Homélie, samedi de la 5ème semaine du Temps ordinaire

15 février 2025

Confiance et compassion

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous invite à ne pas désespérer devant le fléau de la faim dans notre monde et à continuer de faire preuve de compassion et d’ingéniosité, en mettant notre confiance en Jésus.

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Homélie

Lors de mes cours de latin, la racine étymologique du mot « compassion » fut une grande découverte ; elle a apporté un regard différent à la compréhension que j’avais du mot. La racine latine du mot compassion est « cumpassio », ce qui signifie « souffrir avec ou souffrir ensemble ». Dans ce sens, la relation à la souffrance d’une autre personne fait que la compassion va au-delà du terrain de la sympathie et entre dans la dimension de l’empathie.

Dans la Bible, nous retrouvons l’expression à maintes reprises. Aujourd’hui particulièrement, l’évangile nous dit que Jésus a de la compassion pour la foule qui le suit. Cependant, la compassion de Jésus est beaucoup plus que de l’empathie uniquement. C’est la capacité d’accueillir la douleur ou la souffrance de l’autre comme s’il s’agissait de la nôtre.

Je comprends l’expression de Jésus dans l’évangile comme signifiant qu’il ne peut pas rester indifférent aux besoins de la foule. « J’ai de la compassion » veut dire pour moi, je m’investis ! Le fait de nous investir exige d’agir en faveur de ceux qui souffrent. Sans nécessairement ressentir à cent pour cent comme l’autre, la compassion nous amène à nous mettre à la place de l’autre. Le bienêtre de l’autre est aussi notre bienêtre, raison pour laquelle nous cherchons à réduire sa souffrance. Nous sommes identifiés à ses besoins. En théologie, nous comprenons la miséricorde comme le fruit de la compassion.

La compassion que Jésus ressent, il la partage avec ses disciples, afin que ceux-ci s’ouvrent à accueillir les souffrances des autres. Jésus pose son regard sur les foules, s’aperçoit de leurs besoins (dans ce cas, la faim) et agit sans laisser les disciples se décourager devant la situation : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? » Il faut souligner que Jésus a de la compassion pour ceux et celles qui ont faim ainsi que pour ceux et celles qui se sentent impuissants devant le fléau de la faim : comment sept pains et quelques petits poisons pourront-ils nourrir quatre mille personnes ?

Aujourd’hui, je me demande si, comme disciples du Seigneur, nous sommes conscients de ce que nous avons à mettre à disposition de Jésus pour qu’il nourrisse miraculeusement ceux et celles qui sont dans le besoin. Avons-nous un cœur disponible à tout donner ? Ou bien, faisons-nous partie des affamés de ce monde ? Alors, Jésus nous invite, comme il l’a fait avec la foule en ce temps-là, à nous assoir, à prendre un temps de repos dans la foulée de nos activités et à faire silence dans les déserts de nos existences afin d’écouter la Parole de vie. Jésus, à sa façon, opérera le miracle de nous rassasier avec le petit peu que nous avons en communauté.

La scène est fascinante. Une multitude est assise et partage un repas gratuit. Ce n’est pas un banquet de riche. Il n’y a ni vin ni viande. Il s’agit seulement de la simple nourriture des gens qui habitent cette région : des morceaux du pain et du poison.

Depuis les premières années du christianisme, ce repas partagé est un symbole attrayant pour la communauté fondée par Jésus : l’Église. Pour les premiers chrétiens, il leur rappelait en même temps la mort de Jésus lui-même et sa résurrection qu’ils célébraient en action de grâces lors du jour du Seigneur pour se nourrir de l’esprit et de la force de Jésus. Après tout, en tant que Ressuscité, il est le pain vivant venu de Dieu, rompu et distribué à tous et toutes sans distinction.

Aujourd’hui, le marché économique offre une panoplie d’aliments à grande échelle et, pourtant, la faim existe dans notre monde à cause d’un manque de solidarité. Il y a sans doute du pain pour tous ; ce qui manque c’est la générosité pour le partager. Est-il possible que nous craignions de partager ce que nous avons ? Des gens meurent encore de faim et des frères et sœurs ont aussi faim du pain de vie éternelle. Ayons de la compassion pour ceux et celles qui sont dans le besoin et faisons en sorte de rendre accessible le pain rompu et donné pour le salut de tous ! Laissons Jésus transformer ce qu’on a et laissons-le nous rassasier, et nous aimer avec ce qu’il nous offre !

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Sois proche, Seigneur,
de ceux qui te servent
et montre à ceux qui t’importent ton éternelle bonté ;
c’est leur fierté d’avoir en toi leur Créateur et leur Guide :
restaure pour eux ta création
et l’ayant renouvelée, protège-la.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.