Homélie, mardi de la 33ème semaine du Temps ordinaire

19 novembre 2024

Pour qu'il demeure chez nous

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous donne la rencontre de Jésus et Zachée comme parfait exemple de l’initiative divine qui trouve un terreau fertile pour faire fructifier le pardon et la miséricorde.

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Commentaire

Nous approchons de la fin de l’année liturgique. Les textes bibliques seront marqués, ces jours-ci, par un appel à la justice, à vivre dans l’amour et à nous laisser transformer de l’intérieur, comme Zachée aujourd’hui, dans le passage de saint Luc. Voici un de mes passages bibliques préférés et que je travaille souvent avec les personnes en démarche catéchuménale, car il est très riche dans son contenu et très pédagogique pour raviver la rencontre avec le Christ.

L’évangéliste nous décrit, du début du passage, les caractéristiques de Zachée. Il est riche, même chef des collecteurs d’impôts, et il grimpe dans un arbre parce qu’il veut voir Jésus. Mais il se trouve que Jésus veut aussi le voir ! Voilà que les deux se rencontrent. Le texte nous présente également certains obstacles significatifs : Zachée est de petite taille (obstacle physique) et est très connu et important dans la société de l’époque à cause de son travail de collecteur d’impôts, mais il n’est pas très aimé des gens, car il leur fait du tort (obstacle moral), ce qui l’oblige à grimper dans le sycomore pour satisfaire sa curiosité, puisque personne ne le laisse passer.

Et voici l’étonnement ! Ce n’est pas Zachée qui voit Jésus, mais plutôt Jésus qui repère Zachée dans l’arbre et l’invite à se déplacer, à descendre, car Jésus lui-même, il va s’inviter chez lui. Encore une fois, c’est Jésus qui prend l’initiative face à l’être humain. Jésus même va dire : « aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». « Aujourd’hui », c’est-à-dire ici et maintenant. La conversion c’est une affaire d’un jour à la fois, pas pour demain ou après-demain ; les changements s’accomplissent en les réalisant immédiatement. Ensuite, Jésus dit : « il faut ». Jésus ne s’invite pas à manger à cause de la richesse de Zachée pour profiter d’un bon repas. Non, Jésus accomplit sa mission (chercher et sauver ce qui était perdu) et il met en évidence l’accomplissement de la volonté du Père : miséricorde pour tous et toutes ! Il dira plus tard que ce petit homme est aussi un fils d’Abraham. L’initiative provient de Jésus et de Dieu le Père qui envoie son Fils pour aller à la rencontre de tous et faire du cœur de chaque croyant sa demeure à travers l’Esprit-Saint. L’expression « demeurer », dans la Bible, exprime une relation d’intimité ou profonde, apprendre à connaître quelqu’un. Certains exégètes la traduisent comme « persévérer ». Cette persévérance signifiera notre salut. Est-ce que nous faisons une place au Christ pour qu’il demeure chez nous, dans notre propre maison ?

En tout cas, la réaction de Zachée est intéressante. Nous n’avons pas de description détaillée du dialogue entre les deux hommes ; l’évangéliste nous décrit seulement la transformation effectuée chez Zachée, une conversion fruit de la rencontre avec Jésus. Et malgré les critiques de ceux présents qui le condamnent comme un pécheur, il va comprendre la miséricorde de Dieu et la traduire en actions concrètes. Aujourd’hui, nous pouvons parler, d’une certaine façon, de voir la justice réparatrice : demander le pardon en réparant le préjudice moral et matériel. Et voici que toute la maison de Zachée profitera du salut. La démarche concrète de Zachée à l’égard d’autrui et en particulier des pauvres qu’il aura lésés en les volant sera un exemple pour sa famille : « aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison ».

La rencontre avec Jésus est personnelle, mais elle entraîne des répercussions dans le social. Le projet du Règne qu’il annonce exige de nous de descendre des arbres où nous sommes montés, de quitter nos positions confortables où nous voyons seulement Jésus de loin sans changer de vie. Jésus s’invite à demeurer chez nous, pour vivre en communion avec lui, pour changer nos valeurs pour celles du Règne de Dieu et pour redonner la place à tous ceux et celles que la société a exclus et marginalisés ou que nous avons nous-mêmes exclus avec nos préjugés. Lorsque nous manquons d’amour, il est possible que la réparation soit parfois inconcevable. Je ne sais pas vraiment comment faire pour apprendre à pardonner en réparant quatre fois plus… Ce n’est pas évident !

Finalement, combien est-il resté pour Zachée ? Probablement presque rien puisqu’il a donné la moitié de ses biens et rendu quatre fois plus à ceux qui a volé. Mais il fallait le faire, enlever les attaches matérielles et ce qui fait du mal aux autres ! Donc, face au Christ rendu chez nous, nous devons accueillir son pardon avec joie, accepter que le Christ avec sa mort et sa résurrection nous réintègre à la grande famille des descendants d’Abraham, pour qu’à notre tour nous soyons capables de montrer sa puissance transformatrice et guérissante avec tous ceux et celles à qui nous avons fait du tort. Pour nous c’est difficile, mais pour Dieu tout est possible. Croyons qu’il est possible de vivre déjà dans l’amour de Dieu !

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Sois proche, Seigneur,
de ceux qui te servent
et montre à ceux qui t’implorent ton éternelle bonté ;
c’est leur fierté d’avoir en toi leur Créateur et leur Guide :
restaure en eux la création,
et l’ayant renouvelée, protège-là.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.