11 novembre 2024
Ne soyez pas scandales...
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous rappelle que, même si des scandales sont inévitables, nous devons faire de notre mieux pour ne pas ternir la crédibilité de nos communautés, mais aussi que nous pouvons nous raccrocher à l’espoir et à l’exemple de la majorité bienveillante qui les créent et les maintiennent.
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TITE (1, 1-9)
Paul, serviteur de Dieu, apôtre de Jésus Christ au service de la foi de ceux que Dieu a choisis et de la pleine connaissance de la vérité qui est en accord avec la piété. Nous avons l’espérance de la vie éternelle, promise depuis toujours par Dieu qui ne ment pas. Aux temps fixés, il a manifesté sa parole dans la proclamation de l’Évangile qui m’a été confiée par ordre de Dieu notre Sauveur. Je m’adresse à toi, Tite, mon véritable enfant selon la foi qui nous est commune : à toi, la grâce et la paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Sauveur.
Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour que tu finisses de tout organiser et que, dans chaque ville, tu établisses des Anciens comme je te l’ai commandé moi-même. L’Ancien doit être quelqu’un qui soit sans reproche, époux d’une seule femme, ayant des enfants qui soient croyants et ne soient pas accusés d’inconduite ou indisciplinés. Il faut en effet que le responsable de communauté soit sans reproche, puisqu’il est l’intendant de Dieu ; il ne doit être ni arrogant, ni coléreux, ni buveur, ni brutal, ni avide de profits malhonnêtes ; mais il doit être accueillant, ami du bien, raisonnable, juste, saint, maître de lui. Il doit être attaché à la parole digne de foi, celle qui est conforme à la doctrine, pour être capable d’exhorter en donnant un enseignement solide, et aussi de réfuter les opposants.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (17, 1-6)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà.
« Prenez garde à vous-mêmes ! Si ton frère a commis un péché, fais-lui de vifs reproches, et, s’il se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet un péché contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : “Je me repens”, tu lui pardonneras. »
Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi. »
Homélie
Personne n’est surpris quand on entend Jésus affirmer que les scandales sont inévitables. Dans toute société et même dans toute collectivité, on rencontre en effet des scandales, c’est-à-dire des actes posés par des individus ou des groupes qui provoquent la réprobation sociale et même l’indignation. Car ces gestes scandaleux et honteux sont porteurs de mépris à l’endroit des personnes et des institutions qui en sont les victimes. Nous l’observons bien dans les cas des abus sexuels. Nous l’observons aussi dans les cas de corruption politique où des chefs d’État se laissent acheter par de puissants lobbys financiers. Retenons aussi les cas de malversations économiques qui sont objets de réprobation. Bref, quand on nous présente des portions de l’histoire de diverses sociétés historiques, nous devons bien reconnaître qu’elles sont parsemées de scandales de différentes natures.
Jésus, lui, a observé avec grande lucidité sa société. En effet, il existe de nombreux passages de l’Évangile où nous le voyons s’en prendre aux comportements des riches de la Galilée et de la Judée qui profitaient des petites gens ! Les grands propriétaires terriens étaient particulièrement visés dans ce cas-ci. Sur le plan religieux, Jésus s’en est pris aux autorités religieuses et aux pharisiens. Car, sous prétexte de pureté religieuse, plusieurs membres de ces corporations interprétaient la Loi de manière à défendre égoïstement leurs intérêts personnels, et ce, au mépris de l’amour de Dieu, de la justice et du respect à accorder aux gens ordinaires. En agissant de la sorte, ils devenaient explicitement des obstacles sur la route qui devait conduire au Royaume de Dieu.
Nous devons cependant reconnaître ici que nos collectivités et sociétés ne sont pas d’abord tissées avec des séries d’actes scandaleux. Elles sont avant tout construites par une majorité de citoyens et citoyennes qui sont admirables par leur engagement en faveur du bien commun, par des hommes et des femmes qui déploient beaucoup d’énergie pour soutenir les membres de leurs familles ainsi que les gens qui souffrent dans leur entourage. C’est cette majorité qui rend nos sociétés habitables et rend possible l’espoir d’un monde qui peut s’améliorer.
Jésus, face aux personnes responsables de scandales qui font trébucher les croyants et croyantes, a une parole dure : « Malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule et qu’on le précipite à la mer… » Nous touchons ici au drame de la condition humaine et à la profondeur de la malice qui peut l’habiter. Le besoin d’une libération en profondeur est explicitement identifié. Et c’est la venue du Royaume de Dieu au cœur de notre monde déchiré qui peut lui apporter une guérison véritable.
Nous sommes donc, nous les chrétiens et chrétiennes, invités à nous attacher à la voie que Jésus a tracée pour nous. De la sorte, nous serons non seulement des témoins de la justice et de la vérité mais des promoteurs du respect de la dignité des personnes.
Que l’Esprit du Seigneur nous donne la force de ne pas nous laisser entraîner dans des scandales qui affecteraient la crédibilité de nos communautés chrétiennes ! Qu’il nous garde attachés à l’Évangile !
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as été glorifié par la vie et par la mort
du bienheureux évêque Martin ;
renouvelle en nos cœurs les merveilles de ta grâce,
pour que ni la mort ni la vie ne puissent nous séparer
de ton amour.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.