère qu’il relève, c’est lui qui manifeste ce qu’il est au plus profond de lui-même. Rappelez-vous ce serviteur du grand prêtre à qui, pour défendre Jésus, on avait tranché l’oreille. Jésus ne veut pas de violence et le guérit ! Il changera ce monde non par la violence, mais par la force de son amour. Ce pardon ira jusqu’à ses ennemis qui ont voulu sa mort. « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », comme s’ils n’étaient pas entièrement responsables de sa mort. Ses paroles de pardon et de miséricorde culminent dans sa promesse au bon larron « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».

Finalement, il termine sa vie en un grand cri : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Il révèle ainsi le secret de sa vie : il est le Fils du Père, le Fils du Père de miséricorde, le Fils qui, dans sa chair crucifiée, sera l’expression de cette miséricorde. Comme les bras du père de l’enfant prodigue s’étaient ouverts pour l’accueillir, les bras de Jésus sur la croix seront toujours ouverts. Son bras ne sera pas un bras vengeur. Sa croix sera, jusqu’à la fin des temps, le signe du lien indélébile et indestructible entre le ciel et la terre, lien d’amour et de miséricorde.

Jésus est l’innocent injustement condamné. Il est le serviteur souffrant, décrit dans la première lecture. Il ne s’est pas révolté. Il ne s’est pas dérobé. Il vient détruire la haine par son amour pour tout être humain. Il vient abolir toutes les divisions par son pardon. Il apporte la vie au monde en remettant sa vie entre les mains de son Père.

Accueillons ce Jésus avec son pardon. Comme pour Pierre, son regard se pose sur nous avec miséricorde. Comme le bon larron, entendons-le nous promettre d’être avec lui, dans le paradis, lui qui ne cesse de nous accompagner même sur les chemins quelques fois tortueux de nos vies.

En rompant le pain et en partageant la coupe, comme il nous a dit de le faire, rendons grâce à Dieu, avec le centurion, pour ce Jésus. « Il était réellement un homme juste », lui qui établit la justice miséricordieuse de Dieu en plein cœur de notre monde, un monde violent et si souvent cruel. Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
pour donner au genre humain un exemple d’humilité,
tu as voulu que notre Sauveur prenne chair
et qu’il subisse la croix :
accorde-nous, dans ta bonté,
d’accueillir le témoignage de sa force dans la souffrance
et d’avoir part à sa résurrection.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.