25 novembre 2024
En marche vers la Jérusalem céleste
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous parle du texte d’origine de la première lecture du jour, le texte de l’Apocalypse de saint Jean, et nous en donne des clés de lecture importantes telles que son contexte historique et les intensions de son auteur.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN (14, 1-3.4b-5)
Moi, Jean, j’ai vu : et voici que l’Agneau se tenait debout sur la montagne de Sion, et avec lui les cent quarante-quatre mille qui portent, inscrits sur leur front, le nom de l’Agneau et celui de son Père. Et j’ai entendu une voix venant du ciel comme la voix des grandes eaux ou celle d’un fort coup de tonnerre ; mais cette voix que j’entendais était aussi comme celle des joueurs de cithare qui chantent et s’accompagnent sur leur cithare. Ils chantent un cantique nouveau devant le Trône, et devant les quatre Vivants et les Anciens.
Personne ne pouvait apprendre ce cantique sinon les cent quarante-quatre mille, ceux qui ont été rachetés et retirés de la terre. Ceux-là suivent l’Agneau partout où il va ; ils ont été pris d’entre les hommes, achetés comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau. Dans leur bouche, on n’a pas trouvé de mensonge ; ils sont sans tache.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (21, 1-4)
En ce temps-là, comme Jésus enseignait dans le Temple, levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve misérable y mettre deux petites pièces de monnaie.
Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Homélie
Depuis quelques jours, nous lisons, comme première lecture de nos célébrations eucharistiques, des extraits du livre de l’Apocalypse. C’est un livre difficile. Il est rempli de symboles dont le sens n’apparaît pas spontanément aux lecteurs et lectrices que nous sommes. Le défi, c’est de retraduire en idées ou en propositions ce que Dieu a transmis au voyant, c’est-à-dire à l’auteur du livre de l’Apocalypse. Malgré le côté sévère et rébarbatif du texte, les responsables de la liturgie romaine trouvent pertinent que la foi des croyants et croyantes soit confrontée à ce poème épique de l’espérance chrétienne.
Commençons par retenir que ce texte a été écrit, selon toute vraisemblance, à la fin du 1er siècle, dans une période où les communautés chrétiennes faisaient l’expérience d’une réelle persécution de la part des autorités de l’empire romain. Au cœur de cette expérience angoissante, bien des membres des communautés chrétiennes sombraient dans le découragement, d’autres acceptaient de faire des compromis avec la culture ambiante et devenaient des chrétiens tièdes, sans couleur et sans éclat. Devant ces attitudes qui menaçaient la vitalité des communautés et leur avenir, l’auteur de l’Apocalypse a voulu relever et raffermir le moral des chrétiens. Car il constatait que certains baptisés allaient même jusqu’à se demander si l’opposition de Satan au projet de Dieu n’allait pas, finalement, l’emporter. Ils allaient jusqu’à douter de la capacité de Dieu de protéger les fidèles et d’assurer l’avenir des communautés croyantes.
Face à cette tendance qui pouvait étouffer l’espérance, l’auteur, par la présentation de visions manifestant la puissance de Dieu, a cherché à soutenir les membres des communautés dont la foi était ébranlée. Dans la vision qui a été présentée dans la première lecture, nous pouvons clairement entendre un message d’espérance : « Moi, Jean, j’ai vu : et voici que l’Agneau se tenait debout sur la montagne de Sion, et avec lui les 144 000 qui portent, inscrits sur leur front, le nom de l’Agneau et celui de son Père ». (Ap 14,1) Le sens du message est manifeste : l’œuvre de Dieu est arrivée à son terme. Déjà le Christ triomphe et son Royaume est inauguré. En conséquence, les 144 000 qui ont foi en lui sont associés à son triomphe et constitue le peuple de Dieu. C’est dire qu’aux yeux du prophète, l’Église témoigne déjà ouvertement dans un monde païen qui ne reconnaît pas Dieu. Cette Église, même si elle est persécutée, est préservée par Dieu et elle est ainsi en marche vers la révélation de la Jérusalem céleste, en marche vers la Gloire future. En contemplant le Christ glorifié sur la montagne de Sion, le prophète constate que Dieu est pleinement à l’œuvre, qu’il est effectivement engagé dans sa lutte contre les forces du mal et qu’il vaincra sûrement Satan. L’avenir s’annonce donc plein d’espérance pour les chrétiens et chrétiennes.
Au cours de nos prochaines célébrations, nous entendrons l’auteur de l’Apocalypse nous parler, à travers diverses visions, des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle. Façon de dire que Dieu réalisera pleinement son dessein de salut, qu’il renversera le mensonge de Satan et qu’il bénira effectivement l’être humain et le monde créé dans lequel il se trouve présentement. Le tableau dynamique qui nous est proposé vient rappeler que le Seigneur Jésus est au terme de l’histoire comme il est son origine.
Puisse cette lecture parfois déroutante nous aider à faire confiance au Seigneur et à vivre dans l’espérance !
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as promis d’habiter les cœurs droits et sincères ;
donne-nous, par ta grâce, de vivre de telle manière
que tu puisses faire en nous ta demeure.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.