7 janvier 2024
Une vie qui respire l'espérance
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique comment croire en la promesse de Jésus nous aidera à alléger les défis du quotidiens et les fardeaux de l’existence.
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PIERRE (4, 7b-11)
Bien-aimés, soyez raisonnables et sobres en vue de la prière. Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés. Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres sans récriminer.
Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres, en bons gérants de la grâce de Dieu qui est si diverse : si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme pour des paroles de Dieu ; celui qui assure le service, qu’il s’en acquitte comme avec la force procurée par Dieu. Ainsi, en tout, Dieu sera glorifié par Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (11, 25-30)
En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Homélie
La promesse de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » laisse beaucoup de gens sceptiques. En effet, bien des chrétiens et chrétiennes ne disent-ils pas que leur engagement à chercher à vivre l’Évangile n’a pas vraiment enlevé de leurs épaules les soucis rattachés à la vie quotidienne ? Ne continuent-ils pas de se soucier de leur sécurité matérielle et sociale, de celles de leurs enfants en particulier ? Ne continuent-ils pas de veiller à bien planifier leur avenir familial et financier ? Et à mesure que les années passent et que la maladie se fait plus présente, le poids des inquiétudes ne se fait-il pas plus lourd ? Autrement dit, le fait d’être chrétien ne délivre pas des soucis liés à la vie matérielle et sociale.
À ce sujet, il ne faut pas se méprendre. Jésus n’a pas cherché à transformer les conditions de vie matérielle de ses contemporains. Rappelons que le poids de la vie quotidienne en Palestine, au temps de Jésus, était lourd, dramatique même. À l’occasion de ses déplacements, Jésus l’a constaté régulièrement. L’espérance de vie y était courte. À cause du haut niveau de mort infantile, cette espérance de vie se situait alors entre 35 et 40 ans. Et diverses maladies faisaient régulièrement des ravages au sein de la population. La fragilité de la vie s’imposait partout. D’ailleurs, les guérisons opérées par Jésus laissaient assez clairement entrevoir la dureté de la vie. Que dire aussi de la grande pauvreté que connaissaient les handicapés physiques et mentaux, les lépreux, les veuves avec charge d’enfants ? À retenir ici que les mesures de sécurité sociale et de soins de santé offertes dans beaucoup de sociétés modernes étaient tout à fait absentes à l’époque.
Mais il n’y avait pas que les conditions matérielles de l’existence qui rendaient la vie lourde à porter. Il y avait aussi à prendre en compte les 613 commandements que les rabbins imposaient aux juifs. Moralement parlant, c’était là un fardeau écrasant que Jésus a identifié à plusieurs reprises.
Or, c’est dans un tel contexte social et religieux que Jésus est venu proclamer : « Prenez sur vous mon joug, (…), mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ». Ces paroles ont été interprétées de différentes manières au cours de l’histoire de l’Église. On s’est d’abord demandé comment porter le joug du Christ Jésus. À cette question, on a répondu qu’il fallait d’abord imiter Jésus, c’est-à-dire aimer les gens comme il les avait aimés, venir en aide aux personnes dans le besoin comme il l’avait fait. C’était cela porter le joug de Jésus. Mais on ajoutait immédiatement que les baptisés n’avaient pas à compter sur leurs seules ressources pour relever un défi de cette envergure. Ce défi, c’est avec le Christ Jésus qu’il fallait le relever. Car c’est lui qui les accompagnait dans l’aventure évangélique. Soutenus par son Esprit Saint, les baptisés pouvaient être des témoins authentiques de l’amour de Dieu et du prochain. Forts de cette conviction, ils avaient conscience d’être, sur le terrain, des acteurs qui travaillaient en communion avec les autres chrétiens. Ces derniers ne profitaient-ils pas, eux aussi, de la présence de l’Esprit Saint ? Une telle vision allégeait le poids des soucis et des drames affectant la vie quotidienne. Ajoutons que ce regard de foi était, à son tour, enveloppé dans l’assurance que Dieu le Père allait accueillir dans sa gloire éternelle les personnes qui s’étaient engagées à suivre Jésus. En conséquence, c’est tout l’horizon de la vie qui en était transformé. Le fardeau du quotidien devenait beaucoup plus léger, car le Christ lui-même venait le partager avec ses disciples. Il devenait aussi plus léger du fait que la vie éternelle avec Dieu aurait une consistance et une intensité autrement plus grande que la vie présente.
Retenons que nos vies continueront d’être marquées par des soucis, des souffrances et des drames. Mais elles seront habitées par l’amour de Dieu et elles respireront l’espérance.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
c’est dans la réalité de notre chair
que ton Fils unique est apparu ;
puisqu’à son aspect extérieur,
nous l’avons reconnu semblable à nous,
fais que par lui nous soyons intérieurement transformés.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.