15 février 2025
Confiance et compassion
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous invite à ne pas désespérer devant le fléau de la faim dans notre monde et à continuer de faire preuve de compassion et d’ingéniosité, en mettant notre confiance en Jésus.

LIVRE DE LA GENÈSE (3, 1-8)
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.” » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »
La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea.
Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Ils attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier, et ils s’en firent des pagnes. Ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour. L’homme et sa femme allèrent se cacher aux regards du Seigneur Dieu parmi les arbres du jardin.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (7, 31-37)
En ce temps-là, Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement.
Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »
Homélie
Lors de mes cours de latin, la racine étymologique du mot « compassion » fut une grande découverte ; elle a apporté un regard différent à la compréhension que j’avais du mot. La racine latine du mot compassion est « cumpassio », ce qui signifie « souffrir avec ou souffrir ensemble ». Dans ce sens, la relation à la souffrance d’une autre personne fait que la compassion va au-delà du terrain de la sympathie et entre dans la dimension de l’empathie.
Dans la Bible, nous retrouvons l’expression à maintes reprises. Aujourd’hui particulièrement, l’évangile nous dit que Jésus a de la compassion pour la foule qui le suit. Cependant, la compassion de Jésus est beaucoup plus que de l’empathie uniquement. C’est la capacité d’accueillir la douleur ou la souffrance de l’autre comme s’il s’agissait de la nôtre.
Je comprends l’expression de Jésus dans l’évangile comme signifiant qu’il ne peut pas rester indifférent aux besoins de la foule. « J’ai de la compassion » veut dire pour moi, je m’investis ! Le fait de nous investir exige d’agir en faveur de ceux qui souffrent. Sans nécessairement ressentir à cent pour cent comme l’autre, la compassion nous amène à nous mettre à la place de l’autre. Le bienêtre de l’autre est aussi notre bienêtre, raison pour laquelle nous cherchons à réduire sa souffrance. Nous sommes identifiés à ses besoins. En théologie, nous comprenons la miséricorde comme le fruit de la compassion.
La compassion que Jésus ressent, il la partage avec ses disciples, afin que ceux-ci s’ouvrent à accueillir les souffrances des autres. Jésus pose son regard sur les foules, s’aperçoit de leurs besoins (dans ce cas, la faim) et agit sans laisser les disciples se décourager devant la situation : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? » Il faut souligner que Jésus a de la compassion pour ceux et celles qui ont faim ainsi que pour ceux et celles qui se sentent impuissants devant le fléau de la faim : comment sept pains et quelques petits poisons pourront-ils nourrir quatre mille personnes ?
Aujourd’hui, je me demande si, comme disciples du Seigneur, nous sommes conscients de ce que nous avons à mettre à disposition de Jésus pour qu’il nourrisse miraculeusement ceux et celles qui sont dans le besoin. Avons-nous un cœur disponible à tout donner ? Ou bien, faisons-nous partie des affamés de ce monde ? Alors, Jésus nous invite, comme il l’a fait avec la foule en ce temps-là, à nous assoir, à prendre un temps de repos dans la foulée de nos activités et à faire silence dans les déserts de nos existences afin d’écouter la Parole de vie. Jésus, à sa façon, opérera le miracle de nous rassasier avec le petit peu que nous avons en communauté.
La scène est fascinante. Une multitude est assise et partage un repas gratuit. Ce n’est pas un banquet de riche. Il n’y a ni vin ni viande. Il s’agit seulement de la simple nourriture des gens qui habitent cette région : des morceaux du pain et du poison.
Depuis les premières années du christianisme, ce repas partagé est un symbole attrayant pour la communauté fondée par Jésus : l’Église. Pour les premiers chrétiens, il leur rappelait en même temps la mort de Jésus lui-même et sa résurrection qu’ils célébraient en action de grâces lors du jour du Seigneur pour se nourrir de l’esprit et de la force de Jésus. Après tout, en tant que Ressuscité, il est le pain vivant venu de Dieu, rompu et distribué à tous et toutes sans distinction.
Aujourd’hui, le marché économique offre une panoplie d’aliments à grande échelle et, pourtant, la faim existe dans notre monde à cause d’un manque de solidarité. Il y a sans doute du pain pour tous ; ce qui manque c’est la générosité pour le partager. Est-il possible que nous craignions de partager ce que nous avons ? Des gens meurent encore de faim et des frères et sœurs ont aussi faim du pain de vie éternelle. Ayons de la compassion pour ceux et celles qui sont dans le besoin et faisons en sorte de rendre accessible le pain rompu et donné pour le salut de tous ! Laissons Jésus transformer ce qu’on a et laissons-le nous rassasier, et nous aimer avec ce qu’il nous offre !
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Sois proche, Seigneur,
de ceux qui te servent
et montre à ceux qui t’importent ton éternelle bonté ;
c’est leur fierté d’avoir en toi leur Créateur et leur Guide :
restaure pour eux ta création
et l’ayant renouvelée, protège-la.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.