8 avril 2025
Transcender avec le Christ !
Aujourd’hui, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous invite à voir en les lectures du jour une méditation sur le sacrifice, la rédemption et la transformation qui unifient Dieu et l’humanité dans le Christ.

LIVRE DES NOMBRES (21, 4-9)
En ces jours-là, les Hébreux quittèrent Hor-la-Montagne par la route de la mer des Roseaux en contournant le pays d’Édom. Mais en chemin, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »
Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël. Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »
Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (8, 21-30)
En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Je m’en vais ; vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller. »
Les Juifs disaient : « Veut-il donc se donner la mort, puisqu’il dit : “Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller” ? » Il leur répondit : « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés. En effet, si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. »
Alors, ils lui demandaient : « Toi, qui es-tu ? » Jésus leur répondit : « Je n’ai pas cessé de vous le dire. À votre sujet, j’ai beaucoup à dire et à juger. D’ailleurs Celui qui m’a envoyé dit la vérité, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis pour le monde. » Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait du Père.
Jésus leur déclara : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui.
Homélie
« Quand vous élèverez le Fils de l’homme, alors vous réaliserez que JE SUIS. »
On peut se demander si, lorsque Jésus a dit aux Pharisiens qu’ils réaliseraient son identité lorsqu’ils élèveraient le Fils de l’homme, ils ont compris qu’il annonçait son élévation sur la croix. Pourtant, les Pharisiens avaient peut-être déjà à ce moment-là comploté la mort de Jésus en détail.
Il est impératif de noter que, par cette déclaration, Jésus fait référence à son élévation, que ce soit sur la croix ou, métaphoriquement, à travers sa résurrection et son ascension. Les Pharisiens, en tant qu’autorités religieuses, étaient certainement capables de juger la valeur des traditions et des écritures ; cependant, leur incapacité à saisir la portée du message de Jésus souligne un contraste tragique entre leur connaissance intellectuelle et leur compréhension spirituelle.
L’usage par Jésus du nom divin « JE SUIS », qui évoque la révélation à Moïse au buisson ardent, résonne comme une affirmation décisive de son identité. Ce n’est pas une simple déclaration de soi, mais un acte de révélation divine destiné à éveiller la conscience de ses auditeurs. Cependant, il est crucial de comprendre que cette proclamation n’est pas motivée par un désir d’auto-affirmation ; au contraire, elle se veut un acte de compassion, une invitation à la rédemption.
La connexion entre ce passage évangélique et la première lecture de la liturgie d’aujourd’hui mérite notre attention. Peut-être le choix de la première lecture est-il une invitation à méditer sur le sacrifice, la rédemption et la transformation. À cet égard, nous devrions nous rappeler ce que Jésus a proclamé cinq chapitres plus tôt, en Jean 3, 14-15 : « De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».
Jésus établit un parallèle entre lui-même et le serpent élevé par Moïse dans le désert, une comparaison qui peut certes sembler déroutante. À première vue, l’image d’un serpent — symbole de péché et de mal – peut choquer. Cependant, c’est un appel à reconnaître que dans le don de soi, même le mal peut être transformé en une opportunité de salut.
Il est également important de se référer aux paroles de saint Paul, qui nous rappelle que « pour nous, il a fait de lui un péché, lui qui ne connaissait pas le péché » (2 Corinthiens 5, 21). Ainsi, le Christ, sans péché, s’est fait péché pour nous, offrant ainsi une voie de réconciliation entre Dieu et l’humanité. Cette dynamique de substitution et de sacrifice est au cœur du mystère chrétien : Dieu le Père, par son Fils, a choisi de s’engager dans la condition humaine pour racheter le monde.
Frères et sœurs, nous ne pouvons pas oublier l’amour incommensurable dont Dieu fait preuve envers l’humanité. Comme l’évangéliste Jean le proclame avec force : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jean 3, 16). Cette déclaration transcende le temps et l’espace, nous appelant à embrasser une foi vivante et dynamique, à laquelle nous sommes tous invités.
Nous sommes appelés à transcender notre compréhension intellectuelle et à ouvrir notre cœur à la réalité du sacrifice du Christ. Jésus, dans sa nature humaine, nous a montré le véritable chemin de la rédemption. En voyant le Fils de l’homme élevé, nous découvrons la plénitude de ce qu’est vraiment notre Dieu : un amour qui se donne entièrement pour élargir notre espérance et garantir notre salut. Amen.
Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.
PRIÈRE
Seigneur,
accorde-nous de persévérer dans l’attachement à ta volonté,
afin qu’au long des jours,
le peuple qui te sert augmente en nombre
et grandisse en sainteté.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.