Homélie, samedi de la 34ème semaine du Temps ordinaire

30 novembre 2024

André, le profil du disciple

Alors que nous célébrons saint André, le frère Raymond Latour, O.P., à travers l’histoire de rencontre entre cet apôtre et Jésus, nous présente les caractéristiques du « disciple », cette personne qui répondra à l’appel du Christ et acceptera sa mission.

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Homélie

Nous fêtons aujourd’hui l’Apôtre André. Le frère de l’autre, Simon, appelé Pierre. L’Évangile nous fait assister à leur première rencontre avec Jésus. Les deux frères travaillent ensemble dans une entreprise de pêche. Ils en sont à jeter leurs filets dans la mer lorsque Jésus qui marchait sur la berge les voit et les appelle.

André a été désigné par la tradition comme « le premier appelé », gracieuseté de l’Évangile selon saint Jean qui place cette rencontre dans un autre cadre. André et un disciple anonyme sont en compagnie de Jean-le-Baptiste et ce dernier leur désigne Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu ». Cette mention a été suffisante pour que les deux disciples se mettent à suivre Jésus, une première étape avant de se mettre à sa suite. Le lendemain, après avoir passé la journée avec Jésus, André va trouver son frère Simon et l’informe : « Nous avons trouvé le Messie. » Et il s’ensuit une série de rencontres qui se décriraient comme une partie de hockey : de André à Pierre, de Philippe à Nathanaël et ainsi, au fil des rencontres, le réseau primitif des disciples de Jésus se constituait.

Il reste que l’imagerie des Évangiles synoptiques, nous vient plus spontanément à l’esprit quand on évoque l’appel des premiers disciples : des pêcheurs en plein travail, Jésus qui passe par là et leur décoche un appel aussitôt reçu aussitôt répondu. La scène nous est si familière que nous ne pensons pas à l’interroger. Est-il vraisemblable que Jésus ait interpellé de la sorte ses premiers disciples, aussi soudainement et à distance ? Nous la prenons, cette scène, comme une description de ce qui s’est vraiment passé ce jour-là, sans trop s’arrêter à y trouver une sorte de « montage » qui viendrait nous instruire sur la personne du disciple de Jésus, son appel et sa mission.

Chaque fête des Apôtres nous offre cette occasion de retrouver ce qui fait le cœur du disciple de Jésus. Un premier élément : la recherche. C’est sans doute ce sur quoi l’Évangile de Jean a voulu attirer l’attention. André s’est réjoui d’avoir « trouvé » le Messie. On peut trouver de mille manières. Au terme de recherches incessantes ou simplement par inadvertance. Quel que soit le cas, c’est d’une certaine façon la découverte elle-même qui nous fait comprendre que nous étions en recherche, plus ou moins à notre insu, sans trop parfois identifier notre quête. Avant la rencontre de Jésus, André était sans doute à la recherche du Messie. Sa proximité avec Jean-le-Baptiste en est un indice certain. Mais c’est la mise en présence avec Jésus qui lui a donné la certitude intérieure d’avoir trouvé. Le langage amoureux nous aide à comprendre cette réalité : quand deux personnes s’engagent l’une envers l’autre, il y a comme une sorte de reconnaissance mutuelle. La présence de l’autre révèle ce que le cœur cherchait. Il reste alors à approfondir ce qui mystérieusement rejoint les aspirations de notre être.

Un autre élément qui se trouve dans tout profil du disciple serait sa disponibilité, ou encore son ouverture, sa capacité d’accueil. La recherche engageait toute la personne, elle était consciemment ou non en état d’alerte, de vigilance. André guettait la venue du Messie. Il était à l’affût. Une recherche qui se manifeste extérieurement. Jésus n’a pas manquer de la déceler en interpellant les deux disciples qui marchaient derrière lui : « «Que cherchez-vous ? ». Dans la scène de la pêche, c’est moins évident. Il reste que les quatre premiers disciples, tout absorbés qu’ils étaient dans leur travail n’en ont pas moins accordé la priorité à l’intrusion de Jésus dans leur vie. Plongés dans le quotidien, ils conservaient un œil, un regard ; une oreille, une attention, pour recevoir un appel qui les projetterait dans une carrière insoupçonnée de « pêcheurs d’hommes ».

Une troisième disposition du disciple serait une capacité à accueillir l’appel et une volonté d’y répondre sans trop savoir précisément en quoi cet appel consiste. La formule de Jésus : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes » devait paraître bien énigmatique à ces gens qui ne connaissaient pas d’autre pêche que celle des poissons ! Répondre à l’appel du Christ constitue pour nous aussi une aventure dont les contours nous échappent. La mission est consécutive au « venez à ma suite ! ». Dans l’Évangile, les premiers disciples quittent tout parce qu’ils ont tout trouvé. L’acception de l’invitation de Jésus suppose chez qui la reçoit un lâcher prise, un abandon, une confiance qui provient justement de ce moment de reconnaissance : c’est bien lui le Messie, le Christ, c’est bien lui qui donnera une nouvelle fécondité à ma vie, qui lui fera prendre une tournure imprévue, lui qui comblera le désir du disciple d’être messager qui annonce la Bonne Nouvelle !

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de majesté,
nous te prions humblement :
fais que le bienheureux apôtre André
qui a évangélisé et guidé ton Église,
ne cesse d’intercéder pour nous auprès de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.