2 février 2025
Une promesse accomplie !
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous présente Syméon et Anne comme des exemples à suivre, car, éveillés et alertes, guidés par l’Esprit, ils reçoivent le Messie de l’Alliance Nouvelle au nom de tout Israël !
LIVRE DU PROPHÈTE NÉHÉMIE (8, 2-4a.5-6.8-10)
En ces jours-là, le prêtre Esdras apporta le livre de la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois. Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi.
Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.
Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les Lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS (12, 12-30)
Frères, prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps.
Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. Le corps humain se compose non pas d’un seul, mais de plusieurs membres.
Le pied aurait beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait cependant partie du corps. L’oreille aurait beau dire : « Je ne suis pas l’œil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait cependant partie du corps. Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ?
Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? En fait, il y a plusieurs membres, et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. »
Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres.
Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie.
Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps.
Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison, d’assistance, de gouvernement, le don de parler diverses langues mystérieuses.
Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ; tout le monde n’a pas à faire des miracles, à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (1, 1-4 ; 4, 14-21)
Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus.
En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Homélie
Enfin, un évangile pour les vieillards ou mieux dit, un évangile où les vieillards ont le beau rôle. Ils sont en plein cœur de l’action, non écartés ni exclus comme ils le sont souvent dans une société qui ne juge souvent la valeur d’une personne que par son travail. Ils sont les principaux acteurs alors que souvent ils sont oubliés et les premières victimes des coupes budgétaires dans les services de santé. Dans notre évangile, ils font ce que savent faire tant et tant de grands-parents : accueillir et porter dans leurs bras des petits bébés. J’ai peu de souvenirs de ma grand-mère maternelle, mais je me souviens qu’en me berçant elle me chantait « c’est la poulette grise qui a pondu dans l’église un beau coco pour André qui va dormir bientôt ».
Enfin, un dimanche où les vieillards ont la première place. Mais à y regarder de plus près l’ont-ils vraiment ? Tout d’abord, il y a Jésus, ce beau petit bébé. Comme tous les bébés, il est le centre de l’attention. En effet, tout tourne autour de lui. Le vieillard Syméon n’a pu résister : il le prend dans ses bras. Et Anne qui, comme une bonne grand-mère, est tombée sous son charme, ne cesse d’en parler.
Mais il y a un autre acteur qu’on ne voit pas. Luc mentionne par trois fois sa présence : l’Esprit Saint. En effet, l’Esprit repose sur Syméon. C’est aussi l’Esprit qui lui avait annoncé qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ. Et c’est encore l’Esprit qui le pousse à être au Temple au moment où la famille de Nazareth se présente.
Cela étant dit, la présence de Syméon et d’Anne est essentielle. La petite famille de Nazareth arrive au Temple. Elle est perdue dans la masse anonyme des croyants et croyantes qui y viennent pour prier. Elle n’est pas accueillie par les hautes autorités religieuses, mais par ces deux vieillards. Il faut bien qu’elle soit reçue, car, selon le prophète Malachie, quelqu’un d’important se présente. « Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez ». Enfin, il est là !
Ce seront Syméon et Anne qui les accueilleront et à travers eux, c’est tout Israël qui accueille le messager de l’Alliance. Forgés par la foi multiséculaire du peuple de l’Alliance, ils sont la quintessence de l’attente du Messie eux qui espéraient la véritable consolation d’Israël dans la prière et le jeûne. Syméon et Anne sont certes des vieillards, mais ils sont bien vivants et alertes, car, au plus profond d’eux-mêmes, ils sont habités par le désir de la délivrance et de la paix pour leur peuple qu’apportera le Messie, ce que Luc appelle la consolation d’Israël. Cette espérance est si vive chez Syméon que l’Esprit lui a promis de ne pas mourir sans avoir vu le Messie. Anne et Syméon sont loin d’être blasés ou cyniques n’attendant plus rien de la vie si ce n’est la mort. Au contraire, même âgés, ils incarnent la vive espérance d’Israël qui est sur le point d’être comblée.
Recevant l’enfant dans ses bras, l’Esprit intervient en ouvrant les yeux de Syméon. Il lui permet de faire, dans la foi, le pas de la reconnaissance du Messie et du Sauveur. Dieu a tenu parole ! Nous assistons ici à un jeu remarquable entre l’Esprit et Syméon. En Syméon, c’est Israël qui reçoit dans ses bras l’enfant et c’est grâce à l’Esprit qu’il peut bénir Dieu en reconnaissant dans l’enfant la lumière qui se révèle aux nations et donne gloire au peuple d’Israël.
L’action de l’Esprit ne s’arrête pas là, car il permet à Syméon de percevoir que cet enfant si exceptionnel ne sera pas accueilli par tous ses frères et toutes ses sœurs dans la foi comme il conviendrait. Il sera un signe de contradiction au point que Marie verra son cœur transpercé d’un glaive. Le destin de cet enfant sera tragique. L’auteur de la lettre aux Hébreux relisant la vie de Jésus comprendra que, s’il a subi la mort ignominieuse de la croix, c’est par solidarité avec l’humanité. « Parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de la passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve ». Solidaire en partageant notre condition dont la mort, nous sommes solidaires avec lui en communiant à sa vie en plénitude.
Ce matin, nous sommes avec Marie, Joseph, Syméon et Anne. Nous les voyons tous autour de Syméon tenant dans ses bras le petit Jésus. Nous aussi, comme Syméon, nous sommes habités par l’Esprit et pouvons ainsi reconnaître en lui le sauveur, la lumière du monde qui éclaire nos vies même dans les ténèbres les plus épaisses du monde.
Nous avons allumé des cierges comme nous le ferons lors de la veillée pascale. Déjà, nous anticipons ce que nous célébrerons dans quelques semaines. Cet enfant est le Ressuscité, le vainqueur de la mort, la lumière dans nos ténèbres. Avec lui, qui a partagé notre condition, communiant à la sienne, nous entrerons dans le nouveau Temple, non construit par des mains humaines, dans le ciel, devant la face de Dieu même !
Voilà pourquoi nous pouvons comme Syméon être en paix. Maintenant, ô, maître souverain, ton serviteur peut s’en aller en paix. Dieu a tenu parole. Il peut partir même s’il vit encore en un pays occupé. En accueillant Jésus, il accède à une paix profonde, celle de l’espérance comblée par Dieu seul, celle que son cœur désirait passionnément.
Malgré notre vieillissement, malgré tous les maux qui peuvent nous accabler et affliger ce monde, nous voyons, en Jésus, le salut que Dieu a préparé à la face de tous les peuples. La promesse enfin s’accomplit. L’attente de notre cœur est enfin exaucée ! Comme Anne, nous pouvons proclamer les louanges de Dieu et parler de l’enfant à tous ceux et à toutes celles qui attendent un monde nouveau, qui espèrent la véritable consolation, insatisfaits de ce que notre monde, malgré sa beauté, peut offrir. Peut-être l’âge nous permet-il de libérer nos cœurs de l’accessoire pour ne rechercher que l’essentiel ? Ainsi, grâce à l’Esprit, pouvons-nous reconnaître Dieu venant à nous en son Fils, Jésus. Il entre dans le temple de nos cœurs dans l’attente du jour béni où ce sera le Seigneur Jésus lui-même qui nous prendra dans ses bras et nous présentera à son Père et notre Père.
En attendant, la vie continue : les deux tourterelles ont été offertes. Jésus retourne avec ses parents à Nazareth, mais il ne cesse, par l’Esprit, de grandir dans l’Église et dans le monde. La grâce de Dieu est toujours avec lui et, par lui, avec nous. Soyons dans la paix ! Amen.
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant, Dieu de majesté,
nous t’adressons cette prière :
puisque ton Fils unique, ayant pris notre chair,
fut en ce jour présenté dans le Temple,
fais que nous puissions, avec une âme purifiée,
être présentés devant toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.