Homélie, lundi de la 6ème semaine du Temps ordinaire

17 février 2025

Une histoire qui se répète...

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique la persistance des pharisiens à l’encontre de Jésus et que c’est un combat qui ne s’est jamais vraiment arrêté, prenant un aspect plus moderne…

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Homélie

Bien des chrétiens d’aujourd’hui se montrent toujours surpris quand ils constatent la résistance entêtée des pharisiens face à Jésus. Ces pharisiens n’avaient-ils pas hérité, tout comme Jésus, d’une tradition spirituelle identique? Les deux n’auraient-ils pas dû s’entendre facilement ? Alors, comment se fait-il que les pharisiens aient été largement incapables d’accueillir l’enseignement de Jésus ? incapables surtout de reconnaître en lui un envoyé de Dieu, le Messie ?

L’affrontement que nous rapporte les évangélistes était, selon bien des exégètes, prévisible. En premier lieu, il faut retenir que les pharisiens étaient très fiers du système religieux juif dont ils étaient devenus les promoteurs et les défenseurs. Ils étaient conscients du fait que des siècles de créativité et d’ajustements avaient été nécessaires pour créer l’organisation religieuse alors en place en Israël et dans la diaspora. Ne fallait-il pas conserver à tout prix ce joyau qui fondait en quelque sorte l’identité du peuple juif, la colonne vertébrale de sa culture ? En deuxième lieu, les pharisiens se sentaient tout à fait justifiés de résister à Jésus parce que ce dernier se permettait ouvertement de remettre en question certaines interprétations de la Loi. Jésus osait le faire, car il constatait que le petit peuple ne pouvait vraiment pas respecter nombre de règles imposées par les autorités religieuses. Il était évident que le système religieux en place avait pour effet de culpabiliser à l’extrême les gens ordinaires, en particulier les travailleurs manuels, les bergers et, bien sûr, les personnes qui collaboraient directement avec les institutions de l’empire romain.

Les pharisiens, comme le rapporte le récit, voulait un « signe venant du ciel », bref un signe extraordinaire qui les forcerait à reconnaître Jésus. Il faut dire qu’ils n’étaient vraiment pas les seuls, en Israël, à vouloir un tel signe pour les décider à mettre leur confiance en Jésus. Bien sûr, les gens étaient fortement impressionnés par les miracles que Jésus faisait, mais ils n’étaient pas disposés pour autant à prendre leur distance face au système religieux en place. On le verra d’ailleurs clairement au moment de la Passion de Jésus. Ce dernier s’est retrouvé fort isolé. Dans les années qui ont suivi sa disparition de la scène publique, les communautés chrétiennes semblent s’être multipliées fort lentement et difficilement en Israël. Phénomène semblable dans les villes où les apôtres ont voulu proposer le Christ Jésus. En l’an 100, bien des historiens estiment que les chrétiens étaient tout au plus 10 000 dans l’empire romain. Sur une population de plus de 50 millions d’habitants, cela était insignifiant. De tels chiffres nous amènent à reconnaître que la foi en Jésus comme sauveur de l’humanité a toujours été difficile dans les milieux où les chrétiens étaient minoritaires. Partout, on voulait des signes convaincants pour s’engager sur la voie évangélique.

Croire aujourd’hui, dans le monde contemporain, est un réel défi. Nous l’expérimentons de plus en plus, car notre univers culturel et social est de moins en moins influencé par la tradition chrétienne. Les citoyens et citoyennes marqués par la modernité privilégient une vision séculière de notre monde. D’ailleurs bien des baptisés de chez nous ne sont-ils pas devenus des « non-chrétiens ». Ils disent d’ailleurs ouvertement qu’ils n’ont plus aucun intérêt à se rattacher à l’Église. Ils sont satisfaits de ce que la société contemporaine leur offre. Ils n’attendent rien de Dieu. C’est là une réalité tout à fait déroutante pour les chrétiens et chrétiennes qui tiennent à faire connaître le Christ et son Évangile.

Sachons donc, dans une telle conjoncture, continuer de mettre pleinement notre confiance en Dieu. Lui seul peut rejoindre les cœurs. Que la célébration de l’Eucharistie nous aide à nous en remettre au Seigneur qui saura faire fructifier nos témoignages de vie !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Sois favorable à tes fidèles, Seigneur,
et, dans ta bonté, multiplie pour eux les dons de ta grâce,
afin que, brûlant de charité, de foi et d’espérance,
ils soient toujours vigilants pour garder tes commandements.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.