Homélie, lundi de la 1ère semaine de l’Avent

Vers l’an 740 avant Jésus-Christ, le prophète Isaïe prédit que, dans les derniers jours, le Seigneur transformera radicalement le statut de Jérusalem. De petite ville sans poids politique située au sein d’une petite nation du Proche-Orient, elle deviendra un centre de convergence qui attirera toutes les nations. Son influence morale et spirituelle marquera la vie des peuples environnants. Ils y trouveront la loi et la parole du Seigneur. Et la paix s’imposera alors : « De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles ».

Quel renversement de situation entre la réalité que les Israélites avaient sous les yeux et celle que le prophète leur annonçait ! Au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, Israël était en effet un petit peuple vivant sous la domination de l’empire assyrien qui, lui, s’étendait alors de la Syrie actuelle au territoire de l’Égypte. Or, voilà que dans un tel contexte, le prophète Isaïe annonce au peuple que la ville de Jérusalem aura à remplir une mission extraordinaire dans les temps à venir. Elle constituera un centre attractif pour les nations. Car Yahvé Sabaot lui confiera la mission de faire connaître la parole du Seigneur. Il en fera son flambeau et la rendra capable de faire régner la paix entre les peuples.

Humainement parlant, le contenu de la prédiction du prophète Isaïe était, pour ses contemporains, tout à fait impensable et, bien sûr, inacceptable. En effet, comment une toute petite ville d’une nation tout à fait secondaire pourrait-elle un jour devenir un pôle d’influence suffisamment intense pour changer la dynamique conflictuelle des peuples de l’époque ? Attitude tout à fait compréhensible de la part du peuple. Mais ici, le prophète vient indiquer que les transformations annoncées ne viendront pas des Israélites, sauf indirectement, mais bien de Yahvé lui-même. Lui seul peut opérer une transformation aussi radicale que celle que le prophète a entrevue dans sa vision. Aux yeux d’Isaïe, le Dieu d’Israël est un dieu transcendant et tout-puissant. Il a un plan qui vise tous les peuples. À sa manière, le prophète annonce la souveraineté de Dieu sur l’humanité. Et cette souveraineté va se manifester progressivement dans le futur. À ce point que les peuples étrangers, les peuples païens, accueilleront la loi de Dieu et vivront en conséquence dans la paix et la fraternité. Mais déjà Dieu intervient au cœur de l’histoire. Et il continuera de le faire. Isaïe ne dit-il pas : « J’interviendrai contre le roi d’Assyrie à cause du fruit de son orgueil et de l’arrogance de son regard… » (Is 10, 12) pour ensuite ajouter : « La lumière d’Israël deviendra un feu et son Saint sera une flamme qui brûlera et consumera ses épines et ses ronces en un jour ». (Is 10, 17-18)

À travers ses annonces des interventions futures de Dieu, le prophète veut nourrir la foi et l’espérance du peuple. Il veut lui faire saisir que la petitesse de la nation israélite n’est pas un véritable handicap pour le Seigneur Sabaot. Car c’est lui, par sa puissance et son amour, qui rendra Jérusalem et Israël capables de remplir les missions qui leur seront confiées. L’essentiel ici, c’est que le peuple mette pleinement sa confiance dans le Seigneur Yahvé Sabaoth.

Au cours des prochaines semaines, les textes liturgiques vont nous inviter à mettre notre confiance en Dieu qui s’est engagé à réaliser son projet de salut ! Laissons cette confiance nous habiter !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Seigneur notre Dieu, nous t’en prions :
accorde-nous d’attendre sans faiblir la venue de ton Fils,
pour qu’au jour où il viendra frapper à notre porte,
il nous trouve vigilants dans la prière,
joyeux de chanter sa louange.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.