Homélie, dimanche de la 33ème semaine du Temps ordinaire

17 novembre 2024

Rester en éveil

Aujourd’hui, le frère Daniel Cadrin, O.P., nous invite à faire nôtre l’évangile du jour et à considérer plus profondément l’espérance de la Venue du Royaume ainsi que l’ampleur phénoménale et mystérieuse du destin de notre monde.

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Homélie

Cet Évangile fait partie du discours de Jésus sur les derniers temps. Après cette solennelle annonce à Jérusalem, ce sera la Passion. Dans le temps liturgique, c’est le dernier dimanche ordinaire de l’Année B (Marc). Dimanche prochain, ce sera la grande finale avec le Christ-Roi, puis nous entrerons dans la nouvelle année (C : Luc), avec le temps de l’Avent.

Ainsi, ce temps ordinaire arrive à son terme mais avec des paroles qui sont peu ordinaires ! Dans cet évangile de Marc, nous ne sommes plus tout à fait dans le quotidien des relations et des travaux, dans le rythme des journées et des nuits. Tout l’univers est convoqué, avec les astres et les étoiles et les quatre coins du monde. Ciel et terre sont engagés dans une profonde transformation.

Le temps n’est plus quotidien : il arrive à sa fin dernière, il est tout proche d’arriver à bon port. Un jour et une heure ultimes sont mentionnés, mais ils sont inconnus et inconnaissables, secrets cachés dans le mystère de Dieu. Au centre de ce scénario littéralement de fin du monde et de l’avènement définitif du Règne de Dieu, se trouve une figure impressionnante, celle du Fils de l’homme. Il est entouré de puissance et de gloire et il s’approche.

Cette vision cosmique nous semble déconcertante et bien loin de nos soucis immédiats. Mais elle est pourtant bien enracinée dans l’espace et le temps. Tout d’abord, elle s’inscrit dans une tradition vivante, celle d’une religion et de ses Écritures sacrées. Ce discours de Jésus est tissé de citations des prophètes. Les paroles d’Isaïe, Ézéchiel, Joël, Daniel (1ère lecture) sont convoquées pour annoncer une réalité mystérieuse. Ce qui semble bizarre s’inscrit dans une longue attente qui enfin va trouver son aboutissement.

Et pour les chrétiens des origines, cette attente est réelle et intense : le Christ glorieux va revenir de leur vivant pour les emporter avec lui dans son amour et pour transformer l’univers. Ce discours est pour eux non pas la prédiction de catastrophes suscitant la peur, mais l’annonce d’une espérance radicale, qui appelle à se préparer et à vivre dignement, dans la confiance que la libération est toute proche.

En quoi tout cela peut-il nous toucher ? D’abord, ces paroles invitent à élargir l’horizon de nos existences personnelles et sociales. Le monde ne se réduit pas au train-train des semaines ordinaires et des petits tracas. Il est traversé par des courants de mort et de vie, qui dépassent la banalité des apparences. Il porte des enjeux d’espoir et de salut qui débordent l’immédiat des préoccupations et des divertissements.

Puis, en un sens, nous sommes bien placés pour entrer dans ces perspectives. Autour de questions comme l’environnement et les changements climatiques, les migrations et les crises affectant la vie politique et économique, nous voyons mieux les implications des choix faits au jour le jour, sans horizon plus vaste, et les risques de catastrophes. Nous entrevoyons que ce monde est plus qu’il ne paraît et qu’il est un terrain global où des forces s’affrontent. Comment garder espoir, ne pas se résigner ? Ce n’est pas possible sans une vision plus large, sans une attente plus profonde, sans une inspiration plus fondamentale qui nous fassent relever la tête et nous tenir debout, dans une espérance tenace et active.

De plus, ce discours comprend une mise en garde pratique et fort pertinente. Nul ne connaît le jour et l’heure. Aussi tous les pseudo-prophètes et les marchands d’illusions qui nous prédisent avec exactitude le soir ou le quart d’heure du grand bouleversement se trompent. Cela a l’avantage de clarifier cette question.

Aujourd’hui, Marc nous fait entendre l’appel à une vigilance lucide et à une attente joyeuse. Quelqu’un va frapper à notre porte. Et il le fait déjà, pour que nous restions en éveil, attentifs à notre monde et au mystère qui l’habite, dans son mouvement vers son achèvement, vers un nouveau commencement. Nous pouvons nous demander : quelle attente profonde m’habite en regard de l’avenir du monde ? Et quelle place la Venue du Fils occupe-t-elle dans mon espérance ?

En cette eucharistie, rendons grâce pour tous les témoins, individus et groupes, d’une espérance lucide et active, à la suite de Jésus le Fils de l’homme, à la droite de Dieu et proche de nous, dans le pain rompu et la coupe partagée. Amen.

Fr. Daniel Cadrin, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur notre Dieu, nous t’en prions :
accorde-nous la joie de t’appartenir sans réserve,
car c’est un bonheur durable et profond
de servir constamment le créateur de tout bien.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.