Homélie, samedi de la 31ème semaine du Temps ordinaire

La liturgie du jour présente la « Dédicace de la Basilique du Latran », l’église mère de Rome bâtie au IVe siècle. Ce temple physique représente symboliquement la rencontre avec Dieu et la mission universelle de l’Église, construite après la très longue période des persécutions des chrétiens. Voilà l’importance de cette fête, car c’est la première église déclarée cathédrale du pape, en tant qu’évêque de Rome, et symbole de l’unité des chrétiens. En raison de cela, la liturgie nous propose comme texte biblique le passage où Jésus réalise le geste prophétique de chasser les marchands du temple de Jérusalem et annonce sa résurrection au troisième jour.

Certains s’étonne de la façon dont Jésus réagit face à ces commerçants qui profitent de l’endroit de culte. Mais, selon moi, ce qui doit davantage nous étonner, c’est la prise de conscience que Jésus nous invite à avoir, celle du vrai culte que Dieu attend de nous comme croyants.

À l’époque, tout comme de nos jours avec nos églises, le temple de Jérusalem avait perdu toute sa signification et était devenu uniquement un endroit où les intérêts personnels de chacun géraient le lieu de rencontre avec Dieu. Malheureusement, au cours de l’histoire de l’Église, cette situation pénible s’est répétée à plusieurs reprises dans les bâtiments consacrés au culte de la communauté et pour la communauté.

L’invitation de Jésus est d’avoir en grande estime le Temple qu’est son propre Corps, bien plus que le bâtiment physique, et de le considérer comme le véritable lieu de rencontre avec Dieu. Après tout, c’est en Jésus Christ que nous trouvons la Parole qui émane de Dieu et le chemin pour aller à sa rencontre.

Le texte de l’évangile de saint Jean nous rappelle que le Corps du Christ, sa personne, est l’authentique sanctuaire qu’aucun tremblement, même celui de sa propre mort, ne peut détruire. En Jésus, habite Dieu, il est Dieu et, dans la présence du pain et du vin eucharistiques, sa présence devient nourriture pour les membres de son Corps, formé par tous les enfants de Dieu. Donc, c’est en Jésus Christ que toutes les personnes qui cherchent Dieu trouvent le meilleur sanctuaire où elles peuvent aller à n’importe quel moment de leur vie.

Aujourd’hui, le frère Peace Michael et moi sommes à St-Côme avec un groupe de jeunes du CéDum pour y vivre une fin de semaine de ressourcement autour du thème de l’Esprit-Saint. Oui, c’est un temps précieux de fraternité et de partage, mais c’est principalement un temps de prière, de contemplation et d’introspection, au milieu de la nature qui est en train de se mettre au repos et vivre au ralenti, pour découvrir justement que Jésus est le Temple de Dieu, notre unique Temple de Dieu, mais que nous aussi, grâce à l’Esprit Saint, nous sommes appelés à devenir des temples de Dieu, comme saint Paul le mentionne dans sa première lettre aux Corinthiens : « vous êtes un sanctuaire de Dieu, et l’Esprit de Dieu habite en vous » (cf 1Co 3, 16). Êtres habités dans nos cœurs par Dieu nous ouvre au dialogue continu et proche avec lui; de cette façon nous pouvons lui parler et l’écouter, pas nécessairement dans un temple en pierre mais plutôt un temple de chair, dans le cœur de chaque personne qui s’ouvre à l’amour du Christ.

Donc, célébrer cette dédicace de la Basilique du Latran nous ouvre à la possibilité de renouveler notre engagement envers le projet de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. Que l’Esprit Saint nous aide à devenir ce Corps du Christ ressuscité et à être des facilitateurs, à travers notre témoignage, de la rencontre avec Dieu pour tous nos frères et sœurs qui le cherchent.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu bâtis la demeure éternelle de ta gloire
avec des pierres vivantes et choisies ;
fais abonder dans ton Église cet esprit de grâce
que tu lui as donné :
que le peuple de tes fidèles ne cesse de grandir
pour que s’édifie la Jérusalem céleste.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.