Homélie, jeudi de la 33ème semaine du Temps ordinaire

21 novembre 2024

Notre sœur en Christ

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., nous parle de la relation privilégiée que Marie aura eu avec Jésus et de l’influence unique qu’elle a dû avoir sur lui, mais il nous rappelle également le mystère de notre merveilleuse relation en tant que famille spirituelle du Christ.

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Homélie

Le Christ, né de la Vierge Marie, événement que nous célèbrerons avec faste dans un peu plus d’un mois, a eu une répercussion sur tout le genre humain, et c’est d’abord Marie, la mère du Rédempteur, qui a été comme irradiée par cette venue dans la chair. Elle a été d’avance préparée pour cette mission de porter le Fils du Père éternel et ainsi devenir Mère de Dieu. Tout en elle n’a été qu’obéissance à Dieu et à son dessein de salut.

La fête de la Présentation rattache fortement Marie au Temple où elle s’offre à Dieu et semble exprimer le désir d’habiter sa demeure, comme toute fille d’Abraham. Si elle ne pouvait y séjourner, en esprit, elle y trouvait ses délices. Dans cette pensée, elle vivait en présence de Dieu, Dieu qui faisait toute sa joie.

Jamais la jeune fille n’aurait pu se représenter que sa vie graviterait encore davantage dans ce mystère de la Parole et de la présence de Dieu, au point de réaliser en elle la prophétie de Zacharie entendue dans la première lecture : « fille de Sion, voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi ».

Destin exceptionnel que celui de Marie, mais l’Évangile nous fait valoir que le nôtre n’a rien à lui envier. Si Marie a été privilégiée par la grâce de Dieu, elle n’est pas une privilégiée au sens où sa félicité exclurait la nôtre, où nous n’aurions pas part au bonheur qui est le sien.

Selon la chair, Marie était la mère de Jésus. En ce sens, elle a eu avec lui une proximité qu’aucun être humain ne pourrait revendiquer. Elle a formé Jésus, avec Dieu. Jésus tient de son éducation familiale, de son insertion dans le peuple juif, de son appartenance à un certain milieu. Ce Jésus historique est imbriqué dans le Jésus selon la foi.

Sa parole, son caractère prophétique, ses saisies lumineuses sur le royaume de Dieu peuvent bien être attribués à sa condition divine, mais tout cela était informé par une sensibilité humaine qui s’est développée pour s’adresser à des gens bien en chair, les rejoindre dans leur expérience de vie, dans leurs préoccupations, leur questionnement. Jésus ne devait pas être le seul à avoir une distance critique par rapport au légalisme des pharisiens, à l’exclusion des pauvres et des pécheurs. Qui pourrait déterminer à quel point il a été influencé par sa mère qui chantait les bienfaits du Seigneur en rendant grâce à celui qui « renverse les puissants de leurs trônes et renvoie les riches les mains vides » ? Et plus encore, l’attitude oblative de Marie n’a-t-elle pas inspiré son courage, sa fidélité à sa mission jusqu’au don de sa vie.

« Qui est ma mère et qui sont mes frères », demande Jésus aux gens venus l’entendre. La famille selon le sang est bien limitée. On aurait beau s’appeler « Tremblay », le nombre reste fini. Il en va autrement de la famille que Jésus veut rassembler.

Dans l’Évangile que nous avons entendu, des membres de sa famille demandent à parler à Jésus. Ils semblent revendiquer un accès privilégié. Ils restent dehors, à attendre. Jésus n’ira pas à leur rencontre. Il ne quittera pas ceux et celles qui sont venus l’entendre, qui étaient assoiffés d’une parole de vie. Il reste à l’intérieur et en profite pour déclarer que « celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux », celui-là est pour lui un frère, une sœur, une mère. Faire la volonté du Père. C’est le programme de Jésus, et voilà qu’il le propose à tous. Épouser son programme, c’est réellement devenir membre de sa famille, toujours capable d’accueillir de nouveaux membres.

Nos familles humaines, malgré les divisions qui peuvent parfois les affliger, sont un puissant lien de communion. Jésus laisse entendre que la communion qui s’établit avec lui, et qui passe par la communion à la volonté du Père, a un caractère encore plus solide. Pour le montrer, il semble prendre ses distances avec ceux-là qui affirment leur lien particulier avec lui. À l’étonnement sans doute de son auditoire, Jésus ne parle pas de famille élargie, mais d’une famille véritable, les siens, ceux et celles qui font la volonté de Dieu. Il nous déclare, à nous aussi aujourd’hui, que nous sommes sa famille, pour peu que nous partagions son désir.

Comment en ce jour de fête ne pas demander l’intercession de Marie pour qu’à son exemple, toute notre vie soit tendue à faire la volonté du Père ? Après tout, elle est notre sœur. Et elle vient rappeler à notre cœur qu’avec elle et tous ceux et celles qui font la volonté de Dieu, nous sommes frères et sœurs, tous fils et filles d’un même Père qui nous a révélé son amour en Jésus Christ. Mettons-nous à l’écoute de sa parole ! Surtout, ne restons pas dehors, il fait froid !

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Puisque nous célébrons la glorieuse mémoire
de la très sainte Vierge Marie,
nous t’en prions, Seigneur,
accorde-nous, à son intercession,
d’avoir part, nous aussi, à la plénitude de ta grâce.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.