2 avril 2025
L'espérance est possible
Aujourd’hui, alors que nous nous approchons toujours plus de Pâques, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à porter notre attention sur cette promesse de libération faite par Dieu à travers la voix des prophètes et des Évangiles et à la faire nôtre dans notre espérance quotidienne.

LIVRE DU PROPHÈTE ISAÏE (49, 8-15)
Ainsi parle le Seigneur : Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. Je t’ai façonné, établi, pour que tu sois l’alliance du peuple, pour relever le pays, restituer les héritages dévastés et dire aux prisonniers : « Sortez » ! aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous » !
Au long des routes, ils pourront paître ; sur les hauteurs dénudées seront leurs pâturages. Ils n’auront ni faim ni soif ; le vent brûlant et le soleil ne les frapperont plus. Lui, plein de compassion, les guidera, les conduira vers les eaux vives. De toutes mes montagnes, je ferai un chemin, et ma route sera rehaussée.
Les voici : ils viennent de loin, les uns du nord et du couchant, les autres des terres du sud. Cieux, criez de joie ! Terre, exulte ! Montagnes, éclatez en cris de joie ! Car le Seigneur console son peuple ; de ses pauvres, il a compassion.
Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée. » Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (5, 17-30)
En ce temps-là, après avoir guéri le paralysé un jour de sabbat, Jésus déclara aux Juifs : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu.
Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut. Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé.
Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie.
Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ; et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.
Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. »
Homélie
Nous sommes engagés, au cœur de notre liturgie du carême, dans une montée vers Pâques, dans une marche qui doit nous amener à chanter la libération offerte par Dieu. Chaque jour, les récits bibliques, ceux de l’Ancien Testament en particulier, mettent sous nos yeux diverses formes de mal et de malice. Mais, en même temps, chaque jour, nous entendons Dieu, par la voix des prophètes, promettre une libération de ce qui étouffe la vie. C’est bien le cas dans le texte du prophète Isaïe. Le tout commence par une allusion explicite aux terres dévastées par la guerre, au sort des captifs qui ont vu leurs rêves sombrer dans le néant, à l’avenir sombre des personnes exilées. En contrepartie cependant, vient la promesse : « Au long des routes, mes brebis pourront paître, dans toutes les terres désolées elles trouveront des pâturages. Elles n’auront ni faim ni soif ; le vent brûlant et le soleil ne les frapperont plus. Lui, plein de compassion, les guidera, les conduira vers les eaux vives ». (Is.49, 9-10)
Ces paroles laissent clairement entendre que le monde dans lequel nous vivons passera par une libération, mais une libération qui ira bien au-delà d’une transformation touchant uniquement le monde matériel et socio-politique dans lequel nous nous trouvons présentement. Une telle libération, Dieu seul peut l’offrir. Car elle doit conduire à une vie en plénitude. N’est-ce pas ce qu’exprime Jésus : « Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut » (Jn 5, 21) ? Et il précise en ajoutant : « Amen, Amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie. » (Jn 5, 24)
Ce passage vers la vie en plénitude, notons-le, ne peut s’opérer que s’il y a une confiance affirmée dans le Fils. Le croyant doit se tourner effectivement vers Jésus-Christ et s’en remettre à lui. C’est cette confiance qui peut l’amener à entrer dans une nouvelle manière d’envisager sa propre vie et la vie en général. Une telle confiance, les scribes et les pharisiens n’ont pas pu l’accorder à Jésus. Ils n’ont pas voulu prendre le risque de miser sur lui. Du coup, ils ont refusé d’accueillir pleinement la bienveillance et la générosité de Dieu.
Aujourd’hui, nous venons nous redire, malgré les manifestations de haine et de mépris que nous pouvons observer dans nos sociétés, que l’avenir est ouvert, que l’espérance est possible. Dieu veillera à ce que nous soyons comblés de Vie. C’est ce que nous célébrerons pleinement à l’occasion des célébrations pascales. Après avoir rappelé le Jésus de la croix, nous acclamerons le Christ de la gloire. C’est dans cette vision que notre espérance pourra pleinement s’enraciner et s’épanouir.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu offres aux justes la récompense de leurs efforts
et le pardon aux pécheurs qui se repentent :
prends pitié de ceux qui te supplient,
afin que la confession de nos péchés
obtienne le pardon de nos fautes.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.