14 novembre 2024
La venue d'un règne d'Amour
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique comment la notion de « venue du Règne de Dieu » offerte par Jésus diverge profondément de celle des prophètes avant lui et même de certaines théories qui survivent encore dans certaines communautés chrétiennes aujourd’hui.

LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À PHILÉMON (7-20)
Bien-aimé, ta charité m’a déjà apporté beaucoup de joie et de réconfort, car grâce à toi, frère, les cœurs des fidèles ont trouvé du repos. Certes, j’ai dans le Christ toute liberté de parole pour te prescrire ce qu’il faut faire, mais je préfère t’adresser une demande au nom de la charité : moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme et, qui plus est, prisonnier maintenant à cause du Christ Jésus, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. Cet Onésime (dont le nom signifie « avantageux ») a été, pour toi, inutile à un certain moment, mais il est maintenant bien utile pour toi comme pour moi.
Je te le renvoie, lui qui est comme mon cœur. Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile. Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses ce qui est bien, non par contrainte mais volontiers. S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur.
Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi. S’il t’a fait du tort ou s’il te doit quelque chose, mets cela sur mon compte.
Moi, Paul, j’écris ces mots de ma propre main : c’est moi qui te rembourserai. Je n’ajouterai pas que toi aussi, tu as une dette envers moi, et cette dette, c’est toi-même. Oui, frère, donne-moi cette satisfaction dans le Seigneur, fais que mon cœur trouve du repos dans le Christ.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (17, 20-25)
En ce temps-là, comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »
Puis il dit aux disciples : « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas. En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. »
Commentaire
Les paroles de Jésus dans l’extrait de l’évangile d’aujourd’hui sont assez déconcertantes et en même temps passionnantes : le « Règne de Dieu » ! Déjà, par le passé, les prophètes avaient annoncé la venue du Règne de Dieu sur la terre comme quelque chose d’imminent et apparemment spectaculaire. Depuis le début de son ministère, Jésus nous parle aussi de ce Règne, de sa venue parmi nous, du banquet du Règne, du besoin de s’engager dans sa mise en place, avec plein de comparaisons, d’enseignements, de paraboles… mais maintenant, on n’est plus trop certains de ce que c’est !
Au cours de l’histoire, nous avons vu défiler certaines théories qui nous disent que le Règne viendra comme une espèce de cataclysme, une destruction massive de ce monde et l’effacement de l’histoire de l’humanité. Certains ajoutent la version biblique du jugement dernier, où Dieu veut nous prendre par surprise, en flagrant délit. Alors, Dieu régnera et toute souffrance disparaîtra, MAIS une condamnation éternelle reste en perspective. Cette façon de penser fait référence à un Dieu caché, qui prend plaisir à nous piéger et à nous condamner.
Malgré la popularité de certaines personnes qui prêchent une suprématie divine qui condamnera éternellement les iniquités humaines, il me semble que cette manière d’imaginer la venue du Règne n’a rien à voir avec le Dieu de Jésus-Christ. Jésus nous parle de Dieu comme son Père et notre Père, Celui qui, uniquement par amour, est capable d’envoyer son Fils pour nous donner la rédemption. Donc, je ne peux pas concevoir que tout cet amour, manifesté par le sacrifice du Christ, puisse être jeté à la poubelle, laissé de côté, pour abandonner l’humanité entière à l’enfer.
Cette conception catastrophique de la volonté divine n’a rien à voir avec le Dieu qui a voulu prendre la condition de l’être humain, se manifester dans notre monde, et le faire d’une manière aussi humble et silencieuse, sans être prétentieux ou grandiloquent mais, au contraire, en toute pauvreté et en restant le dernier d’entre nous.
Le Règne inauguré par Jésus est une manifestation totale d’amour. C’est une affaire qui touche directement le cœur de l’être humain, dans ses actions et sa façon de penser. Il se manifeste dans les petites choses du quotidien. Le Règne est en action, il l’était déjà et il est encore dans notre monde d’aujourd’hui chaque fois qu’une personne aime comme Dieu nous aime, c’est-à-dire gratuitement et sans intérêt personnel. Le Règne de Dieu arrive lorsque nous croyons en nous-mêmes comme enfants de Dieu, capables de recréer et de renouveler, à partir de la justice et de la charité, notre vie et celle de nos frères et sœurs. Le Règne se fait réalité lorsque nous partageons la vie et que nous faisons une place pour les plus défavorisés, lorsque nous partageons le pain de la fraternité avec ceux et celles qui souffrent ou qui sont dans le besoin, lorsque dans cet élan d’amour nous apprenons à pardonner et à accepter le pardon des autres ou dans la simplicité de prendre soin de notre environnement…
Que l’Esprit-Saint nous guide afin que nous devenions des artisans et des artisanes du Règne et que nous continuions à le construire. Il est déjà au milieu de nous, comme le Christ l’a annoncé, mais pas encore achevé ; à nous d’y apporter aussi de l’amour, ce même amour duquel Dieu nous aime. Il n’est pas nécessaire de contrôler parfaitement le présent ; en fait, il nous échappera souvent. Laissons Dieu gérer ça. Il a pris l’initiative amoureuse de venir à notre rencontre ; à nous d’y répondre, en toute liberté !
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Nous t’en prions, Seigneur :
accorde-nous de vivre dans un monde
où les événements se déroulent selon ton dessein de paix,
et où ton Église connaisse la joie de te servir
dans la sérénité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.