Homélie, samedi, 3e semaine du Carême

29 mars 2025

Un cœur disposé à la conversion

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à demander à Dieu le Père sa miséricorde, ainsi que d’ouvrir nos cœurs à la lucidité et à l’humilité pour mieux travailler avec Lui sur notre propre conversion.

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Homélie

Dans la parabole d’aujourd’hui, le pharisien qui monta au Temple pour prier Dieu manifestait une ferveur religieuse qui dépassait de beaucoup les exigences de la Loi. Son zèle était impressionnant : il jeûnait deux fois par semaine et versait le dixième de tout ce qu’il gagnait aux œuvres et services soutenus par le Temple. Mais il ne se gênait pas pour faire l’étalage de sa vertu : lui, il n’était pas comme le commun des mortels. Chez lui, pas d’injustice, pas de vol, pas d’infidélité conjugale. Il se réjouissait donc devant Dieu de ses performances vertueuses.

Le collecteur d’impôts, de son côté, ne pouvait pas se vanter devant Dieu. Il se tenait d’ailleurs en retrait dans le Temple. Nous pouvons facilement supposer qu’il était, dans ses fonctions officielles, tricheur à ses heures et même exploiteur en soutirant plus d’argent des contribuables qu’il n’en avait le droit. Humblement, il reconnaissait qu’il ne respectait pas vraiment la Loi. C’est pourquoi il sentait le besoin d’implorer la miséricorde de Dieu : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! »

Dans cette parabole, Jésus fait ressortir deux attitudes spirituelles carrément opposées. Le pharisien, pour sa part, se présente comme un juif exemplaire du fait qu’il a été capable de respecter toutes les règles de la Loi. Mais on observe chez lui une réalité étonnante : ce pharisien au comportement extérieurement vertueux ne manifeste aucune attente à l’endroit de Dieu. Il est suffisant. Il s’attribue tout le mérite de sa bonne conduite et il s’exprime comme s’il ne devait rien à Dieu. Autre élément à relever : son mépris du prochain. Il le dit explicitement : « Je ne suis pas comme les autres hommes – (…) – ou encore comme ce publicain ». Manifestement, le niveau de son orgueil était prononcé. Et il se montrait aveugle sur la distance qui existait entre sa prétendue perfection et celle de Dieu. En revanche, avec le collecteur d’impôts, l’attitude observée est tout à fait différente. Ce dernier se reconnaît ouvertement pécheur devant Dieu. Il sait qu’il doit compter sur sa miséricorde pour être capable de répondre à sa volonté, car il a saisi que son cœur devra changer s’il veut respecter la Loi. Ses relations avec son prochain devront être marquées par le souci de la justice et le respect des personnes. Chez lui, l’humilité spirituelle domine. Il se montre disposé à se convertir. Pour cette raison, Jésus va affirmer : « Quand ce dernier (le publicain) redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre ».

De fait, ces deux hommes avaient besoin de se convertir. Malgré la façade vertueuse que le pharisien tenait à montrer, il faut bien avouer que sa suffisance spirituelle ainsi que son mépris exprimé à l’endroit du prochain le classaient dans la catégorie des pécheurs. Il vivait effectivement loin des voies de Dieu même s’il ne voulait pas le reconnaître. Le collecteur d’impôts, lui, à la différence du pharisien, avouait sa condition pécheresse. Il comptait sur la miséricorde de Dieu pour devenir un véritable croyant juif.

Ces deux attitudes spirituelles contradictoires, nous les retrouvons aujourd’hui dans nos communautés chrétiennes. Elles manifestent soit un aveuglement spirituel prononcé, soit une capacité de se laisser interpeller par l’Évangile. Dans les deux cas, nous constatons que seule la grâce du Christ peut libérer les baptisés et les amener à faire pleinement confiance à la miséricorde de Dieu. Et nous sommes, nous, au nombre de ces baptisés qui ont besoin de voir clair dans leur cheminement de foi. Que la lucidité évangélique nous soit accordée par le Seigneur de manière à vivre en communion avec lui.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

En célébrant avec joie, chaque année, ce temps de Carême,
nous te prions, Seigneur :
puisque nous vivons déjà du mystère de Pâques,
accorde-nous le bonheur d’en goûter pleinement les fruits.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.