12 novembre 2024
Serviteurs
Aujourd’hui, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., nous dit que, même si les notions de hiérarchie et de servitude sont bien différemment perçues de nos jours, Jésus continue de nous enseigner que le cœur des enfants de Dieu est rempli de service, de gratitude, d’honneur et d’obéissance.
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TITE (2, 1-8.11-14)
Bien-aimé, dis ce qui est conforme à l’enseignement de la saine doctrine. Que les hommes âgés soient sobres, dignes de respect, pondérés, et solides dans la foi, la charité et la persévérance. De même, que les femmes âgées mènent une vie sainte, ne soient pas médisantes ni esclaves de la boisson, et qu’elles soient de bon conseil, pour apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être raisonnables et pures, bonnes maîtresses de maison, aimables, soumises à leur mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas exposée au blasphème. Les jeunes aussi, exhorte-les à être raisonnables en toutes choses.
Toi-même, sois un modèle par ta façon de bien agir, par un enseignement sans défaut et digne de respect, par la solidité inattaquable de ta parole, pour la plus grande confusion de l’adversaire, qui ne trouvera aucune critique à faire sur nous.
Car la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (17, 7-10)
En ce temps-là, Jésus disait : « Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
« De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” »
Homélie
À l’époque de Jésus, un serviteur n’avait aucun droit important. Un serviteur devait faire ce qui plaisait à son maître, indépendamment des remerciements ou des louanges. Un serviteur n’avait pas le droit d’attendre une approbation ou des éloges. Lorsqu’un serviteur travaillait dur et accomplissait une longue liste de demandes, on ne s’attendait pas à des éloges ; ce serviteur n’a fait que ce qu’on attendait. Jésus est Seigneur, Maître et Sauveur. Il nous a appelés à le suivre et à le servir. Bien sûr, l’incroyable bénédiction est que lorsque nous venons à lui comme serviteur, il nous accueille comme une sœur ou un frère et un ami et, à la fin de cette vie, nous dira « Venez, … héritez du Royaume préparé pour toi de la création du monde. »
À l’époque moderne, nous sommes peut-être devenus trop sensibles au concept de hiérarchie en réponse à notre ferme conviction que tous les citoyens sont égaux. Cependant, nous éprouvons toujours un besoin fondamental d’autorité et, par conséquent, d’une structure hiérarchique. Dans cet Évangile, Jésus fait référence à une hiérarchie sociale qui, à notre avis, semble oppressante, mais il se concentre clairement sur la prise de conscience sobre de notre propre statut de personnes soumises à l’autorité. Nous ne rencontrons aucune difficulté à nous considérer comme des serviteurs du Tout-Puissant, mais comment reconnaître et soutenir le besoin d’autorité dans notre société moderne ?
De nos jours, être poussé à rechercher une promotion professionnelle est considéré comme une ambition saine. La mentalité du temps de Jésus était différente. L’ascension sociale n’était pas courante. La bonté signifiait, pour l’essentiel, être satisfait de sa situation dans la vie et bien accomplir son travail. De nos jours, une saine ambition est encouragée à juste titre, mais le désir d’effectuer le travail à accomplir au mieux de nos capacités devrait également être encouragé.
Jésus se présente comme un serviteur, celui qui est venu pour servir et non pour être servi : il le dit clairement. Ainsi, le Seigneur montre aux Apôtres le chemin de ceux qui ont reçu la foi, cette foi qui fait des miracles. Oui, cette foi fera des merveilles sur le chemin du service.
Loin de nous demander d’agir comme des « esclaves sans valeur », Jésus veut nous libérer de l’orgueil qui asservit. Les vertus de service, de gratitude, d’honneur et d’obéissance ne sont peut-être pas populaires aujourd’hui, mais elles reflètent pour toujours le cœur d’un enfant de Dieu. Jésus a embrassé toutes ces vertus et les attitudes d’humilité qu’elles exigent. Mon premier devoir dans la vie est de servir et d’obéir à Dieu. Mon devoir de gratitude ne peut jamais être épuisé, car il me fait tant de dons — vie, foi, famille, etc. — et il me conduit à un amour qui est don de soi plutôt que d’exiger mes droits devant Dieu et les autres.
Certes, dans la vie « il faut vraiment lutter contre les tentations qui cherchent à nous éloigner » de cette disposition, comme celle de la paresse, qui « mène à la commodité » et nous pousse à rendre un « service incomplet » ; et la tentation de « prendre le contrôle de la situation », qui « conduit à l’arrogance, à l’orgueil, à maltraiter les gens, à se sentir important « parce que je suis chrétien, j’ai le salut ». Le Seigneur nous donne ces deux grandes grâces : l’humilité dans le service, pour que nous puissions dire : « nous sommes des serviteurs indignes ».
Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.
PRIÈRE
Réveille en ton Église, Seigneur,
l’Esprit dont fut rempli saint Josaphat,
vrai berger qui donna sa vie pour ses brebis ;
permets qu’avec l’appui de sa prière,
et fortifiés par le même Esprit,
nous n’ayons pas peur de donner notre vie pour nos frères.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.