Homélie, lundi de la 7ème semaine du Temps ordinaire

24 février 2025

Du scepticisme à la foi : une libération du regard

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique la transformation miraculeuse d’un père qui sauvera son enfant et nous rappelle qu’accepter pleinement Jésus dans sa vie comme Sauveur prend du temps.

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Homélie

Le récit évangélique d’aujourd’hui nous fait rencontrer un père de famille éploré et inquiet. Son fils est atteint d’une maladie grave. S’appuyant sans doute sur la renommée de Jésus, il vient l’implorer de guérir son fils. Nous pouvons facilement imaginer que beaucoup de parents qui, de nos jours, se présentent dans les urgences de nos hôpitaux avec de jeunes enfants tiennent un discours semblable à celui de ce père. Ces derniers demandent aux médecins de sauver leur enfant. Ces parents, de toute évidence, croient que la vie vaut la peine d’être vécue. C’est pourquoi ils sont disposés à investir généreusement en temps et en énergie pour que leur enfant puisse, à son tour, goûter à la vie, goûter en particulier à celle où l’amour est nourrissant.

Dans le récit, nous constatons que le père est attaché à son fils. Il a su l’observer avec attention. Il sait d’ailleurs décrire dans le détail les manifestations de la maladie dont son garçon est atteint. Mais ce père doute de pouvoir obtenir la guérison souhaitée. Il doute, car les disciples de Jésus n’ont pas réussi à expulser l’esprit mauvais qui habitait son garçon. Et même si Jésus est précédée par une renommée de grand guérisseur, le père se permet de dire : « Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par compassion envers nous ! ».

« Si tu peux quelque chose » : parole qui amène Jésus à relancer le dialogue avec le père. De fait, Jésus profite en quelque sorte de l’incertitude et du scepticisme qui habitent le cœur de ce père pour l’amener à faire un grand pas sur le chemin de la foi. Il l’invite à voir en sa personne non pas seulement un guérisseur mais bien un envoyé de Dieu capable de manifester la bienveillance divine. Nous le constatons : le père parvient à exprimer sa foi, mais avec une hésitation certaine: « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » Cet appel au secours est suffisant, aux yeux de Jésus, pour que la guérison du fils se produise. Le père est ainsi passé de la confiance relative à un guérisseur renommé à une foi en un Dieu qui se soucie la vie des humains. Il reste que nous sommes frappés ici par le déplacement de l’attention de Jésus. S’il fixe d’abord son attention sur l’état de l’enfant, c’est sur le père qu’elle se déplace ensuite. C’est lui, le père qui, en définitive, expérimente une transformation intérieure miraculeuse, car il passe du scepticisme à la foi.

Ce cheminement spirituel qui mène à une foi bien enracinée est habituellement un long processus. Les récits autobiographiques des grands convertis révèlent que la reconnaissance du Christ Jésus comme Sauveur de l’humanité exige du temps. Dans bien des cas, nous constatons que les personnes qui ont été engagées dans une véritable recherche spirituelle se sont approchées petit à petit du Seigneur. Leur attachement à Dieu s’est approfondi par étapes. Avec le père de l’enfant malade, ce cheminement est raconté de manière très synthétique par l’évangéliste. L’important à retenir, c’est que c’est Jésus lui-même qui est venu au secours de ce père éploré pour le faire entrer, à son tour, dans une communion avec Dieu qui mène à la vie en plénitude.

Nous pouvons remarquer ici que cet épisode évangélique s’enracine dans une expérience prononcée de la fragilité humaine. La menace de la mort est à l’arrière-plan, car la maladie de l’enfant est grave. Jésus vient donc répondre à la soif de vivre que le père exprime pour son enfant. Et, en même temps, il accompagne le père pour le mener vers une libération du regard, vers une vie qui déborde les conditions historiques de l’existence humaine. Puissions-nous rendre grâce pour le dévoilement de la générosité de Dieu réalisé par Jésus !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
dans ta tendresse inépuisable,
tu combles ceux qui t’implorent,
bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ;
répands sur nous ta miséricorde
en délivrant notre conscience de ce qui l’inquiète
et en donnant plus que nous n’osons demander.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.