Homélie, mercredi de la 2ème semaine du Temps ordinaire

22 janvier 2024

La loi de l'Amour

Aujourd’hui, alors que Jésus défie encore le légalisme des pharisiens, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous rappelle que tout chrétien se doit de prioriser la dignité humaine et la justice sociale, bien avant toute pratique religieuse.

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Commentaire

Le début de ce troisième chapitre de l’évangile selon saint Marc nous raconte la rencontre de Jésus avec un homme dont la main était atrophiée, précisément un jour du sabbat et dans la synagogue. Le passage précédent (Mc 2, 23-28), lu hier, nous avait montré les manigances des pharisiens qui interrogeaient Jésus à propos de ce qui est permis ou interdit de faire le jour du sabbat. Souvenons-nous que Jésus et ses disciples avaient traversé un champ de blé et que ces derniers en avaient arraché des épis pour les manger. C’était un jour du sabbat ! Jésus leur avait ensuite très clairement répondu à ce sujet: « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. » L’évangéliste nous raconte qu’outragés par cette réponse, les pharisiens cherchaient à tendre un piège à Jésus pour pouvoir l’accuser.

Rappelons-nous qu’une personne qui enfreignait la loi du sabbat pouvait être condamnée à mort (Ex 31, 15). Les exigences étaient élevées pour aider le peuple à garder en mémoire sa sortie d’Égypte et sa libération de l’esclavage, incluant ce jour de congé consacré « au Seigneur ». Entre autres, personne ne pouvait quitter sa maison, allumer un feu et travailler ou contraindre quiconque à travailler le jour du sabbat.

La présence de l’homme avec la main paralysée ou atrophiée dans la synagogue n’est probablement pas un pur hasard, on ne le sait pas ! Mais, nous avons lu que Jésus interpelle rapidement ses interlocuteurs en demandant : qu’est-ce qui est permis de faire le jour du sabbat, le bien ou le mal, sauver la vie d’une personne ou la laisser mourir ? Est-il permis d’opérer une guérison le jour du sabbat ?

Les pharisiens préfèrent se taire plutôt que de répondre à la question puisqu’ils ne veulent pas assumer les conséquences d’y répondre. Ça serait trop facile de perdre la face et de révéler leur plan pour détruire Jésus. Et lui, Jésus, attristé par l’endurcissement de leurs cœurs, a fini par guérir le malade.

Ce passage me fait penser à notre réalité humaine. Récemment, j’ai vu passer quelques vidéos sur les réseaux sociaux, un genre de défi d’aide sociale ; par exemple, quelqu’un qui a une main bandée et qui est incapable d’ouvrir une bouteille d’eau, ou quelqu’un d’autre avec un handicap qui l’empêche d’ajuster correctement les lacets de ses souliers. Les deux cas se déroulent dans des centres d’achats avec beaucoup de personnes qui passent devant eux et voient la misère que vivent ces deux personnages, mais seulement une personne sur environ une dizaine est capable de s’arrêter pour offrir son aide. Comme les pharisiens, l’être humain préfère parfois regarder ailleurs plutôt qu’écouter ou assister ceux et celles qui sont dans la souffrance et l’injustice sociale.

Comme disciples de Jésus, nous ne pouvons pas rester indifférents aux injustices. L’amour de Dieu nous invite à mettre en première place la dignité de l’être humain. La loi du sabbat cherchait, à l’origine, à souligner la dignité des fils d’Israël comme personnes libres. Observer la loi du Sabbat devrait amener à chercher en tout temps le rétablissement de la dignité de toute personne, pas à la laisser mourir ou vivre dans l’injustice à cause d’une interprétation littérale de la loi. Il faut sortir absolument du « permis » et du « défendu ». La proposition du Christ est une invitation à aimer comme il a aimé. La loi de l’amour prime sur tout. D’ailleurs, c’est le premier et unique commandement.

Bref, Jésus accuse les pharisiens d’avoir changé le sens du sabbat : alors qu’il devait être un bienfait pour l’homme et un repos grâce à la miséricorde divine, ils en ont fait un fardeau spirituel et social. Au-delà des pratiques rituelles, dans le quotidien de nos vies, sommes-nous capables de faire le bien, de partager la compassion pour ceux et celles qui souffrent ? Ou évitons-nous simplement d’être dérangés dans nos repos égoïstes ?

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Dieu de puissance et de miséricorde,
éloigne de nous, dans ta bonté,
tout ce qui nous arrête,
afin que sans aucune entrave, ni d’esprit ni de corps,
nous accomplissions d’un cœur libre ce qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.