22 novembre 2024
Des temples de chair
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique la passion avec laquelle Jésus chasse les marchants du Temple, cette même ardeur avec laquelle il aimerait habiter nos cœurs.

APOCALYPSE DE SAINT JEAN (10, 8-11)
Moi, Jean, la voix que j’avais entendue, venant du ciel, me parla de nouveau et me dit : « Va prendre le livre ouvert dans la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre. » Je m’avançai vers l’ange pour lui demander de me donner le petit livre. Il me dit : « Prends, et dévore-le ; il remplira tes entrailles d’amertume, mais dans ta bouche il sera doux comme le miel. »
Je pris le petit livre de la main de l’ange, et je le dévorai. Dans ma bouche il était doux comme le miel, mais, quand je l’eus mangé, il remplit mes entrailles d’amertume. Alors on me dit : « Il te faut de nouveau prophétiser sur un grand nombre de peuples, de nations, de langues et de rois. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (19, 45-48)
En ce temps-là, entré dans le Temple, Jésus se mit à en expulser les vendeurs. Il leur déclarait : « Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »
Et il était chaque jour dans le Temple pour enseigner. Les grands prêtres et les scribes, ainsi que les notables, cherchaient à le faire mourir, mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ; en effet, le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait.
Commentaire
Les quatre évangiles nous soulignent la ferme conviction de Jésus que le « Temple » doit être l’endroit de la rencontre avec Dieu : « une maison de prière » ; à maintes reprises, les évangélistes présentent un Jésus en train d’enseigner ou de prier au Temple. Dans le passage d’aujourd’hui (19, 45-48), Luc écrit qu’il « était chaque jour dans le Temple pour enseigner ». Nous pouvons facilement imaginer qu’il leur disait que Dieu est amour, tout amour, rien qu’amour.
Pourquoi ce besoin d’enseigner tous les jours ? Jésus a compris que sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle et d’instaurer le Règne est la preuve de la toute-puissance de Dieu pour combler le besoin de l’être humain d’entrer en relation avec la divinité. Aucune autre relation ne pourra satisfaire pleinement notre besoin d’amour sans limites. Voilà pourquoi il enseignait tous les jours et présentait Dieu comme son Père et notre Père. Il n’y a rien à craindre. Au contraire ! Il faut accepter que sa miséricorde dépasse nos standards humains et qu’en même temps, c’est seulement avec cette attitude qui nous pousse à pardonner (nous-même et autrui) que nous pourrons admettre que nous sommes pécheurs pardonnés. Ceci est la raison de toute notre espérance et ce qui donne un sens à notre vie humaine !
Ses paroles avaient une telle ampleur que l’évangéliste souligne que « le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait ». Donc, face à la place qu’occupaient les marchants à l’intérieur du Temple, Jésus devait réagir avec fermeté afin d’empêcher les gens de vivre confus et trompés par un fonctionnement qui privait les personnes d’une véritable rencontre avec Dieu qui guérit, pardonne et rétabli notre dignité d’être ses enfants. Ce fonctionnement était approuvé par les grands prêtres, les scribes et les notables de l’époque qui bénéficiaient également de cette collusion, raison suffisante pour vouloir le condamner à mort. Eux qui sont l’expression ultime du pouvoir religieux, cultuel et politique d’Israël étaient dérangés par la vérité de Jésus. Il était plus facile de l’éliminer que de changer d’attitude !
Effectivement, même de nos jours, la relation avec Dieu peut être déformée par ceux qui devraient être les facilitateurs de la rencontre miséricordieuse. Parfois, c’est un commerce avec les rites, les offrandes et les sacrifices où l’accès dépend de la somme d’argent à donner. Et la discrimination des plus pauvres et des désaimés de la société continue sans arrêt, à cause de l’avarice de ceux qui bénéficient du pouvoir. La « maison de prière » au lieu d’être ouverte à toutes les personnes devient une propriété de certains, à laquelle les membres de la communauté n’ont pas réellement accès.
Jusqu’ici, nous pensons probablement au temple physique, et c’est normal, puisque Jésus expulse les vendeurs d’un espace physique ! Maintenant, je vous invite à penser que ce temple, cette maison de prière et de rencontre, n’est pas tant celle construite en pierre, sinon celle en chair dans le cœur de chaque personne. Mardi dernier, Jésus encourageait Zachée à se réjouir du salut arrivé pour sa maison, Jésus fait sa demeure… Être habités dans nos cœurs par Dieu nous ouvre au dialogue continu et intime avec lui ; de cette façon nous pouvons lui parler et l’écouter. « Écouter ! Écoutez la prière que Dieu ne cesse de nous adresser », me disait récemment un sage ami à propos de la prière de Maurice Zundel.
Ce soir, avec une multitude de jeunes de tout le Diocèse de Montréal, nous serons réunis pour une veillée de prière et d’adoration pour acclamer Jésus le Christ, Roi de l’univers, comme notre unique Roi. Un groupe des jeunes du Centre étudiant Dominicum ont accepté le défi d’animer la veillée à travers le chant et la louange, conscients que la musique est un bon moyen de s’ouvrir à l’amour du Christ. J’en profite pour les remercier du don qu’ils font de leurs vies et de leurs talents pour la musique, pour la louange, pour combler une grande cathédrale faite en pierre avec la chaleur de l’amour déposé dans leurs cœurs. Aujourd’hui même, l’Église célèbre la mémoire de sainte Cécile, patronne des musiciens, qui mourut en « chantant dans son cœur » les louanges du Seigneur. Le talent de la musique n’est pas donné également à tous : certaines personnes pourront jouer ou chanter habilement de la musique alors que d’autres devront se contenter de l’écouter avec plaisir. Mais n’oublions pas que nous sommes des « maisons de prière », de cette prière que Dieu ne cesse de nous adresser, celle qui chante dans nos cœurs et nous amène à le louer en communauté !
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu nous réjouis chaque année par la célébration
de sainte Cécile, ta servante ;
nous t’en prions :
que le récit de sa vie, transmis avec ferveur,
nous invite à l’imiter
et à proclamer les merveilles de ton Fils Jésus Christ
en ceux qui le servent.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.