Homélie, vendredi de la 4ème semaine du Temps ordinaire

7 février 2025

Laisser la place au Christ

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., après la brève mention d’un événement marquant dans l’histoire du Québec concernant saint Jean-Baptiste, nous explique comment celui-ci fut un modèle pour tout chrétien à travers diverses étapes de sa vie.

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Homélie

Au cours des derniers mois, j’ai lu un livre passionnant intitulé « Jean-Baptiste décapité ». Il ne s’agit pas d’une vie du saint ni d’un livre d’exégèse ou de spiritualité. C’est l’œuvre d’une sociologue. Le sous-titre du livre précise l’objet de l’étude : « Nationalisme, religion et sécularité au Québec ». À travers l’évolution de la célébration de la fête de saint Jean-Baptiste, en particulier de l’image du saint dans le grand défilé de la fête, l’auteur de ce livre étudie comment on est passé de Canadiens français catholiques à Québécois de gauche sécularisé. L’évolution de l’image de saint Jean-Baptiste peut être ramenée à trois figures distinctes : un enfant aux cheveux bouclés accompagné d’un agneau, un adulte vêtu d’une peau de bête, un bâton à la main, et enfin une imposante statue. Le 24 juin 1969, de jeunes manifestants renversent le char allégorique. La statue tombe au sol et la tête s’en détache. Les médias qualifieront l’événement de « décapitation du Baptiste ». Ce sera la fin de la participation de saint Jean à la fête nationale.

Laissons de côté la question du lien de saint Jean-Baptiste avec l’évolution de notre société. J’essaierai plutôt de répondre à une question plus large : comment Jean-Baptiste peut-il être un modèle pour nous chrétiens aujourd’hui ? Trois dimensions de la vie de notre saint me viennent à l’esprit, qui ont un lien avec nos images du défilé : Jean a été très proche de Jésus ; Jean a proclamé la venue de Jésus ; Jean a cédé la place à Jésus.

Jean était un proche parent de Jésus. Rappelez-vous ce beau récit de l’enfance de Jésus où Marie visite Élisabeth, la mère de Jean. Les peintres nous ont représenté cette scène en nous montrant deux femmes enceintes qui s’embrassent au point que leurs ventres se touchent. C’est la première rencontre de Jean et de Jésus. Notre vie chrétienne s’enracine pour nous aussi dans une proximité avec Jésus. Marcher à la suite de Jésus, c’est chercher à le connaître, à le rencontrer dans la prière et dans les pauvres.

Une deuxième image de Jésus, c’est celle de son baptême par Jean. De nombreuses peintures nous représentent le Baptiste pointant du doigt le Christ et annonçant sa venue. Pour nous aussi, annoncer Jésus, proclamer son message est une exigence liée à la proximité que nous devons développer avec lui. Une bonne nouvelle doit être proclamée par la parole et par les actes.

Enfin la décollation — la décapitation — de Jean (que nous relate l’évangile d’aujourd’hui) est un autre thème présent dans l’art avec la tête de Jean sur un plateau offert à Hérodiade. C’est ainsi que Jean disparaît de la scène et laisse toute la place à Jésus. Comme prédicateurs de la Bonne Nouvelle, nous sommes appelés à livrer le message que Jésus nous a légué, celui du Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas nous-mêmes l’objet du message. Nous devons au contraire disparaître pour laisser la place à Jésus lui-même.

C’est le Christ présent aujourd’hui qui nous rassemble ici, qui nous livre la Parole de Dieu et qui se donne lui-même à travers le pain et la coupe.

Il ne reste plus au prédicateur qu’à s’effacer…

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de l’univers, de qui vient tout don parfait,
enracine en nos cœurs l’amour de ton nom ;
augmente notre foi pour développer ce qui est bon en nous ;
veille sur nous avec sollicitude
pour protéger ce que tu as fait grandir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.