Homélie, samedi du temps de Noël avant l’Épiphanie

Après une lecture attentive de ce passage évangélique sur la vocation des premiers apôtres, je me suis posé la question suivante : est-ce que je pourrais découvrir quelque chose de neuf, des détails qui auraient échappé à mon attention jusqu’à maintenant ? Eh bien, oui… et je vais vous partager trois de ces petites découvertes… qui ne seront pas peut-être pas nouvelles pour vous.

La première découverte, c’est que les premiers disciples de Jésus étaient déjà des disciples de Jean le Baptiste. Notre évangile débute ainsi « Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples ». On peut même se poser la question à propos de Jésus lui-même « qui allait et venait » nous dit l’évangéliste. N’aurait-il pas été lui aussi un disciple du Baptiste ? Qu’est-ce qui distingue Jésus de son cousin le Baptiste ? Le verset de l’Alléluia, emprunté à l’épitre aux Hébreux, nous suggère une réponse : « À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils ». Qui est le plus grand de tous les prophètes. Un prophète qui est la Parole même de Dieu, qui est le fils de Dieu.

Une deuxième découverte personnelle, c’est une formule qui revient à deux reprises dans le texte et qui est attribuée à deux intervenants. « Posant son regard sur Jésus, Jean le Baptiste dit… » Et à la fin du récit, « Jésus posa son regard sur Simon et dit ». Dans le schéma classique des récits de vocation dans les évangiles, on porte attention sur la formule « Viens et suis-moi ». Ici l’on découvre que la première étape, qui précède l’appel, consiste dans un regard posé sur le futur disciple. Poser son regard sur un autre suggère une attention spéciale, marquée par un choix, colorée par l’amour. Dieu appelle à le suivre celui qu’il a choisi et sur qui il a posé son regard.

Enfin, une troisième découverte, qui concerne les futurs disciples. La question première qu’ils se posent à propos de Jésus n’est pas de se demander s’il est le messie, l’envoyé de Dieu mais plutôt de savoir où il habite. Jésus, voyant que les deux disciples le suivaient, il leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : Maître, ou demeures-tu ? » L’évangéliste ajoute que non seulement « ils virent où il demeurait mais qu’ils restèrent auprès de lui ce jour-là ». La vocation première du disciple du Christ n’est pas d’annoncer la Bonne Nouvelle mais plutôt de demeurer auprès du Christ, de demeurer avec le Christ, d’établir en lui sa demeure.

Pour nous aussi, comme disciples du Christ, l’eucharistie est une occasion privilégiée de proximité avec Jésus, qui nous a promis d’être avec nous jusqu’à la fin des temps. Jésus demeure toujours pour nous, l’Emmanuel, Dieu avec nous.

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
par l’avènement de ton Fils unique,
tu as bien voulu rayonner d’une lumière nouvelle ;
puisque nous l’avons vu prendre un corps comme le nôtre,
en devenant l’enfant de la Vierge,
accorde-nous d’avoir part à la grâce dans son Royaume.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.