9 décembre 2024
Appelés à une aventure qui nous dépasse
En cette fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à rendre grâce pour le destin miraculeux de Marie qui nous permet d’entrevoir ce que Dieu peut faire pour nous et à travers nous, ses enfants bien-aimés.
LIVRE DE LA GENÈSE (3, 9-15.20)
Quand Adam eut mangé du fruit de l’arbre, le Seigneur Dieu l’appela et lui dit : « Où es-tu donc ? » Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » Le Seigneur reprit : « Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ? » L’homme répondit : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. »
Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »
L’homme appela sa femme Ève (c’est-à-dire : la vivante), parce qu’elle fut la mère de tous les vivants.
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX ÉPHÉSIENS (1, 3-6.11-12)
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.
En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (1, 26-38)
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.
Homélie
Dans la tradition de l’Église catholique, Marie, la mère de Jésus, a toujours tenu une place unique dans la lignée des saints et des saintes. Tant dans la pensée théologique que dans la piété populaire, on lui a accordé une présence privilégiée tout au long des siècles, en particulier à partir du Ve siècle. Cette présence privilégiée lui était reconnue à cause du lien étroit qui l’unissait à son fils Jésus en qui s’est manifesté pleinement le Dieu vivant. En 1854, le pape Pie IX proclamait le dogme de l’Immaculée conception. Ce faisant, il affirmait que Marie avait été épargnée du péché (originel) dès sa naissance. Et c’est Dieu, par sa grâce, qui l’avait protégée. En effet, pour accueillir le Fils de Dieu, Marie ne pouvait pas, selon les discours théologiques, avoir en son cœur une trace d’hésitation ou de refus. Dieu avait donc besoin que le don de son amour rencontre une foi parfaitement pure, une âme sans péché. Ainsi Dieu avait rendu Marie digne de remplir la mission qu’il attendait d’elle.
Notons ici que le dogme de l’Immaculée conception nous invite à entrer dans le mystère de la grâce débordante de Dieu à l’endroit de notre humanité. Car la vocation de Marie n’est pas étrangère à nos propres vocations de baptisés dans le Christ. Nous aussi, nous avons été et sommes toujours enveloppés dans la grâce de Dieu. C’est d’ailleurs ce que rappelait saint Paul, dans la deuxième lecture : « Il (Dieu) nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs, par Jésus, le Christ ». (Ép 1, 4-5)
Comme nous pouvons le constater, dans l’histoire du salut, c’est Dieu qui a l’initiative, c’est lui qui rend les croyants et croyantes capables d’accueillir sa Parole, c’est lui qui les rend prêts à collaborer étroitement avec lui. Cela est très manifeste avec l’aventure unique de Marie, la mère de Jésus. L’appel de Dieu qu’elle a reçu peut aussi, dans une certaine mesure, être le nôtre. En effet, parce que nous avons été baptisés, parce que nous nous sommes engagés à suivre le Christ Jésus, nous sommes donc invités à plonger, à la manière de Marie, dans une aventure historique et spirituelle qui nous dépasse. L’ampleur de cette aventure, nous la perdons sans doute trop souvent de vue. Pourtant, à travers la destinée de Marie, nous pouvons entrevoir ce que Dieu peut réaliser en nous et à travers nous. Occasion par excellence pour rendre grâce. Occasion aussi pour nous réjouir d’être partie prenante d’une aventure historique, celle de l’Église, qui porte des fruits que nous pouvons, bien souvent, à peine deviner.
Aujourd’hui, tout en reconnaissant le privilège unique que Dieu a accordé à Marie, nous ne devons toutefois pas oublier que le « oui » de Marie l’a conduite au pied de la croix, sur le Golgotha. C’est là une indication révélant que la suite du Christ Jésus peut exiger de notre part de relever des défis qui paraissent souvent démesurés à nos yeux. En revanche, retenons-le, dans la résurrection de Jésus, le jour de Pâques, Marie a pu saisir l’ampleur du dessein de Dieu dans lequel il l’avait intégrée. Elle a alors touché du doigt la grâce infinie de Dieu. C’est dans cette lumière qu’elle a pu relire en entier la mission que Dieu lui avait confiée. Un tel dénouement, c’est celui auquel va nous mener l’espérance dont le Christ Jésus est la source.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as préparé à ton Fils une demeure digne de lui,
par la Conception immaculée de la Vierge Marie,
que tu as préservée de tout péché,
par une grâce venant déjà de la mort de ton Fils ;
à son intercession, accorde-nous d’être purs, nous aussi,
et de parvenir jusqu’à toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.