Homélie, mardi de la 4ème semaine du Temps ordinaire

4 février 2025

La vie que Dieu seul peut donner

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., nous parle de la vie que seul Dieu peut donner, celle qui est reçue par la foi et par une relation d’espérance et d’amour avec Jésus et qui se culmine en la Vie éternelle.

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Homélie

Dans ce long récit que nous venons d’entendre, à part Jésus, quels sont les personnages principaux ? Le chef de la synagogue, Jaïre, et la femme aux pertes de sang ? Pourquoi cette réponse ? Parce que ce sont deux personnages actifs, qui ont la foi, et Jésus répond à leur foi en leur accordant la guérison demandée. Le message de l’évangile serait alors le suivant : Jésus donne sa grâce à la mesure de la foi que les gens mettent en lui. Le contraire serait aussi vrai : pas de foi, pas de guérison. Ce sera le cas lors de son passage à la synagogue.

Plus nous croyons, plus la foi agit en nous, plus la grâce est abondante. Tout cela est bien juste, mais, est-ce le principal message de notre évangile aujourd’hui ? Pourrait-on y trouver autre chose ? Comment faire ?

Si notre regard se portait plutôt vers les personnages qui ont été secourus par Jésus, nous conserverions la femme aux pertes de sang, mais au lieu de Jaïre, nous nous intéresserions à sa petite fille. L’évangile nous dit qu’elle a douze ans. Tiens, tiens, curieuse coïncidence, la femme plus âgée avait, nous dit-on, des pertes de sang depuis douze ans. N’est-ce pas là une invitation à relier les deux personnages ?

Pendant 12 ans, la femme qui souffrait d’hémorragie avait placé son espoir dans les médecins. Mais en pure perte. Voici qu’elle s’accroche littéralement au manteau de Jésus, avec la conviction qu’elle sera guérie de son mal. Et c’est bien ce qui s’est produit. Les choses auraient pu en rester là, mais Jésus a insisté pour établir une relation entre lui et la guérison, pour que la femme comprenne bien que cette guérison n’avait rien de magique, mais trouvait sa source en lui, aussi bien que dans la foi qu’elle manifestait.

Cette femme anonyme surgie de la foule constatait chaque jour ses pertes de sang. Elle voyait, impuissante, que la vie s’échappait de son corps, irrémédiablement. Elle se savait destinée à une mort prochaine. Jésus, sa foi en Jésus a été son secours, son salut.

Qu’en est-il de la jeune fille de 12 ans ? En fait de quoi souffre-t-elle ? L’évangile ne le dit pas, mais insiste pour nous la décrire comme à l’article de la mort. À 12 ans, elle devrait s’éveiller à une autre vie, mais c’est dans la mort qu’elle s’étiole. Et son père, malgré tout son amour n’y peut rien. En dernier recours, il se tourne vers Jésus et obtient le salut de sa fille bien-aimée.

La dame guérie de son hémorragie et la jeune fille sauvée des filets de la mort, toutes deux réunies, font retentir le message de l’évangile. C’est Jésus Christ et lui seul qui donne la vie véritable. Cette vie, même la science des meilleurs médecins, même l’affection profonde d’un père pour sa fille, cette vie, personne n’est en mesure de la donner, sauf Jésus. Toutes deux ont touché à sa grâce, à sa puissance de salut. Elles proclament maintenant que non, notre existence n’est pas vouée à la mort, au contraire, elle s’ouvre sur une vie qui n’aura pas de fin, la vie éternelle. C’est notre espérance.

Par notre baptême, nous sommes nés à cette vie nouvelle. Cette vie que nous avons reçue du Christ, nous avons à la conserver, à l’alimenter. C’est pourquoi Jésus demande de donner à manger à la jeune fille qu’il a relevée. Nous aussi, en prenant part à l’eucharistie, nous recevons la nourriture qui fait grandir en nous la vie éternelle, nous nous fortifions dans la foi, l’espérance, et la charité.

La situation de la femme aux pertes de sang et de la jeune fille était désespérée. Elles ne pouvaient plus attendre de personne le salut. Il n’y avait vraiment plus rien à faire pour elles. Et, voilà, quand il n’y a plus de solution possible, quand on « frappe un mur », c’est à ce moment précis que l’espérance prend le relais. Pour Dieu, rien n’est impossible. C’est lui qui nous a donné la vie, c’est lui la source de toute vie. Cela, nous le croyons, même si un jour, notre vie ici-bas prendra fin. Au-delà de la mort, Dieu nous garde dans son mystère de vie et d’amour. Il nous a créés pour une vie qui ne connaît pas la corruption, une vie que lui seul peut nous donner.

Et dès maintenant, dans les événements de nos existences, à travers nos maladies et nos détresses de toutes sortes, Dieu nous fait signe et nous demande de mettre notre foi et notre espérance en son nom. C’est ce Dieu de vie que sainte Catherine de Ricci a rencontré et auquel elle s’est vouée. Terminons avec une pensée de Catherine : « Nous venons donc à vous, Père saint, pour vous rendre d’infinies actions de grâce pour le don de votre Fils bien-aimé. Que sa bonté infinie nous enflamme toujours d’amour pour lui.

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de puissance et de miséricorde,
éloigne de nous, dans ta bonté, ce qui nous arrête,
afin que sans entrave, d’esprit ou de corps,
nous accomplissions d’un cœur libre ce qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.