Homélie, samedi, 5e semaine du Carême

12 avril 2025

Mourir... pour la nation?

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous révèle la raison très pragmatique qu’ont eu les autorités du temps de Jésus pour le condamner à mort.

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Homélie

Les lectures qui ont été empruntées à l’évangéliste Jean au cours des derniers jours ont montré que l’étau se resserrait de plus en plus autour de Jésus. Ses jours étaient comptés. Les plus hautes instances religieuses de Jérusalem avaient pris leur décision : cet homme Jésus était en train de devenir une menace pour la stabilité sociale et politique du peuple juif. Car, à leurs yeux, il attirait un peu trop l’attention, non pas seulement celle de la population d’Israël mais aussi celle de la police impériale. Par ses gestes et son enseignement, ne semait-il pas déjà la zizanie au sein du peuple ? Ces autorités en arrivaient ainsi à la conclusion suivante : « Les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation ». Aussi ont-elles choisi une stratégie simple pour protéger les intérêts de la nation : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas ».

En relisant ce texte, nous devons reconnaître que le projet de Dieu était alors bel et bien engagé dans son dernier droit. C’est là, bien sûr, une lecture de foi qui a pu être faite après les événements. Il reste que l’ombre de la Croix se faisait de plus en plus visible sur la ville de Jérusalem. En condamnant Jésus, les autorités juives avaient en vue un intérêt politique et social immédiat, très pragmatique : il fallait se débarrasser du fauteur de troubles qu’était devenu Jésus. Sauf qu’elles ne pouvaient pas imaginer ce qui résulterait de cette condamnation. Elles ne se faisaient sûrement pas à l’idée que cette mort engendrerait un bienfait spirituel inimaginable. Comme le dit l’évangéliste : « … Jésus allait mourir pour la nation; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ». Car la mort de Jésus procurera le salut non seulement aux Juifs convertis mais aussi à la multitude des enfants de Dieu répandus sur terre et rassemblés en un seul troupeau sous un seul pasteur (cf. Jn 12, 24, 32).

Demain, à l’occasion de la célébration du dimanche des Rameaux, nous lirons le long récit de la Passion de Jésus. Pleinement conscient de ce qui l’attendait, Jésus a choisi de donner sa vie pour l’humanité. Il va accepter de s’engager sur le chemin de la Croix pour que sa mort puisse déboucher sur la plénitude de la Vie qui sera révélée au moment de sa Résurrection.

Puissions-nous relire les événements entourant la fin douloureuse et dramatique de Jésus avec les yeux de la foi et non pas seulement avec un regard strictement historique. Que cette fin de Jésus soit une eau de source pour abreuver notre espérance !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
de tous ceux à qui tu as donné de renaître dans le Christ,
tu as fait une descendance choisie, un sacerdoce royal ;
accorde-nous de vouloir ce que tu commandes
et de pouvoir l’accomplir,
afin que le peuple appelé à l’éternité ait une même foi dans le cœur,
une même charité dans l’action.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.